Verts de Meyrin-CointrinPierre-Alain Tschudi

Conseiller administratif de la Ville de Meyrin

Verts de Meyrin-Cointrin

  • Discours d'accueil du 3ème "Meyrin Economic Forum", 26 mars 2015

    Mesdames, Messieurs,

    Au nom des autorités meyrinoises, de Madame Monique Boget, maire qui ne peut malheureusement pas être des nôtres ce matin, de Monsieur Jean-Marc Devaud ici présent et de moi-même, je suis heureux de vous accueillir dans cette salle fraîchement rénovée au coeur du quartier de Meyrin-Village. Le lieu est peut-être moins prestigieux que le Théâtre Forum où nous nous sommes rencontrés lors des deux Meyrin Economic Forum en 2013 et 2014, mais il est par contre idéalement situé à l'intersection entre deux lieux de vie qui nous tiennent à coeur et sur lesquels se porte toute notre attention, entre les quartiers industriels de la ZIMEYSAVER et les quartiers d'habitation de notre belle ville de Meyrin.

    La place de Meyrin-Village sur laquelle nous nous trouvons est un exemple très significatif de ce que nous appelons de nos voeux à Meyrin :
    Cette place qui était autrefois un sordide parking est aujourd'hui un espace public accueillant. De nombreuses manifestations culturelles s'y déroulent. Notre service de l'environnement y apporte chaque été un soin particulier en proposant un aménagement végétal éphémère de qualité remettant dans ce lieu très minéral de la nature, de la beauté et de la convivialité. Cette place est un lieu de mixité et de diversité où logements, commerces, PME , services, espaces culturel et cultuel se côtoient, cohabitent et interagissent, un modèle en quelque sorte pour nos futurs quartiers. Elle prouve qu'une densification accrue au coeur même du Meyrin historique n'est pas synonyme de perte de qualité, mais qu'au contraire, il est possible de densifier, de développer une mixité fonctionnelle tout en améliorant la qualité de vie et de ville, tout ceci à condition que l'on soit prêt à investir dans la requalification des espaces publics, d'offrir des vrais espaces de rencontres, de fêtes, de détente et de loisirs et bien sûr une accessibilité confortable. Aujourd'hui, la Place de Meyrin-Village est idéalement desservie par les transports publics et facilement accessible par des pistes cyclables. Elles est certes beaucoup moins confortable pour les déplacements en transport motorisé individuel. Elle contribue ainsi aussi à une prise de conscience récente à Genève que la qualité de vie dans certains quartiers passe par une diminution drastique de la circulation automobile.

    Enfin, cette place témoigne de l'attachement des Meyrinois à leur passé, à leur histoire et démontre que cela est tout à fait compatible avec une volonté affichée de se tourner résolument vers l'avenir en créant de nouveaux logements et également de l'activité économiques dans des quartiers de qualité.

    En 2013, lors du premier Meyrin Economic Forum, nous avions souligné trois mots clés pour qualifier les futurs espaces d'activités économiques que nous appelions de nos voeux, mixité, diversité et densité. Le microcosme de cette Place de Meyrin-Village, où nous nous réjouissons de pouvoir vous souhaiter la bienvenue , illustre bien à toute petite échelle ces trois qualités et m'a permis de vous rappeler l'engagement que nous avons pris pour créer et innover. En 2014, lors du 2ème Meyrin Economic Forum, nous avons réfléchi ensemble et pris des mesures pour mieux assurer la sécurité de nos entreprises sur le territoire communal. Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur des difficultés et des obstacles qui se sont accumulés ces derniers temps et dont nous chercherons à mesurer les conséquences, mais surtout, grâce à des contributions de qualité et j'en remercie par avance les contributeurs, nous allons réfléchir comment faire face et comment surmonter les différents obstacles qui se dressent sur notre parcours. Je ne m'exprimerai pas sur les thèmes de ce matin, d'autres sont beaucoup plus qualifiés que moi, et, comme je l'ai dit, nous sommes reconnaissants de pouvoir bénéficier de leur expertise. J'aimerais juste partager avec vous un état d'esprit, typiquement meyrinois qui ne vous est pas étranger. C'est un esprit entrepreneurial qui consiste à prendre la réalité en considération, mais à ne pas être frileux, qui ne nie pas les obstacles, mais se montre déterminés à les dépasser, qui ne se replie pas, mais va de l'avant avec courage et ténacité. Nous avons à quelques coups de pédales d'ici de nombreux exemples de cet esprit et de cet engagement qui apporteront à la Ville de Meyrin plus de mixité, de diversité, de densité et de qualité. Deux exemples : l'écoquartier des Vergers dont nous avons donné le premier coup de pioche le 21 septembre 2013, et le projet Meyrin-Caillat dont nous avons posé symboliquement la première pierre le 11 décembre dernier, deux projets qui créent à la fois de l'emploi et du logement.

    Surmonter les difficultés, dépasser les obstacles, trouver des solutions, affronter l'avenir avec un optimisme de la volonté ne se fait pas chacun dans son coin. Je vois fleurir ces jours des slogans électoraux qui quel que soit le bord se ressemblent beaucoup, notamment ceux du style : « ensemble, nous pouvons », « ensemble agissons ». Cela peut sembler très banal, puisque pour être élu on a effectivement besoin du soutien des autres. Mais l'on peut aussi les interpréter comme un message extrêmement honnête, un message qui dit en substance : « Même si vous m'élisez, je n'arriverai pas à faire grand chose, si nous ne nous mettons pas ensemble pour agir. ». C'est le message de la Ville de Meyrin. En renforçant au cours de la législature écoulée les liens, les rencontres, les contacts et les projets entre les entreprises et la Commune, en suscitant le dialogue et la recherche de solutions entre les différents acteurs économiques, Meyrin exprime sa conviction qu'il faut communiquer et dialoguer pour résoudre les problèmes, sa confiance qu'ensemble nous pouvons agir et son engagement à y apporter sa part.

    Permettez-moi pour conclure d'exprimer au nom des autorités communales notre reconnaissance à Madame Florence Noël, notre déléguée aux affaires économiques qui avec compétence, professionnalisme, mais aussi avec dynamisme et enthousiasme a su convaincre et entraîner tout le monde, le petit monde politique meyrinois d'abord, les milieux économiques, les instances cantonales et même fédérales, ainsi que les médias spécialisés à se rencontrer, à participer aux différents Forum économiques et à leurs retombées. Ces rencontres nous ont énormément appris aux uns et aux autres et nous ont également rendu fiers du formidable tissu économique qui se développe sur notre commune.

    Malheureusement, Madame Noël nous quitte pour rejoindre le Département présidentiel du Conseil d'Etat genevois, ce qui prouve que nous n'avons pas été les seuls à percevoir ses qualités et ses mérites. Bon joueur, nous la félicitons pour ce qui est indéniablement une promotion et une reconnaissance et nous nous engageons à faire perdurer et à développer ce que Madame Noël a su si bien initier. Pour ce faire, Mesdames, Messieurs, nous aurons besoin également de vos idées, de votre créativité, mais nous sommes confiants et déterminés, car : « ensemble, nous pouvons ».

    Florence, je te remercie aussi personnellement pour ton investissement exemplaire jusqu'à la dernière minute, puisque tu as encore mis sur pied la manifestation d'aujourd'hui, à quelques jours de ton départ. J'ai eu beaucoup de plaisir à collaborer avec toi. J'espère et je suis certain d'ailleurs que notre collaboration ne s'arrêtera pas complètement à la fin du mois, mais je ne le dis pas trop fort, François Longchamp pourrait nous entendre. Florence, mille fois merci.

  • Les polices collaboreront mieux, février 2015

    Article paru dans la Tribune de Genève le 26 février 2015 en page 2

    Comme le révèle le diagnostic local de sécurité réalisé en 2014, le taux de criminalité a globalement baissé. Toutefois, les statistiques ne suffisent pas à rassurer la population, surtout les personnes qui ont été un jour victimes d'un cambriolage ou d'un vol à la tire. Or, il est fondamental pour le bien-être de nos concitoyens que tous se sentent protégés et en sécurité. Cela fait partie de la qualité de vie à laquelle nous aspirons tous. Pour cela, il faut que la police soit visible et présente dans les quartiers, à l'écoute et au service de la population, qu'elle soit accessible et réponde rapidement aux sollicitations des habitants et enfin qu'elle poursuive les malfrats tout en se préoccupant également des victimes.

    A Meyrin, nous avons renforcé les effectifs de notre police municipale, créé un numéro d'appel gratuit, augmenté la présence des agents sur le domaine public, développé des campagnes de prévention et ainsi obtenu des résultats chiffrés positifs et surtout des témoignages de reconnaissance. Nous avons également signé un contrat de partenariat avec la police cantonale instaurant un échange régulier de renseignements et la mise en place d'actions communes pour répondre aux problèmes de sécurité identifiés sur notre territoire. Cette collaboration fonctionne aujourd'hui, mais doit encore être améliorée. Elle a surtout besoin de la base légale que lui donne la nouvelle loi sur la police. En restructurant la police cantonale en unités opérationnelles distinctes et dotées des forces nécessaires à l'accomplissement de leur mission, la nouvelle loi garantit un partenariat durable de la police cantonale avec les communes (Art. 11) et une réactivité plus grande en cas d'urgence (Art. 9). Ainsi les communes devraient-elles à terme pouvoir renoncer aux agences de sécurité privées. La sécurité publique doit pouvoir être assurée par l'État et non par des polices privées. La nouvelle loi rapproche la police de la population. Elle donne à la police une mission qui est de protéger et de servir la population, d'adopter en tout temps une attitude exemplaire et respectueuse et d'être à l'écoute (Art. 1). En cohérence avec cette mission, la loi instaure un numéro de matricule visible sur l'uniforme (Art. 46). Cela permettra, en cas de doute, à chacun de vérifier plus facilement s'il est en présence d'un vrai policier.

    En conclusion, pour les magistrats communaux en charge de la sécurité l'adoption de la nouvelle loi sur la police, le 8 mars prochain, est très importante. Son rejet affaiblirait la collaboration entre la Police cantonale et les polices municipales et tous les efforts entrepris pour améliorer la sécurité.

    par Pierre-Alain Tschudi, Conseiller administratif à Meyrin, Les Verts

  • Meyrin s’engage pour le tournant énergétique, décembre 2014

    Editorial de la brochure Visages d'une ville durable, page 4


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  • Allocution à l'occasion de la pose de la première pierre du futur quartier Meyrin-Caillat, 11 décembre 2014

    Mesdames, Messieurs,

     

    Au nom du Conseil administratif de la ville de Meyrin, je remercie CGI Immobilier d'avoir associé la commune de Meyrin à cette cérémonie. C'est pour nous, ville de Meyrin, l'occasion d'exprimer notre plaisir de voir ce projet Meyrin-Caillat, novateur sur plusieurs plans, se réaliser et de remercier ceux qui en sont le moteur, le promoteur et les protagonistes.

    Il y a quatre ans et un mois, le 16 novembre 2010, le Conseil municipal préavisait favorablement à une écrasante majorité le plan localisé de quartier tout en exprimant un certain nombre d'attentes en termes d'aménagement des espaces privés et publics partagés, c'est-à-dire accessibles à tous, ainsi qu'en termes de haute performance énergétique. A ce stade du projet, il nous semble que Meyrin- Caillat répond parfaitement aux attentes communales.

    Je voudrais souligner ce qui m'apparaît comme audacieux et novateur dans le projet Meyrin-Caillat.

    Tout d'abord, l'idée même de venir implanter des logements et des locaux commerciaux à cet endroit exprime un certain courage et la capacité de se projeter dans l'avenir. Rien qu'à ce titre, votre projet est déjà novateur. En effet, avouons-le, le lieu n'avait rien de très attrayant, situé au bord d'une route du Nant-d'Avril surchargée par le transit des pendulaires et des camions se rendant ou quittant les zones industrielles, à proximité d'usines souvent plantées sans grand soin, sans commerces et infrastructures à proximité directe. Quelle idée de venir créer du logement et des activités tertiaires pratiquement dans une zone industrielle ? Pour croire tout de même à ce projet, vous avez perçu trois choses importantes, vous avez vu "l'essentiel souvent invisible pour les yeux":

     

    1. Vous avez compris qu'il fallait arrêter de séparer, d'isoler, de zoner, mais qu'il fallait aujourd'hui diversifier, rapprocher, relier, c'est-à-dire créer une véritable mixité fonctionnelle, rapprocher le lieu de travail de l'habitat, créer des transitions possibles et souhaitables entre un quartier de villas et un quartier industriel, penser les coutures et ainsi contribuer à améliorer la qualité de vie de celles et ceux qui travaillent et de celles et ceux qui dorment dans ce coin de Meyrin, sachant que les uns et les autres ont un point commun, c'est qu'ils vivent une grande partie du temps dans ce quartier. Votre projet a été pensé selon cette vision innovante des futurs quartiers du XXIème siècle. Une vision que partagent les autorités meyrinoises en développant des projets tel celui de l'écoquartier des Vergers qui prône également la diversité et les mixités, mixité sociale, mixité générationnelle, mixité culturelle et finalement mixité fonctionnelle.

    2. Ensuite, vous avez perçu que l'environnement dans lequel vous inscriviez votre projet allait changer, évoluer, se bonifier. Je n'utilise pas le terme des «professionnels de la profession» qui parlent de quartiers supposés «muter». Ce verbe renvoit plutôt à l'imaginaire des films d'horreur. Or, le développement que nous souhaitons et planifions pour ce quartier, dans le cadre du Grand Projet Zimeysaver, est tout sauf un film d'horreur, puisqu'il vise à transformer une zone industrielle en un écoparc attractif, qui fasse de ce quartier non seulement un lieu de travail, mais aussi un lieu de vie avec des espaces publics de qualité, des infrastructures de restauration et de détente, ainsi qu'une accessibilité améliorée grâce à une bonne desserte en transports publics, en cheminements de mobilité douce, aussi bien pédestres que cyclistes. Vous avez vu que Meyrin-Caillat était à 5 minutes à pied d'une gare, à dix minutes à pied d'un arrêt de tram, à 5 minutes à bicyclette de la place centrale de Meyrin-Village et à 8 minutes, toujours à bicyclette, du centre commercial et de la mairie de Meyrin, véritable cœur de la Cité. En cédant une partie de votre terrain au domaine public, vous contribuez à rendre possible un aménagement paysager de qualité sur la route du Nant-d'Avril par la création prévue d'une noue paysagère et d'une nouvelle piste cyclable bi-directionnelle. La Commune a déjà réalisé au cours de cette année, la liaison cyclable qui relie vos immeubles au Village et à la Cité de Meyrin, il reste à faire le tronçon cyclable sécurisé jusqu'à la gare de la Zimeysa, qui est également dans le « pipeline ». Il ne vous a pas échappé non plus que la majorité des entreprises prestigieuses qui se sont installées récemment ou s'installent actuellement à proximité de Meyrin-Caillat participent également, à travers leurs projets de qualité, à cette bonification du quartier.

    3. Enfin, vous avez vu, et j'en suis fier et vous en remercie, que Meyrin était une commune vivante, dynamique et accueillante, qui possède, de par sa vie culturelle, sportive, associative et sociale, une véritable force d'attraction, une attractivité qui échappe malheureusement à celui qui traverse la commune en coup de vent.

    Pour ces trois raisons essentielles, qui aujourd'hui ne sautent pas aux yeux de tous, mais qui démontrent votre capacité et votre volonté de vous projeter dans l'avenir et de contribuer à construire les quartiers de demain, la ville de Meyrin vous est reconnaissante et se réjouit de voir pousser vos immeubles.

    Vous vous êtes également imprégnés de l'esprit de Meyrin en optant pour une haute performance énergétique combinant notamment géothermie et panneaux solaires ainsi que pour des passages et une ouverture au public de vos espaces extérieurs, qui est une caractéristique de la Cité et du vivre ensemble à Meyrin.

    Enfin, la charte éthique que vous avez signée avec l'Etat, qui définit des critères d'attribution pour la vente d'appartements est une démarche innovante de plus. Les critères que vous y retenez ont également guidé les ventes d'appartements aux Vergers.

     

    Pour rendre mes propos élogieux plus crédibles, je vais, pour terminer, me permettre une légère critique ou plutôt une interrogation. Je ne suis pas certain que vous réussissiez à louer ou à vendre vos 131 places de parking aux futurs occupants de vos immeubles. En revanche, vous trouverez sans aucun doute parmi les entreprises avoisinantes des clients intéressés, ce qui fait que non seulement vous n'avez pas trop de souci à vous faire pour la commercialisation de vos parkings, mais en plus vous contribuerez à développer un autre projet innovant de la Zimeysaver qui consiste à mutualiser des parkings.

     

    Pour toutes ces innovations que je n'ai pu que survoler et pour toutes celles qui m'ont certainement échappé, un grand bravo et un grand merci à tous.

     

    Pierre-Alain Tschudi, 11 décembre 2014

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Discours à l'occasion de la remise du label " Cité de l'Énergie Gold", 13 novembre 2014

     

    Mesdames, Messieurs, chers amis,

     

    Un peu comme à la cérémonie des Oscars ou des Césars, il m'appartient, en ma qualité de conseiller administratif en charge de l'énergie, de vous adresser quelques mots. Je le fais au nom du Conseil administratif, de mes deux collègues, Madame Monique Boget, maire, et Monsieur Jean-Marc Devaud, mais je m'exprime également au nom de l'ensemble de la collectivité meyrinoise qui a contribué à ce que ce soir cette prestigieuse distinction nous soit remise.

     

    Pour nos invités, venus d'ailleurs, permettez-moi tout d'abord de faire brièvement les présentations.

    Vous vous trouvez ici au coeur de la commune de Meyrin, un village devenu ville il y a une cinquantaine d'années grâce à la construction de la première cité-satellite de Suisse. A l'époque, les préoccupations environnementales et énergétiques n'étaient pas très présentes, l'efficience énergétique n'était pas vraiment une préoccupation, la mobilité n'était pas perçue comme problème, Ce n'est que suite au premier rapport du Club de Rome en 1972, le choc pétrolier de 1973, et l'essor du mouvement antinucléaire à Genève que les questions énergétiques ont commencé à occuper l'opinion public. Et la Ville de Meyrin s'est également engagée en soutenant les procédures judiciaires contre le surgénérateur au plutonium de Crey Malville. Témoin de cette prise de conscience de la population genevoise, l'adoption de l'initiative populaire : « L'énergie-notre affaire » en 1986. Cette initiative démontre que les Genevois ont alors compris qu'il ne suffisait pas de s'opposer à l'énergie atomique, mais qu'il fallait trouver des alternatives qui ne péjorent pas notre environnement et notre santé. L'initiative ne se contentait pas d'interdire l'installation de centrales nucléaires ou de dépôts de déchets nucléaires sur le territoire genevois ou dans le voisinage, mais s'en prenait également au gaspillage d'énergie et exigeait « le développement prioritaire des sources d’énergies renouvelables et le respect de l’environnement ». L'adoption de l'initiative « l'énergie notre affaire » sera suivie de la loi sur l'énergie et de règlements d'application qui inciteront les communes à devenir proactives. Une année plus tard, en 1987, c'est la Commission mondiale sur l'environnement et le développement des Nations Unies qui, dans un rapport intitulé «  Notre avenir à tous », mais plus connu sous le nom de rapport Brundlandt, appelait à un développement durable, le définissant de la façon suivante :«Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leur propres besoins». A la suite de ce rapport, fut organisé le premier sommet de la Terre à Rio en 1992 appelant les Etats, mais aussi les collectivités locales à élaborer un agenda d'actions concrètes pour le 21ème siècle permettant ainsi de concrétiser le développement durable. L'élaboration de ces agenda 21 devait non seulement s'appuyer sur les gouvernements, mais impliquait également un engagement des citoyennes et citoyens. Ce que l'on observe aujourd'hui c'est que les Etats, leurs gouvernements et leurs parlements, peinent à prendre les mesures nécessaires, que chaque sommet mondial, que ce soit à Johannesburg, à Copenhague ou à nouveau à Rio il y a deux ans, produit des déclarations qui suscite l'espoir et au final des résultats affligeants et décourageants. Heureusement, au niveau des Villes et des Communes, des engagements concrets ont été pris au fil de ces dernières années. Il est rassurant que les communes agissent sans attendre que les Etats prennent les dispositions législatives nécessaires, mais il est aussi important que les citoyens, les communes interpellent leurs Etats pour qu'eux aussi agissent enfin, la prochaine échéance étant la conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se tiendra à Paris dans une année exactement.

     

    Parmi les communes qui se sont impliquées, qui ont pris des initiatives sans attendre d'y être contraint, il y a la Ville de Meyrin. Dès les premières discussions sur l'arrivée d'un tram à Meyrin, dans les années 90, Monsieur José Collados, qui était à l'époque le responsable énergie de la commune, milite en faveur d'un chauffage à distance. Il y étudie alors avec le ScanE et les SIG plusieurs variantes. Si aujourd'hui près de la moitié des habitants de Meyrin sont raccordés à un réseau de chauffage à distance dont une partie de la chaleur provient du rejet thermique de l'usine d'incinération des Cheneviers, c'est en grande partie grâce à lui. Monsieur José Collados fut un précurseur dans de nombreux domaines. Ainsi l'installation solaire photovoltaïque du Centre de Voirie et Horticole fut, lors de son installation en 2001- 2002, la plus grande du Canton. A l'époque, j'étais conseiller municipal et je me souviens de sa patience à m'expliquer les différentes mesures d'optimisation dans plusieurs chaufferies de nos bâtiments communaux qu'il mettait en place. Passionné des questions énergétiques, il était également convaincu de l'importance de sensibiliser les jeunes générations initiant entre autres les opérations OGURE PEDAGO dans les écoles, qui sont à l'origine des actions Robin des Watts actuelles. Dans le même ordre d'idée, une installation solaire thermique a pu être réalisée sur le toit de la piscine en auto-construction avec des élèves du CO Golette. Cette installation est aujourd'hui toujours en fonction. Toutes ces actions ont permis à Meyrin d'obtenir en 2002 le label Cité de l'énergie, une distinction récompensant les communes qui réalisent concrètement une politique communale durable en matière d'énergie, de trafic et d'environnement. Au nom de nous tous, j'aimerais exprimer notre profonde reconnaissance à José Collados. Un grand merci également à Monsieur Jean-Claude Ducrot, alors conseiller administratif en charge de l'énergie qui a souhaité en 2001 que Meyrin adhère à l'association « Cité de l'énergie » du programme fédéral SuisseEnergie, ce qui a permis à Meyrin de se soumettre à l'audit permettant d'obtenir le fameux label. Et un merci également à Madame Marie-Madeleine Prongué qui assistait fidèlement Messieurs Collados et Ducrot.

    Il est sans doute très probable que Meyrin eût obtenu le label Gold beaucoup plus vite, si malheureusement dès 2004, des questions de santé n'avaient pas brutalement freiné l'engagement de José Collados. Depuis, il se bat avec toute son énergie disponible et beaucoup de courage contre la maladie. La semaine dernière quelques anciens collègues et amis ont été lui remettre un exemplaire du diplôme «  Cité de l'énergie GOLD » lui témoignant ainsi toute la reconnaissance de la commune.

     

    Pendant plusieurs années, due à l'absence d'un responsable énergie communal, Meyrin a peu progressé dans sa politique énergétique. A un moment, elle a failli même perdre son label. Il faut dire aussi que depuis fin 2008, SuisseEnergie a préconisé pour toutes les Communes engagées dans le processus Cité de l'énergie des objectifs plus ambitieux, notamment en matière de réduction de CO2. L'engagement d'un nouveau responsable, Monsieur Olivier Balsiger, que vous aurez l'occasion de mieux connaître lors de la table ronde qui suivra cette cérémonie, ainsi que la décision du Conseil municipal d'établir et d'adopter un Plan directeur communal de l'Energie et de se fixer des objectifs ambitieux, ont donné un nouvel élan à la politique énergétique communale. Dans ce plan directeur communal, la Commune s'engage à réduire jusqu'en 2020 d'au moins 20% ses emissions de CO 2, d'augmenter de 20% son efficacité énergétique et de s'approvisionner à hauteur d'au moins 20 % en ressources énergétiques renouvelables locales pour le chauffage et l'eau chaude de ses bâtiments et installations. Cet engagement implique toutes sortes de mesures, notamment d'énormes efforts en matière de rénovation des bâtiments communaux. Lorsque l'on s'engage dans une course, ce sont toujours les derniers mètres qui sont le plus difficiles, en tous cas pour des personnes peu entraînées comme moi. Ainsi, la prochaine législature sera déterminante pour réussir à atteindre les objectifs du Plan directeur communal.

     

    La distinction que nous obtenons ce soir est donc non seulement une récompense, mais aussi une incitation à redoubler d'efforts.

     

    J'ai déjà remercié les pionniers, permettez-moi de remercier maintenant pour leur engagement et leur soutien toutes celles et ceux qui ont contribué à cette plus haute distinction :

     

    Je citerai en premier Monsieur Olivier Balsiger, qui avec compétence et enthousiasme, concrétise, au jour le jour, les objectifs politiques en matière d'énergie de la Commune de Meyrin, mais je citerai également l'ensemble des collaboratrices et collaborateurs qui sont de près ou de loin touchés par les différentes thématiques prises en compte dans le programme Cité de l'énergie. Tous les services communaux ont été et sont concernés, le Développement Social et Emploi, la Culture, les Aînés pour les différentes actions de sensibilisation, l'environnement et l'ensemble des services pour la collecte et le recyclage des déchets, le Sport, la Gérance et entretien des bâtiments, l'Urbanisme, travaux publics et énergie pour les questions énergétiques dans les bâtiments et équipements communaux actuels et futurs, l'Urbanisme et Travaux publics toujours pour le programme d'assainissement qui culminera dans la réalisation du Lac des Vernes, et encore l'ensemble des services pour la politique de mobilité externe et interne. A tous un très grand merci.

     

    Dans l'audit qui précède l'attribution du label Gold, nos évaluateurs analysent l'ensemble des mesures prises sur le territoire meyrinois et non seulement celles prises par l'administration communale. Ainsi nous devons également le label Gold à tous nos partenaires institutionnels qui sont engagés avec nous dans d'ambitieux projets tel que l'écoquartier des Vergers, le CAD- Meyrin ou le grand projet Zimeysaver. Je n'en citerai que trois, l'OCEN et le DALE, la FTI et les SIG.

     

    Notre gratitude s'adresse également a tous les habitants et entreprises de la Commune qui par différentes initiatives que nous présentons dans l'exposition « Visages d'une ville durable » ainsi que dans la brochure qui l'accompagne ont également contribué à l'obtention du Gold. En installant sur leurs immeubles des panneaux solaires, en réutilisant des rejets thermiques pour se chauffer, en optant pour des modes de mobilité douce, en adoptant toute une série d'écogestes qui sont décrits dans la brochure, ils et elles apportent la preuve que l'énergie est bien l'affaire de tous. Un grand merci à toutes et à tous.

     

    Le tout Meyrin a raison d'être fier ce soir, le tout Meyrin se doit également de mesurer notre responsabilité de poursuivre notre engagement. Au moment où nous recevons le European Energy award Gold, le « groupe d'expert intergouvernemental sur l'évolution du climat » , le GIEC, publie son cinquième rapport qui compile plus de 30'000 études réalisées par plus de 800 experts et relus et analysés par environ 1000 autres scientifiques. Ce rapport contient une très mauvaise et une bonne nouvelle, la très mauvaise c'est que le réchauffement du climat s'accélère avec des impacts graves et étendues sur la santé, la biodiversité, la sécurité alimentaire et la sécurité tout court et qu'aujourd'hui il n'est pas certain que nous réussissions à maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C. La bonne nouvelle c'est que nous avons encore les moyens de limiter le changement climatique. « Tout ce dont nous avons besoin, déclarait début novembre le vice-président du GIEC, c'est de la volonté de changer. » Pour garder le cap des 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 à 70 % entre 2010 et 2050. Cela implique, entre autres, de se détourner massivement des énergies fossiles, d'améliorer fortement l'efficacité énergétique, de limiter la déforestation et donc d'investir des centaines de milliards de dollars d'ici 2030. Les analyses du GIEC démontre également que le tournant énergétique ne devrait pas compromettre la croissance mondiale. A celles et ceux qui hésiteraient à investir dans des mesures qui s'attaquent aux causes du réchauffement climatique, le GIEC répond que plus nous attendrons pour agir, plus ce sera coûteux.

    Meyrin ne sauvera pas le monde, mais peut et doit, à son échelle, apporter sa contribution pour léguer aux générations futures une planète vivable. Il y a fort à parier que SwissEnergie élève à l'avenir encore ses exigences et que nous devions également nous montrer plus ambitieux dans nos objectifs. Mais nous avons un grand potentiel d'amélioration. Ainsi, notre commune dispose d'un ensoleillement idéal ( peut-être pas aujourd'hui) et d'un nombre considérable de toiture plate disponible, nous avons un programme important de rénovation de nos bâtiments communaux. Nous avons avec l'ensemble des partenaires des zones industriels, la volonté de créer des écoparcs développant fortement l'écologie industrielle. L'exposition et surtout la brochure regorge d'exemples et d'idées. Je vous invite donc à la lire.

     

    Mesdames, messieurs, chers amis, vous l'aurez compris,

    le Gold, n'est pas seulement une récompense, c'est aussi une responsabilité à poursuivre nos efforts, tous ensemble. Le Gold c'est comme au JO, tous les quatre nous sommes à nouveau mesurés, chronométrés et la médaille n'est pas gagné d'avance. Toutefois, je suis certain, que dans quatre ans, notre engagement sera à nouveau récompensé, car ce qui nous motive et nous stimule, ce ne sont pas les médailles, mais notre responsabilité de citoyenne et de citoyen.

     

    Merci de votre attention et de votre patience.

    Pierre-Alain Tschudi, le 13 novembre 2014

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Budget 2015 : Un budget équilibré et raisonnable, octobre 2014

    Cet article a été écrit avant le vote du budget. Le budget 2015 dont il est question ici est celui élaboré et présenté par le Conseil administratif en octobre 2014 et non celui voté en novembre 2014 par la majorité du Conseil municipal privant l'administration communale des ressources humaines nécessaires au bon fonctionnement de notre Commune.

     

     

    La commune de Meyrin, ville de plus de 22'000 habitants et 25'000 emplois, se doit de disposer d'un personnel en suffisance et de moyens adéquats pour accomplir ses tâches publiques. La Commune a également pour mission de préparer l'avenir, d'assurer à nos enfants et petits-enfants une qualité de vie et un environnement sains. Le budget que présente le Conseil administratif pour l'année 2015 est équilibrée et raisonnable. Certes, il augmente, notamment en raison de reports de charges du canton vers les communes, mais ces augmentations peuvent être compensées par des recettes fiscales supplémentaires sans qu'il faille élever l'impôt communal, le fameux centime additionnel.

     

    Le budget inclut également un certain nombre de nouveaux postes nécessaires pour que la Commune puisse poursuivre la mission que les Meyrinois lui ont confiée. Ces nouveaux postes sont notamment dus au fait que le nombre d'habitants augmente, que les tâches se complexifient et que certaines nouvelles compétences ont été attribuées aux communes, notamment en matière de sécurité. Il serait dès lors irresponsable de refuser ces nouveaux postes, tels que les partis populistes MCG et UDC menacent de le faire. Le vent de panique que certains cherchent à faire souffler sur Meyrin n'est en réalité qu'une tempête dans un verre d'eau. Contrairement au canton, Meyrin jouit d'une situation économique saine et maîtrisée.

    Les Verts soutiendront les nouveaux postes et accepteront le budget 2015, sauf s'il devait être amputé par la droite et les partis populistes. On ne joue pas ainsi avec l'avenir de la commune et les conditions de vie de ses habitants.

     

    Investissements : Préparer l'avenir avec confiance

    Le service financier de la Commune dispose désormais de compétences qui permettent de mieux prévoir et planifier les engagements financiers et les investissements, même s'il reste évidemment quelques incertitudes, comme l'évolution de la situation internationale ou les probables modifications législatives en matière de fiscalité. Ces plans ont conduit le Conseil administratif à étaler dans le temps certains investissements prévus. Les projets déjà étudiés à grands frais ou votés, tels que les infrastructures de l'écoquartier des Vergers (espaces publics, école, crèche, installation sportive), la crèche de Cité-Parc, la réhabilitation du Jardin alpin, le lac des Vernes, le nouveau Jardin Robinson, la modération du trafic dans les quartiers, la rénovation des bâtiments publics vieillissants pourront se faire comme prévu. Le moment est d'ailleurs favorable pour faire les emprunts nécessaires. Meyrin préserve ainsi une qualité de vie que ses habitants apprécient. Il serait dommage qu'à des fins électoralistes certains partis combattent ces projets importants pour la Commune. Les Verts de Meyrin-Cointrin soutiendront ces projets tout en restant attentifs à ce que l'on ne tombe pas dans la démesure. Il sera certainement nécessaire, dans une année ou deux, d'adapter l'impôt communal aux nouvelles charges. Sur les 8 communes genevoises de plus de 13'000 habitants, seule la Ville de Carouge à un impôt communal inférieur à celui de Meyrin, dû à la présence d'un contribuable très important. Toutes les autres communes comparables à Meyrin ont un impôt plus élevé pour accomplir leur mission. Dans le passé, Meyrin avait également un centime additionnel nettement plus haut sans que cela ne saigne les habitants. Rappelons que l'impôt dépend de la fortune et du revenu de chacun, contrairement par exemple au prix du repas des restaurants scolaires. Il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter outre mesure. La Commune cherche également à trouver des recettes supplémentaires, notamment en faisant de gros efforts pour accueillir de nouvelles entreprises. L'impôt communal restera toujours dans un cadre acceptable. Il est normal de payer sa contribution, d'accomplir ainsi son devoir, lorsque l'argent est dépensé pour venir en aide aux plus vulnérables de nos concitoyens, pour préserver notre patrimoine ou pour faire face à l'augmentation de notre population. En s'engageant ainsi pour l'avenir, Meyrin reste Meyrin, une ville ouverte et solidaire, et contribue ainsi à préserver ou créer des emplois.

     

    Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif, octobre 2014

     

     

     

  • Ma fiche politique et associative

    Ma fiche où s'affiche quelques faits marquants de mon parcours

    Ma vie est faite de voyages, de rencontres, d'échanges et d'apprentissages.

    11 juin 1951
    Naissance à Bâle en Suisse à quelques centaines de mètres de la France et de l'Allemagne qui venaient de signer, deux mois plus tôt le traité de Paris instituant la Commission européenne du charbon et de l'acier, prémisse de l'Union européenne.
    Novembre 1956
    Rencontre dans le train Bâle-Neuchâtel d'un groupe de réfugiés hongrois.
    Souvenir inoubliable.
    Juin 1964
    Après avoir vu l'exposition du WWF «  Wildtiere in Gefahr », organisation d'une kermesse pour les élèves de l'école primaire du quartier. Le prix le plus cher s'élève à 20cts. Somme remise au WWF: 455 francs, comme contribution à la sauvegarde des animaux menacés.
    Été 1968
    Participe à un camp du service civil international (SCI)dans les Cévennes. Rencontre avec des jeunes de toute l'Europe et des États-Unis, notamment des étudiants de Prague qui évoque avec enthousiasme le printemps de Prague.
    21 août 1968
    Participe à Bâle aux manifestations contre l'invasion des troupes du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie
    Juillet 1969
    Participation aux manifestations à Bâle contre le renchérissement des tarifs des transports publics. Récolte de signatures pour la gratuité des transports publics.
    Printemps 1972
    Organisateur d'un festival de cinéma underground à Mandelieu-la Napoule.
    11 septembre 1973
    Manifestation contre le Coup d'Etat du général Pinochet au Chili.
    Janvier 1974
    Création du comité Vinh Linh en soutien aux peuples du Vietnam, du Laos et du Cambodge et contre les violations des Accords de paix de Paris du 27 janvier 1973 par les États-Unis.
    Jusqu'au 25 avril 1974
    Président (de façade) de Associação Democrática dos Trabalhadores Portugueses de Bâle. En fait, il s'agissait de protéger les membres portugais de cette association de la police politique portugaise PIDE.
    1er avril au 14 juin 1975
    Occupation du terrain de la future centrale nucléaire de Kaiseraugst en vue d'empêcher sa construction. Kaiseraugst ne sera pas construit. C'est une victoire du mouvement antinucléaire de tout le Dreieckland (la région trinationale bâloise) qui créa un fort sentiment d'appartenance commune et contribua à empêcher jusqu'à aujourd'hui l'apparition de mouvements anti-frontaliers.
    Participation par la suite aux manifestations contre les centrales nucléaires de Gösgen et de Fessenheim qui représentent toujours une menace.
    Décembre 1980
    Départ pour trois mois en Argentine. Rencontres avec les Mères et Grands-Mères de la Place de Mai, ainsi que le prix Nobel de la Paix Adolfo Perez Esquivel et d'autres défenseurs des droits humains et opposants à la dictature militaire.
    29 juillet 1981
    Naissance de Nicolas Lautaro Tschudi à Bâle.
    20 octobre 1981
    Mariage avec Alejandra Spiropulo à Bâle.
    Décembre 1981
    Arrivée à Genève.
    27 mai 1982
    Co-Organisation de la première manifestation pour toutes les victimes de la disparition forcée en Amérique Latine devant les locaux de Aerolineas Argentinas. Ces manifestations auront lieu chaque dernier jeudi du mois jusqu'en 1992.
    1983
    Création du Comité Paix Genève.
    Octobre 1983
    Arrivée à Meyrin.
    8 – 15 février 1985
    Participation au FORUM DE DISCUSSIONS à Berlin-Ouest «  Frieden im Geteilten Europa – 40 Jahre nach Jalta » Séminaire dans l'appartement des dissidents est-allemands Gert et Ulrike Poppe à Berlin-Est.
    16 novembre 1985
    Co-Organisation d'une grande manifestation pacifiste à Genève lors de la rencontre entre Reagan et Gorbatchev. Rencontre et échanges avec les députés verts du Bundestag allemand Petra Kelly, Gert Bastian et Eva Quistorp.
    19 juin 1989
    Naissance de Paloma Hanna Tschudi à Meyrin.
    Octobre 1990
    Participation à Prague à la création de la Helsinki Citizens Assembly (Assemblée européenne des citoyens), décidé en juillet 1988. Entre juillet 88 et octobre 1990, l'histoire s'est accélérée. Vaclav Havel et Jiri Dienstbier qui devaient y assister comme membres fondateurs viendront y délivrer un message en leur qualité de Président et Ministre des Affaires étrangères de la République tchécoslovaque.
    Janvier 1991
    Adhésion au Parti écologiste genevois, devenu depuis, les Verts.
    Janvier 1991
    Co-organisation de grandes manifestations à Genève contre la guerre du Golfe dans le cadre du Comité pour la Paix.
    21 décembre 1991
    Co-organisation d'une grande soirée en solidarité avec toutes les victimes de la guerre civile en Yougoslavie à la salle du Faubourg.
    1er juin 1995
    Entrée au Conseil municipal de la commune de Meyrin au sein du groupe des Verts (à l'époque Parti écologiste meyrinois). Conseiller municipal jusqu'en 2008. Dans ce cadre, pendant plusieurs années, notamment Président de la commission « Ecole et Jeunesse » et délégué du Conseil municipal auprès du Centre de loisirs « Maison Vaudagne », de la radio associative « Meyrin FM » et de la rédaction du journal « Meyrin Ensemble ».
    Juillet 1995
    Voyage au Viet Nam, rencontre et échanges avec l'historien, psychologue, spécialiste de la littérature vietnamienne, Nguyen Khac Vien à Hanoi, décédé le 10 Mai 1997 (correspondant au 4e jour du 4e mois de l'année lunaire DINH SUU).
    Mars 1996
    Un débat est organisé sur le droit de vote des étrangers par le Parlement des Jeunes de Meyrin, à l'initiative de son Président de l'époque Antonio Hodgers.
    Avril 1996
    Dépôt de la première résolution communale avec Pierre Boccard (Radical), Michel Chevrolet (PDC), Gilbert Meillaz (PS) et Yann Perret-Gentil (AdG) demandant aux autorités cantonales de modifier la constitution de sorte que les communes puissent accorder le droit de vote et d’éligibilité aux étrangers vivant depuis plusieurs années en Suisse. Cette résolution est adoptée le 14 janvier 1997 par le Conseil municipal de Meyrin. D’autres communes genevoises suivront l’exemple meyrinois en adoptant des résolutions identiques.
    5-10 avril 1996
    Voyage à Tuzla en Bosnie-Herzégovine dans le cadre d'une délégation genevoise menée par Alain Vaissade, maire de Genève, dans le but d'encourager des partenariats entre Genève et Tuzla. Une dizaine de voyages et de rencontres suivront, dont un avec le Président du Parlement des Jeunes de Meyrin, Antonio Hodgers.
    Juin 1998
    Voyage avec des élèves genevois à Tuzla pour y repeindre les couloirs de la Masinska skola avec des élèves bosniaques de cette école.
    Octobre 1998
    Membre fondateur à Meyrin du cercle albanais-meyrinois pour faciliter l'intégration des nouveaux migrants kosovars et créer des liens avec les autres habitants de Meyrin.
    6 août 2000
    Participation à Hiroshima au Japon aux cérémonies émouvantes de commémoration de l'explosion de la bombe atomique le 6 août 1945.
    2005 – 2006
    Président du Conseil municipal de Meyrin.
    7 octobre 2001
    Participation à la création à Meyrin du Jardin des disparus en mémoire de toutes les victimes de la disparition forcée dans le monde.
    2005
    Création avec Pierre Boccard (ancien conseiller municipal radical), Jean-Bernard Busset (ancien conseiller municipal démocrate-chrétien), Gilbert Meillaz (ancien conseiller administratif socialiste) de VADE Meyrin Vivre-Agir-Décider-Ensemble à Meyrin en vue de la votation sur le droit de vote et d'éligibilité des étrangers au niveau communal.
    4 mars 2005
    Le droit de vote des étrangers est adopté au niveau communal.
    Juillet 2009
    Voyage au Kosovo en compagnie du premier président du cercle albanais-meyrinois, Hevzi Kryeziu, et de sa famille. Présentation du cercle albanais-meyrinois à la télévision du Kosovo.
    2009 -2011
    Président de l'Association « Espace Undertown »
    Mars 2010 – 2011
    Membre de l'Assemblée constituante du canton de Genève au sein du groupe Verts et Associatifs.
    17 avril 2011 -
    Conseiller administratif de la commune de Meyrin en charge des Aîné-e-s, de la Sécurité, de l'Urbanisme, des Travaux publics et de l'Énergie
    2012 – 2013
    Maire de Meyrin
    2011
    Participe activement à la création de l'association « Mémoires de Meyrin ».
    2011 -
    Président de la Fondation Nouveau Meyrin (FNM), fondation communale de droit public pour le logement.
    2011 -
    Membre de la Commission consultative de sécurité municipale (CCSM).
    2011 -
    Vice-Président de l'Association Caddie Service, service de livraison à domicile.
    2013 -
    Membre du comité directeur de l'Association Transfrontalière des Communes Riveraines de l'Aéroport International de Genève (ATCR-AIG)

    à suivre...

    Remerciements à toutes celles et ceux qui ont contribué à reconstituer ce parcours, notamment aux fonctionnaires zélés qui, jusqu'en 1989, ont compilé une partie des événements relatés dans cette auto-fiche.

  • Hommage au Jardin de l'Amitié des Champs-Fréchets, août 2014

     

    Une ode au Jardin de l’Amitié

     

    On s’y retrouve quand ça nous plaît.

    On apprend l’espagnol, l’anglais.

    On demande conseils à José.

    On y fait des projets osés.

     

    On y bricole en atelier.

    On fait un jass et boit l’café.

    On y cultive toute l’année

    Un légume au nom d’ « Amitié ».

     

    On y déjeune équilibré.

    On y pianote sur le clavier.

    On fait la fête dans le quartier

    À qui cette ode est-elle dédiée ?

    Qui fête ses cinq ans cette année ?

    Je souhaite bonheur, joie, santé

    Aux jardinières, aux jardiniers

    Du beau Jardin de l’Amitié.

    août 2013

     

     

    Ah les Champs-Fréchets

     

    Je m'baladais dans la grisaille

    le coeur serré comme en tenaille;

    une fontaine toute délabrée,

    des trous dans la chaussée.

    Ah les Champs-Fréchets

    Ah les Champs-Fréchets

    c'est vraiment plus ce que c'était.

    Et puis soudain de la lumière

    dans une arcade, une bande de nières

    m'ont invité à boire une bière.

    Ils m'ont offert leur amitié

    Leur arcade y était dédié

    Avec eux j'ai vite oublié,

    murs gris, grosse pluie, ennui

    et l'air glacial de la nuit.

    Vive le Jardin de l'Amitié,

    lieu de rencontres des Aînés

    qui redonne à tous de la chaleur

    et aux Champs-Fréchets sa fraîcheur.

    novembre 2013

     

     

    Jardin et Amitié sont des mots qui vont très bien ensemble

     

    Jardin et Amitié

    sont des mots qui vont très bien ensemble, très bien ensemble.

    Tous deux doivent être soignés, entretenus, bichonnés,

    Tous deux sont à la fois refuge, retraite, abri,

    et lieu d'accueil, d'ouverture et de générosité.

    Tous deux aiment l'intimité et ont besoin d'espace.

    À Champs-Fréchets, le Jardin est petit et cosy,

    mais l'Amitié y est débordante,

    d'où le souhait de trouver un lieu plus espacé.

    Pas facile de satisfaire cette demande.

    Nous semons certes quelques graines, esquissons des solutions,

    cherchons « Jardin plus grand » désespérément, locaux non sérieux s'abstenir.

    Mais comme dit le proverbe: Le semer et la moisson ont leur temps et leur saison.

    Il est malheureusement trop tôt pour faire germer l'espoir.

    Espérons que de beaux jours permettront de sortir du Jardin

    Meyrin est un jardin grand ouvert,

    printemps, été, automne, hiver,

    au grand soleil de l'amitié.

    avril 2014

     

     

    - Jardin d' l'amitié ? Pouvez-vous l'épeler ? J'ai besoin d'écrire.

    - Mais bien volontiers. Je vais vous l'épeler et vous le décrire.

     

    J comme Jeunes aînés aimant Jouer, Jogger, José et la Joie de vivre

    A comme Abri Anti-Abattement Animé par Alvarez (José)

    R comme Repaire de Retraités Refusant d'être traités et Re-traités de Ringards Ridés

    D comme Domaine Destiné à Des Défis Différents

    I comme Initiative Innovante et Intelligente

    N comme Noyau Nécessaire pour de Nombreux Néophytes de Noubas Notoires

     

    D comme Déjeuners Diététiques Dédiés au Dialogue et aux Débats Denses

    E comme Espace Extraordinaire d'Entraide et d'Expériences Enrichissantes

     

    L comme Lieu de Loisirs Licites et Libres

    A comme Atelier d'Apprentissage Avec Ambiance Assurée

    M comme Milieu Magnifique, Moteur de Moments Merveilleux

    I comme Inspiration Insufflant des Idées Importantes Interrompant l'Isolement

    T comme Terrain Trop Top, Transcendant et Terriblement Tentant pour Tête-à-Tête devant Tasses de Thé Tonifiant

    I comme Institution Insolite et Incroyable Intégrant l'Instruction de l'Informatique

    É comme Établissement Étroit pour Équipe Épanouie en Ébullition Évoluant dans un Élan d'Échanges et d'Écoute, Émettant Émerveillement, Émotion et Énergie.

     

    Pierre-Alain Tschudi

    - Comment ça s'écrit ?

    - Ah non, ça suffit !

     août 2014

  • Editorial: Le monde change, Meyrin avance, juin 2014

     

    Le monde actuelle est certes inquiétant et l'avenir semble incertain. La peur gagne du terrain. Les conflits en Ukraine et au Moyen Orient pourraient avoir des répercussions chez nous. Les changements climatiques ne sont plus une prévision du temps dans quelques années, mais déjà une réalité. Ils accentuent aujourd'hui déjà dangereusement les crises économiques, énergétiques, alimentaires, financières et politiques contraignant des populations entières à l'exil. Face à toutes ces nouvelles alarmantes, nombreux sont ceux qui sont tentés par la politique de l'autruche, du repli et de l'isolationnisme.

     

    À l'issue des élections européennes et après quelques votations en Suisse, ces nouvelles forces en Suisse et en Europe semblent aujourd'hui avoir le vent en poupe et se montrent de plus en plus arrogantes. En Suisse, leur discours consiste à prôner l'isolement, à tourner le dos à la coopération internationale, à nos relations avec l'Europe et faire croire qu'ainsi la tempête pourrait nous épargner. Il est souvent accompagné d'invectives vociférantes du genre «  Y en a marre », «  Halte à... » et « Il n'y a qu'à ...». Ce discours désigne évidemment des boucs émissaires responsables de nos malheurs. Qui donc sont-ils ? Les milliardaires ? Les multinationales ? Les banques ? Les détenteurs réels du pouvoir économique et financier ? Mais, pas du tout, ce sont les frontaliers, les réfugiés, les mendiants ! Bref, des gens comme vous et moi sans grand pouvoir. De tous temps, la petite Genève enclavée a vécu de ses échanges avec son arrière-pays, avec la France voisine et ses habitants. De tout temps, l'économie genevoise a bénéficié de l'apport précieux de réfugiés et d'immigrés. De tout temps, Genève a connu des mendiants. Au fil des siècles, ils n'ont fait que se déplacer des parvis des églises vers ceux des centres commerciaux. En revanche, ces messages répétés de fermeture mettent en péril nos relations et nos échanges avec nos voisins, l'Europe et le monde ce qui n'est pas sans conséquences sur l'avenir de nos entreprises et donc sur l'emploi. Il est sans doute plus facile de s'en prendre aux migrants, plutôt que de négocier de meilleures conditions de travail et salariales. Il est certainement plus facile aussi de pestiférer contre les frontaliers, plutôt que de mettre en place une vraie politique de mobilité pour l'avenir de Genève. Le fer de lance du MCG meyrinois annonce dans le Journal le Courrier du 24 mai que son parti « va exploser la baraque » à Meyrin. Il est peut-être plus facile d'exploser la baraque que de construire patiemment, mais avec détermination un nouveau quartier et une ville durable avec des espaces publics généreux et de qualité. Il est peut-être plus facile de semer un vent de panique depuis son chalet que de construire l'amitié et la solidarité entre tous le habitants de son immeuble. Mais les discours a agressifs et haineux ont toujours fini par entraîner tout le monde dans le désastre. L'histoire ne nous aurait-elle rien appris ?

     

    L'esprit de Meyrin

    Meyrin n'a pas besoin de gens qui sèment la discorde, mais de gens qui croient en l'avenir et s'engagent résolument. Meyrin a besoin de citoyennes et de citoyens solidaires qui ne sont pas paralysés par l'inquiétude de l'avenir ou guidés par le rejet de l'autre, mais qui sont convaincus que nous pouvons améliorer notre cadre de vie et déterminés à y contribuer avec toutes les femmes et les hommes de bonne volonté. Meyrin a besoin de collaborer avec les autres pour améliorer la situation de tous. Meyrin a besoin de personnes qui adoptent une attitude responsable, positive, courageuse, créative, constructive et coopérative. Ces personnes merveilleuses existent à Meyrin. Ce sont elles qui font Meyrin, qui incarnent l'esprit de Meyrin, à travers l'entraide entre voisines et voisins, le bénévolat associatif ou privé, ce sont elles qui font que, malgré les turbulences que traverse l'ensemble de la planète, il fasse tout de même bon vivre à Meyrin.

     

    Logement: Ce n'est pas en explosant la baraque qu'on construit des appartements

    Nous le vivons aujourd'hui au quotidien, des centaines de personnes travaillent avec acharnement à la construction du quartier des Vergers. Cet énorme projet nécessite une véritable collaboration, une volonté de dialogue et de dépasser les nombreux obstacles. Il s'agit d'une co-construction impliquant d'innombrables acteurs allant des propriétaires de terrain aux futurs habitants, de l'Etat de Genève avec son administration tentaculaire à la Commune de Meyrin avec sa petite équipe motivée de collaborateurs, du promoteur au maçon en passant par les architectes et les ingénieurs. Dans cette concertation obligatoire, les « Halte à.... » et les « Y a qu'à.... » n'ont pas leur place. On y avance résolument tout en gérant la complexité.

     

    Sécurité: Ce n'est pas en mettant de l'huile sur le feu qu'on éteind un incendie

    La sécurité s'améliore à Meyrin depuis deux ans. Cette amélioration est notamment due à la collaboration étroite entre une police municipale renforcée, la gendarmerie cantonale, les garde-frontières et la police des transports, mais aussi aux échanges avec la police française, aux rencontres avec les habitants, les régies, les concierges, les agents de sécurité privés et les entreprises. Ceci nécessite un engagement considérable de tous les agents de la Police municipale, une collaboration constructive et concertée et une présence régulière sur le terrain. Aide et solidarité à l'égard des victimes, détermination et engagement dans la poursuite des malfrats sont les lignes directrices qui fondent les actions de sécurité publique à Meyrin.

     

    Emploi: Ce n'est pas en fermant des portes qu'on arrive à s'en sortir

    Longtemps Meyrin s'est peu intéressée à ses entreprises et à ses zones indutrielles. C'est en passe de changer. Pour la deuxième année consécutive, la Commune a réuni, le 27 mai dernier, ses entreprises dans le cadre du « Meyrin Economic Forum » pour développer des synergies, trouver des solutions communes aux problèmes d'infrastructures, de mobilité, de sécurité, pour transformer ces zones peu accueillantes en écoparcs attractifs. En parallel, l'Antenne Objectif Emploi de la Commune de Meyrin s'emploie à tisser des liens avec ces entreprises et à faciliter la recherche d'emploi de nos concitoyens. Ces démarches ne sont certes pas spectaculaires, mais elles sont concrètes et réelles. Elles ne se font pas en mode déclamatoire, mais en mode action.

     

    Confiance et détermination

    Aujourd'hui, Meyrin s'engage, Meyrin avance, Meyrin a dépassé les blocages et peut construire l'avenir avec confiance. Certes, ceci demande aujourd'hui un investissement considérable en temps et en argent. Nous devons cet engagement à nos enfants et petits-enfants. C'est de leur avenir qu'il s'agit !

     

    Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif

     

  • Quelle place pour les vieux dans l'écoquartier ? 20 janvier 2014

    Séance du 20 janvier 2014 à la Ferme de la Golette consacrée à la présence des aîné-e-s dans le futur éco-quartier des Vergers

     

     Intervention de Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif en charge de l'urbanisme et de la politique des aîné-e-s

     

    L'éco-quartier prône le bien vivre pour tous, et en plus le bien vivre ensemble. Cela concerne toutes les classes d'âge, aussi les vieux.

    J'ai décidé de les appeler comme ça aujourd'hui et non pas de me servir d'euphémismes comme personnes âgées, aînés, séniors, troisième printemps etc. Je reviens d'Argentine où quand on parle de ses vieux on fond en larme tellement on les aime. Les appeler vieux n'a rien de péjoratif. Chez nous, si l'on a cherché désespérément des synonymes c'est que devenir vieux pose problème. Quand on parle des jeunes, on ne parle pas de benjamins, de cadets, de personnes récemment nées, de premier printemps, de juniors etc. S'il y a des maisons de jeunes, il pourrait y avoir tranquillement des maisons de vieux (je ne dis pas de revenir à asile de vieillards), mais pourquoi écarter le terme de vieux ? Pourquoi parler d'établissements médico-sociaux (EMS) ? C'est de toute évidence, parce que les vieux approchent de la fin de vie et que chez nous on a un vrai problème avec la mort. Donc on sépare les vieux du reste de la société pour qu'ils meurent loin des yeux et parfois loin du coeur dans des EMS, qu'on pourrait très bien appeler maison de fin de vie. D'ailleurs tous ceux qui y entrent savent que c'est la dernière station avant l'ultime départ, mais ils n'osent pas le dire à leurs proches de peur de les choquer. Pourtant c'est de cette réalité-là qu'ils ont souvent envie de parler.

    L'écoquartier pourra-t-il imaginer, créer autre chose, un quartier où les vieux pourraient « bien vivre » au coeur de la société et non à la marge, où il y aurait des maisons de quartier et non des maisons de jeunes d'un côté et des maisons de vieux de l'autre. Il ne faudrait pas non plus que ce soit des maisons de quartier qui dans les faits ne seraient que des maisons des jeunes. Je pense à une maison de quartier qui dans son programme et dans l'attention portée par ses animateurs tiendrait également compte des besoins des vieux, dont celui de se retrouver par moment entre personnes de la même génération.

    C'est de la place des vieux dans le futur écoquartier que nous allons parler cet après-midi. Et d'abord, il faut préciser qu'on ne naît et qu'on est pas vieux, mais qu'inéluctablement on le devient. Cela signifie aussi que lorsque l'on devient vieux on passe par différentes étapes de vie, ce qui n'est pas nouveau, puisque c'est la même chose en début de vie. Les jeunes de 6 mois, 6 ans, 12 ans ou 22 ans ne requièrent pas la même attention de la part de leurs proches. Par conséquent, il nous faudra différencier: il y aura toute sorte de vieux très différents dans l'écoquartier des Vergers. Et l'objectif, c'est bien que tous se sentent respectés, utiles, intégrés et à l'aise dans le quartier.

    L'idéal est par conséquent que des vieux totalement indépendants et parfaitement autonomes puissent s'y installer et y vivre le plus longtemps possible, même lorsqu'ils perdront une partie de leur autonomie (entre parenthèses, cela est également valable pour des non-vieux atteints de maladies dégénératives et/ou irréversibles, et il y en a malheureusement de plus en plus.).

    On peut très schématiquement prévoir trois étapes:

    • Une première étape où le vieux ne demande aucune attention particulière, mais où de par sa disponibilité il est utile à d'autres, soit en tant que proche aidant pour ses petits-enfants, soit entant qu'habitant engagé pour faire vivre le quartier, organiser et animer des activités, etc.
    • Une deuxième étape où le vieux requiert de la part de son entourage une attention particulière et de l'aide pour l'accomplissement de certaines tâches (le jour où Jean-Pierre n'arrive plus à vider les poubelles). Et c'est là qu'il devrait aussi pouvoir bénéficier de l'aide des autres, des proches aidants comme on dit, des colocataires ou co-habitants de la coopérative, mais aussi de l'aide des services institutionnels cantonaux et communaux en cas de besoin.
    • Et enfin une troisième étape ou ces dits services publics montent en puissance lorsque l'investissement des proches aidants se révèlent trop lourd pour qu'ils puissent assumer le soutien nécessaire seuls.

    A mes yeux, il est indispensable que le vieux n'ait pas à changer d'appartement ou de structure à chaque étape de sa vieillesse pour entrer dans la case prévue par les services sociaux.

    Il est une seule étape qui à mes yeux devrait inciter au changement d'appartement. C'est lorsque les enfants ont quitté l'appartement et que celui-ci devient trop grand pour une ou deux personnes. Mais pour inciter réellement les personnes à déménager, il faut encore qu'on leur propose quelque chose et que ce quelque chose soit attractif du point de vue financier, mais aussi du point de vue social et du point de vue de la qualité de vie.

    Aujourd'hui, nous aimerions partager sur les projets des uns et des autres et surtout, échafauder ensemble des synergies possibles, des collaborations futures qui permettent aux vieux du quartier de se sentir bien quelle que soit l'étape de leur vieillesse.

    Et en guise de mot de la fin de cette introduction, j'aimerais partager un rêve celui qu'on puisse célébrer au coeur du quartier avec les voisins de beaux enterrements. Et ce rêve, je l'ai parce que j'ai une affection toute particulière et un respect profond pour les vieux.

    Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif

     

     

     

     

     

     

  • Discours sur la politique de sécurité, 28 novembre 2013

    Lettre aux personnes présentes à la Commission des Aînés du jeudi 28 novembre 2013 à Forum Meyrin consacrée à la politique de sécurité

    Mesdames, Messieurs, chers amis,

    Malheureusement, je ne peux pas être parmi vous cet après-midi étant au cimetière de Saint Georges pour une cérémonie d’adieux d’un membre de ma famille, raison pour laquelle je m’adresse à vous par la bouche de Monsieur Marti que je remercie de bien vouloir lire ces quelques lignes.

    Je souhaiterais tout d’abord exprimer mon immense gratitude au caporal Gérard Fusco qui hier était également à Saint Georges pour y accompagner son papa dans sa dernière demeure et qui a tenu tout de même à être parmi vous aujourd’hui pour y présenter son exposé sur les mesures préventives qui peuvent être prises contre les tentatives de vol à la tire et de vol à l’astuce. Gérard Fusco attache une grande importance à la sécurité des aînés, souvent considérés comme une proie facile par les malfrats. Cet après-midi en votre compagnie lui tenait à cœur. Son engagement me touche beaucoup et je lui suis profondément reconnaissant d’être là.

    Je remercie également de leur présence et de leur appui les autres collaborateurs de la Police municipale dont David Marti, chef de la sécurité à la commune de Meyrin. Vous savez qu’en tout temps (ou presque) la Police municipale répond à vos questions et à vos inquiétudes. Votre présence annoncée nombreuse témoigne de votre intérêt et de vos préoccupations. Même si nous ne sommes pas des magiciens, même si nos moyens restent toujours insuffisants, la Police municipale de Meyrin fait tout ce qui est en son pouvoir et dans les limites des moyens que le Conseil municipal veut bien lui accorder pour améliorer la sécurité de nos concitoyens. Je regrette vivement de ne pouvoir être des vôtres aujourd’hui, même si je suis convaincu et que j’ai entière confiance que les représentants de notre Police municipale répondront à vos attentes. J’aurais aimé être là simplement pour faire un rapide bilan de ce que nous avons pu mettre en œuvre depuis que je suis en charge de la sécurité.

    En automne 2011, il y a deux ans, lors d’une séance de la commission des aînés à Forum, j’avais pris vis-à-vis de vous quelques engagements. A mi-législature, je vous dois des comptes. Je n’ai pas la prétention d’être exhaustif, mes collaborateurs compléteront. J’aimerais juste relever les cinq engagements principaux que j’avais pris lors de cette réunion de la Commission des Aînés:

    Premier engagement :

    • Renforcer le dialogue avec et entre tous les acteurs de la sécurité, renforcer le partenariat

    Depuis lors, nous avons signé des conventions de collaborations avec les polices municipales de Vernier et du Grand-Saconnex afin de pouvoir nous prêter mutuellement main forte, mais aussi pour pouvoir poursuivre des auteurs de délits au-delà des frontières communales.
    Enfin, j’ai signé un contrat de collaboration étroite et suivie avec Pierre Maudet, un contrat local de sécurité, qui contractualise la collaboration et les échanges d’information entre la police municipale et la gendarmerie cantonale.
    Nous avons aussi, grâce au précieux réseau dont dispose David Marti, réussi à renforcer nos échanges et partages d’information avec d’autres corps de police, même avec les polices de la France voisine. Nous continuons de collaborer étroitement avec l’ensemble des services de la commune, notamment avec le service des aînés. Cette collaboration, ces échanges permettent d’avoir une connaissance toujours plus précise des problématiques communales et ainsi d’améliorer les interventions de police.

    Deuxième engagement :

    • Accroître les effectifs de la Police municipale

    Depuis 2011, nous avons engagé six nouveaux agents et un agent a pris sa retraite. Cette augmentation importante nous a permis d’étendre les horaires en soirée à 22h et en été certains soirs jusqu’à minuit, mais surtout cela a renforcé la présence des agents sur le terrain, dans les quartiers. Pour le bon fonctionnement du service, je souhaiterais encore accroître de deux agents les effectifs de la Police municipale de Meyrin à la fin de l’année 2015, mais ne peut en aucun cas le promettre, car cela dépendra de la décision du Conseil municipal qui est actuellement peu enclin à augmenter les charges de la commune.

    Troisième engagement :

    • Être à l'écoute des préoccupations et des suggestions des habitants

    Depuis 2011, la Police municipale a rencontré à plusieurs reprises des associations de quartier ou d’immeubles, des concierges, des commerçants, des habitants. Plutôt que de répondre à un courrier par un autre courrier, nous avons privilégié les rencontres. J’ai moi-même participé en deux ans à des nombreuses réunions. J’ai du plaisir à participer à ces échanges et suis absolument disposé à répondre à de nouvelles sollicitations et je sais que les agents de la Police municipale y répondent également volontiers. D’ailleurs, il est désormais possible d’atteindre la police municipale facilement grâce au numéro gratuit 0800 1217 17

    Quatrième engagement :

    • Développer la formation continue

    Nous encourageons tous les collaborateurs de la Police municipale à suivre des formations continues qui augmentent les compétences des professionnels de la police municipale. Les nouvelles prérogatives attribuées aux polices municipales obligent désormais tous les agents de suivre une formation dite « formation passerelle ». J’ai demandé à ce que tout soit entrepris pour soutenir nos agents dans leurs efforts afin que tous réussissent cette formation qui devrait renforcer la motivation des agents à être encore plus au service de la population et donc par la même valoriser leur profession.

    Cinquième engagement :

    • Renforcer l'information sur les bonnes pratiques en matière de sécurité

    La campagne de prévention cambriolage mise en place cette année et qui va se poursuivre l’an prochain répond à cet engagement. Le but de cet après-midi relève également de cette volonté de partager des bonnes pratiques qui nous rendent moins vulnérables face aux malfrats.

    Je sais qu’en dépit de tous nos efforts, les problèmes perdurent et que nous avons affaire à des délinquants et des criminels de plus en plus déterminés. Je mesure les traumatismes et les souffrances qu’endurent les victimes. Ce que j’aimerais par contre que vous sachiez c’est que la Police municipale, son responsable, Monsieur David Marti, son chef de poste Monsieur Rosario Chieffo, l’ensemble de ses agents et moi-même faisons tout notre possible pour améliorer la sécurité et la paix sur notre commune, en mobilisant tous nos partenaires, notamment de la police cantonale, en renforçant notre présence sur le terrain, en menant des enquêtes de proximité en coordination avec la gendarmerie, et en démultipliant les rencontres telles que celle de cet après-midi.

    En vous priant encore une fois d’excuser mon absence, en remerciant toutes celles et ceux du service des aînés et du service de la Police Municipale qui ont contribué à organiser cette séance, je vous souhaite, Mesdames, Messieurs, chers amis, une excellente après-midi.

    Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif en charge de la sécurité

  • Discours à l'occasion du vernissage de l'exposition des projets lauréats des concours d'architecture des coopératives et de la Fondation Nouveau Meyrin, le 28 novembre 2013

    Un nouvel épisode de la saga meyrinoise

    Monsieur Le Président du Conseil municipal,
    Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux,
    Mesdames et Messieurs les lauréats des concours d'architecture,
    Mesdames et Messieurs les membres des jurys des concours d'architecture,
    Mesdames et Messieurs les bédéistes,
    Mesdames et Messieurs les collaborateurs des différents services de la commune,
    Mesdames et Messieurs les membres des coopératives et de la Fondation Nouveau Meyrin,
    Mesdames et Messieurs le futurs habitants de l'écoquartier des Vergers,
    Mesdames et Messieurs les proches de toutes les personnes précitées,
    .... et maintenant permettez-moi de résumer le tout: cher-e-s ami-e-s,

    C'est un moment festif et jouissif qui nous réunit ce soir, c'est la ville conviviale d' Ivan Illich qui est rassemblée, celle qui réunit les protagonistes qui ensemble construisent un nouveau bout de ville de Meyrin, qui écrivent un nouvel épisode de l'histoire meyrinoise. Ce fabuleux roman-feuilleton historique est aussi un roman d'aventure et d'amour. Rappelez-vous les premiers épisodes de cette saga meyrinoise: l'arrivée des farmers de l'Emmental et d'autres contrées helvétiques lointaines introduisant d'autres langues, d'autres mœurs, même d'autres religions dans le paysage meyrinois, le far west de la Suisse. Puis un demi siècle plus tard, en 1954, le débarquement, souvent aéroportés, de professeurs Tournesol de toute l'Europe et d'ailleurs, sympathiques, étranges, difficiles à comprendre, impossible à cerner. Et puis dix ans plus tard, la construction de la ville moderne, de la cité radieuse, offrant aux enfants espaces verts et terrains de jeux généreux à l'orée du bois et du Jura tandis que les parents participent à la course au bonheur des trente glorieuses, augmentant progressivement leur pouvoir d'achat et la taille de leurs voitures. Un certain nombre des occupants de la cité jardin pourtant aspirent déjà à la ville conviviale, revendiquent plus que de se loger confortablement, ils veulent habiter véritablement la ville et savent que pour ce faire, il faut se l'approprier, il faut s'y engager, il faut participer. Ils sont à l'origine du riche tissu associatif de notre ville, de notre diversité meyrinoise.

    Et voilà qu'aujourd'hui l'aventure continue avec son lot d'intrigues, de péripéties et de rebondissements. Et voilà que de nouveaux protagonistes interviennent et chamboulent un récit qui menaçait de s'enliser. Ces protagonistes, chers amis, c'est vous !

    Permettez-moi de dévoiler les bonnes feuilles du nouvel épisode à paraître de ce feuilleton meyrinois. Rassurez-vous, je me contenterai de quelques extraits non exhaustifs. D'abord, il y a eu des politiciens éclairés qui, bien que l'impôt communal ait été bien plus élevé qu'aujourd'hui, décidèrent d'acquérir des terrains. Ils méritent qu'on leur rende hommage. Sans leur vision d'avenir et leur générosité, nous ne serions pas là aujourd'hui, puisque que c'est grâce à eux que la commune possède 47% des droits à bâtir du futur écoquartier des Vergers. Ensuite, il y a eu les élus du Conseil municipal qui ont accepté que Meyrin s'agrandisse, accueille de nouveaux habitants et créé aussi des logements pour les gamins de Meyrin devenus grands, désireux de prendre leur envol, mais pas trop loin. Les élus ont toutefois souhaité que ce quartier soit un quartier exemplaire du point de vue social et environnemental, mais aussi du point de vue architectural, un quartier qui valorise la diversité et la mixité, mixité sociale, mais aussi mixité culturelle, générationnelle, et mixité fonctionnelle, un quartier donc parfaitement dissoluble dans l'identité meyrinoise. Exemplaire ne veut pas seulement dire excellent sous tous rapports, mais aussi qui puisse servir d'exemple à d'autres nouveaux quartiers dans le canton, ainsiqu'aux projets de réhabilitation du parc immobilier et des espaces publics meyrinois vieillissant.

    Pour ce faire, les autorités ont décidé trois mesures:

    1. Elles ont pris la main sur l'élaboration du Plan localisé de quartier, afin de pouvoir y inscrire un certain nombre de leurs ambitions.
    2. Elles ont décidé d'octroyer les droits à bâtir à des coopératives participatives et à la Fondation Nouveau Meyrin, afin de trouver des alliés, de nouveaux pionniers qui insufflent, à nouveau, dynamisme, inventivité, créativité, engagement dans la cité, conscients qu'un écoquartier sans engagement et participation des habitants ce n'est pas un écoquartier, c'est juste du greenwashing politique.
    3. Pour assurer une qualité architecturale, environnementale et sociale, elles ont posé quelques conditions aux bénéficiaires des droits de superficie, dont celui de faire un concours architectural. Et ce sont les lauréats de ces différents concours que nous découvrons ce soir.

    J'ai eu la chance et le plaisir d'assister aux expositions de plusieurs coopératives et de la Fondation Nouveau Meyrin qui m'ont permis de découvrir non seulement les lauréats, mais aussi les autres participants au concours, ainsi que plusieurs membres des différents jurys. Je dis wouah ! Que d'intelligence collective, que d'implication, de réflexion pour notre quartier en construction ! J'ai eu le sentiment que tout ce que la Suisse romande compte comme professionnels de la construction et tout ce que Genève rassemble comme force vive se sont penchés sur le berceau de notre bébé les Vergers. C'est juste génial ! Permettez- moi ici d'inscrire une page libertine dans notre roman. Notre bébé les Vergers a désormais tellement de géniteurs connus et inconnus qu'on imagine aisément tous ces moments d'échanges et de partages. Ils sont merveilleusement croqués par nos amis artistes bédéistes, je ne m'étends donc pas sur le sujet.

    Le vernissage de ce soir est une nouvelle occasion de nous rencontrer, de mieux faire connaissance, de nous apprivoiser. Car c'est ensemble que nous écrivons désormais l'histoire. La success-story des Vergers dépend de l'engagement de tous. Le quartier vivra s'il est véritablement habiter dans tous les sens du terme. Lorsque l'on découvre les différentes histoires, les différents parcours de nos coopératives et de la Fondation Nouveau Meyrin, on perçoit déjà que le pari de la diversité est réussi. Dans le futur quartier des Vergers tous vont pouvoir y inscrire leurs traces. Mais chacun sera également influencé par l'expérience et le vécu des autres. C'est ce qu'on appelle aussi l'intégration. La démarche écoquartier, l'écoquartier attitude, c'est précisément cette co-construction qui exige effort et écoute, engagement et participation.

    Je suis très confiant, parce que je retrouve cet esprit dans l'ensemble des récits de nos excellents bédéistes qui ont largement inspiré mes propos de ce soir. Vous découvrirez dans le mensuel communal Meyrin Ensemble de décembre que le septième art s'est déjà implanté dans l'écoquartier des Vergers à travers les noms de certaines rues. Je suis très heureux et très reconnaissant à celles et ceux qui ont eu l'idée, pour fabriquer cette mayonnaise qui est en train de prendre, de faire appel à un art plus moderne encore que le septième art, le neuvième art. La bande dessinée s'invite ce soir dans l'aventure des Vergers et y fait une entrée triomphale. En effet, en quelques traits et très peu de planches, le décor a été magnifiquement planté, l'esprit et l'originalité de chacun saisis avec finesse et précision. Bravo et merci à vous, les artistes. Restez avec nous et continuez à nous titiller et à nous égratiner avec vos crayons pointus. Cela nous fait du bien.

    Celles et ceux qui continuent l'aventure ce sont également les lauréats des concours dont les projets sont exposés ici et qui nous permettent de mieux percevoir les contours du futur quartier. Il y a une année, des habitants m'avaient fait part de leur inquiétude en découvrant la maquette du quartier des Vergers. C'est horrible ces barres toutes pareilles, me disaient-ils. J'avais tenté de les rassurer. Ce soir, en visitant l'exposition ils le seront certainement beaucoup plus. Bravo à tous les lauréats, d'avoir réussi, en dépit des contraintes assez fortes du Plan Localisé de Quartier, à créer de la diversité et de l'originalité aux Vergers.

    Je termine par des remerciements, Merci aux concepteurs et réalisateurs de l'exposition, notamment à Thierry Ruffieux, merci à vous tous de votre écoute et de votre engagement, merci aux intervenants de la table ronde de ce soir à laquelle nous sommes tous invités, et merci à Jean-Pierre, 75 ans, de s'être engagé, sur un des panneaux de l'exposition, à vider les poubelles dans son futur immeuble des Vergers. Mais qui est Jean-Pierre ? Et qui est cette personne qui veut organiser des soirées speed-dating dans notre buanderie ? Et y aura-t-il vraiment des potagers urbains partagés et 1000 places de parc .. à vélo dans le quartier comme le revendique Roland de la Fondation Nouveau Meyrin ? Et bien vous le saurez en ne manquant surtout pas le prochain épisode de notre merveilleuse histoire en bande .. dessinée.

     

    Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif en charge de l'urbanisme

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Discours à l'occasion du premier coup de pelle de l'écoquartier des Vergers, le 21 septembre 2013

    Construisons ensemble un écoquartier exemplaire !

    Les salutations protocollaires d'usage ayant déjà été faites par notre secrétaire général, Jean-Marc Solaï, permettez-moi de vous saluer différement à l'image de ce futur quartier qui se veut différent résolument tourné à vers l'avenir.

    Chers constructrices et constructeurs,
    chers bâtisseurs et bâtisseuses,
    chers futurs habitantes et habitants,
    chers futurs visiteuses et visiteurs,
    bref chères amies et chers amis de l'écoquartiers des Vergers,

    Mon propos tentera d'être bref puisque nous attendons toutes et tous avec impatience depuis 12 ans ce premier coup de pelle qui nous réunit aujourd'hui, et que, de surcroît, des personnalités éminemment éminentes vont encore s'exprimer après moi.

    Notre maire a évoqué le long chemin parcouru jusqu'à aujourd'hui, chemin souvent semé d'embûches, mais que nous sommes parvenus ensemble à dépasser puisque nous sommes là réunis aujourd'hui à la veille du démarrage d'un gigantesque chantier.

    La commune de Meyrin a su s'entourer d'une équipe compétente et engagée qui a non seulement réussi à surmonter les nombreux obstacles, mais également à susciter l'intérêt et l'envie pour ce nouveau quartier des Vergers. Habitants et élus politiques sont unis dans la volonté de créer rapidement des logements à des prix accessibles dans un écoquartier exemplaire.

    L'enthousiasme que soulève ce projet est à la hauteur des attentes. Nous tous ici réunis avons donc désormais la responsabilité collective, mais aussi individuelle de ne pas décevoir ces attentes de la population meyrinoise et genevoise. Mais comment y parvenir sachant que nous ne sommes qu'au tout début de la création d'un quartier qui est appelé à vivre durablement, sachant aussi que nous sommes très nombreux à contribuer à sa réalisation et que forcément, comme dans toute aventure humaine, il y a et aura des divergences de vue, des conflits d'intérêts, des contradictions et donc de nouveaux obstacles ?

    Cette question me travaille beaucoup. Encore cette semaine, j'ai pu être témoin de méfiance et de scepticisme des uns à l'égard des autres. Des promoteurs inquiets de voir les coopératives prendre leur place, des coopérateurs inquiets d'être exclus du processus de décision, des professionels inquiets d'être remis en question par de simples citoyens. Des simples citoyens suspectant les politiciens de ne pas prendre en compte leurs besoins. Je sais bien que la confiance ne se décrète pas, mais qu'elle se construit progressivement dans les relations que nous entretenons les uns avec les autres. Elle demande de la volonté, voir de la ténacité et surtout de la patience. Comme pour un immeuble, il faut beaucoup plus de temps pour construire un climat de confiance que pour le démolir.

    A partir de ce constat, et observant la multiplicité des acteurs différents engagés dans la réalisation de ce quartier, propriétaires et coopérateurs, promoteurs, financiers, juristes, architectes, ingénieurs, les nombreux services de l'administration communale et cantonale, les élus politiques de la commune et du canton, les futurs habitants et travailleurs du quartier, comment construire ce climat de confiance et de coopération indispensable pour atteindre notre but commun ? Comment créer, dans la réalisation du quartier, l'esprit de coopération et de co-construction qui devra ensuite animer le quartier pour que celui-ci soit véritablement et durablement un écoquartier exemplaire ?

    Je ne suis pas allé chercher ma réponse dans des écoquartiers lointains habités par quelques babas idéalistes. Non, je crois l'avoir trouvé bien plus proche, à quelques centaines de mètres d'ici dans un lieu prédestiné et symbolique: dans le Globe de la science et de l'innovation. Ce globe est aujourd'hui non seulement un emblème pour le CERN, mais également pour Meyrin qui, notamment à travers son engagement pour le quartier des Vergers, affirme et affiche sa volonté de créer et d'innover. Le Globe de la science et de l'innovation dont un des deux créateurs est Meyrinois, témoigne d'une architecture novatrice ancrée dans la science et l'innovation. C'est exactement ce que nous souhaitons pour l'écoquartier des Vergers. Le Globe s'est d'abord appelé Palais de l'Equilibre, lors de l'Expo 02,  et était dédié au développement durable. C'est exactement ce que nous souhaitons, à savoir trouver dans ce futur quartier, comme ailleurs, un équilibre dans la satisfaction des besoins essentiels, des conditions économiques, environnementales, sociales et culturelles d'existence, un équilibre indispensable à un développement durable qui préserve les composantes de l' écosystème et de leurs fonctions pour les générations présentes et futures. Aujourd'hui, le Globe de la science et de l'innovation est devenu un forum d'échanges et de discussion autour de la science et des grands enjeux de l'humanité. Et c'est dans le dialogue et l'échange que nous construirons progressivement et ensemble la confiance réciproque nécessaire à la réalisation du futur quartier des Vergers.

    J'ai souhaité poursuivre ma réflexion et mon enquête sur cette problématique de la co-construction et de la confiance qui est loin d'être facile et qui représente sans doute le plus grand défi que nous aurons à relever, sachant que les autres défis d'ordre technique et économique en découlent directement.

    Je me suis donc rendu un soir au Globe de la science et de l'innovation et suis tombé sur une soirée d'une grande entreprise de la construction, présente d'ailleurs également dans notre projet des Vergers. Bon d'accord, j'y avais été invité, mais j'étais très curieux d'entendre ce que des acteurs expérimentés de la construction pouvaient m'apprendre sur la question de la co-construction. Et cela a été fort intéressant. Le CEO, le chief executif officer, a expliqué que le succès fulgurant de l'entreprise reposait sur huit valeurs fondamentales partagés par tous les employés. En l'écoutant, je me suis dit que si nous partagions ces huit valeurs, nous tous ici présents ainsi que les absents également impliqués dans la réalisation du quartier, nous arriverions non seulement à établir un climat de confiance, une culture de la coopération, mais également à répondre aux besoins, aux envies, aux espoirs et aux attentes que nos concitoyennes et nos concitoyens nous expriment tous les jours. Et quels étaient ces valeurs ? (Ce n'est pas du plagiat que de les reprendre puisque j'indique mes sources, il s'agit de Monsieur Anton Affentranger, CEO d'Implenia SA).

    Première valeur: la fiabilité, il faut que nos propos, nos projets se basent sur des données étudiées et fiables. Notre futur quartier est unique, chaque réalisation est unique. Pas question donc de pouvoir faire du copier-coller. La fiabilité est donc indispensable pour créer la confiance.

    Deuxième valeur: le développement durable. Je ne m'étends plus sur cette notion que j'ai déjà évoquée, qui aujourd'hui non seulement est une valeur fondamentale, mais aussi une obligation légale. Cette obligation ne devrait toutefois pas être vécue comme une barrière qui freine l'ardeur entrepreneuriale, mais au contraire comme un challenge qui stimule l'esprit d'entreprise et l'ambition d'être à l'avant-garde.

    Troisième valeur: l'intégrité, indispensable pour créer un climat de confiance. Comme dans ce grand chantier, nous allons travailler côte à côte, voir même les uns sur les autres, le non-respect des règles et des décisions prises, l'absence de loyauté et d'intégrité seraient immédiatement sources de conflits sérieux.

    Quatrième valeur: la transparence. Nous construisons ensemble, nous mutualisons pour optimiser les coûts et ainsi produire des logements à des prix abordables. Nous sommes tous interdépendants. Cela ne fonctionnera que si nous agissons dans la transparence, si nous travaillons à livre ouvert.

    Cinquième valeur: l'excellence opérationnelle et financière. Nous devonc tous rechercher l'excellence dans ce futur quartier. Si concurrence il devait y avoir c'est bien dans la course à l'excellence. Dans quelques années. Ce quartier sera une carte de visite, une carte de visite pour Meyrin, mais aussi une carte de visite pour chacune et chacun de celles et ceux qui auront apporté leur pierre à l'édifice. La commune fera certainement un livre qui présentera chaque réalisation ainsi que son inscription dans le quartier en rendant hommage aux bâtisseuses et aux bâtisseurs. Je sais, je mets la pression, c'est intentionnel !

    Les trois dernières valeurs sont étroitement liées et forment d'ailleurs un tout cohérent avec les cinq premières: L'innovation. Nous construisons un des premiers quartiers du XXI ème siècle pour le XXIème siècle. Nous construisons donc un quartier qui obligatoirement innove puisqu'il se doit de répondre aux problématiques énormes qui interpellent toute l'humanité aujourd'hui. L'excellente nouvelle c'est que des solutions existent, qu'il n'y a donc pas lieu de déprimer, mais qu'en revanche, il faut innover, s'orienter résolument vers la recherche de solutions, prendre des risques. Nos voisines et nos voisins du CERN le savent bien. Ces solutions, on ne les trouve pas tout seul, il faut collaborer, chercher ensemble. On ne peut pas non plus dire à chaque proposition de solutions que ça ne va pas, parce que cela n'est pas ce qu'on a fait jusqu'à présent et sort des « chantiers » battus. On ne peut pas traiter chaque problématique comme si on était seul à devoir trouver la solution. Les solutions existent, mais pour les trouver il faut avoir le courage d'imaginer l'avenir, d'innover, d'être conscient des risques, mais d'en prendre quand même, de se remettre en question, d'entrer en dialogue avec les autres, bref de dépasser une certaine inertie confortable. Bien entendu, on a le droit de douter, c'est même plutôt recommandé. Créer c'est douter. Mais on a pas le droit d'être timoré, paralysé et ainsi de freiner la recherche de solutions. On a pas le droit non plus de se considérer comme le détenteur de la vérité. Aujourd'hui à l'instar des découvertes du CERN, nos solutions nous les trouverons ensemble sans exclusion aucune. Dans la construction, il y a un potentiel gigantesque d'innovation qui contrairement aux idées reçues offrent aussi des opportunités d'économies importantes. Si nous utilisons les déchets de la construction comme matériel de construction, nous évitons les frais d'évacuation des déchets et les frais d'acquisition de nouvelles matières. Si la transformation se fait sur place, nous évitons les frais de transports. L'écologie se révèle soudain économiquement intéressante, sauf évidemment pour ceux qui vivent de ce qui aujourd'hui renchérit la construction. Conscience des chances et des risques, orientation vers les solutions et innovation sont les trois valeurs qu'il me restait à dérouler devant vous.

    Si nous arrivons à nous unir autour de ces huit valeurs et créer ensemble une véritable culture de la co-construction et de la confiance, nous franchirons tous les obstacles qui nous attendent dès demain dans la réalisation du futur éco-quartier des Vergers.

    La commune s'engage résolument dans ce merveilleux projet. Depuis avant-hier soir, un site (écoquartier des Vergers) spécialement dédié à ce beau projet relate toutes les étapes de cette belle aventure, présente les actrices et les acteurs, annoncent les prochains épisodes et rendez-vous, inscrit l'histoire du quartier dans celle non moins exaltante de la commune de Meyrin. Ce site rayonne déjà sur les réseaux sociaux, bref fait le buzz.

    La commune n'a pas épargné ses efforts pour trouver un accord avec les propriétaires des terrains du futur lac des Vernes non seulement pour que la pollution du Nant d'Avril et du Rhône cesse, mais aussi pour pouvoir réaliser pleinement le futur concept énergétique de l'écoquartier des Vergers, qui sera un modèle d'écologie industrielle, comme le stipule notre nouvelle constitution cantonale. Ce futur biotope en marge des Vergers apportera par ailleurs une plus-value non négligeable à tout l'éco-quartier des Vergers.

    Enfin, la commune ne pense pas seulement aux futurs habitants des Vergers. Les Vergers ne suffiront pas pour loger nos enfants. Nous soutenons donc les surélévations d'immeubles là où elles sont souhaitables et possibles, mais à la condition que les propriétaires améliorent l'efficience énergétique et réhabilitent les espaces extérieurs de leurs immeubles. La densification de la cité doit profiter et améliorer la qualité de ville de tous les habitants actuels et futurs. Nous ne transigerons pas la dessus. Construire pour nos enfants, oui. Mais des logements de qualité pour eux, ainsi que pour leurs parents.

    Nous célébrons aujourd'hui le premier coup de pelle. Pour nous retrouver régulièrement autour d'événements festifs marquant l'avancée du chantier, pour entretenir la flamme et l'enthousiasme qui nous animent, pour nous réconcilier s'il y a lieu, pour intégrer à fur et à mesure les nouveaux protagonistes de cette belle aventure, je vous donne dores et déjà rendez-vous pour d'autres fêtes que nous co-préparerons ensemble cette fois.

    Un grand merci à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à ce qu'au bout de 12 ans d'efforts nous puissions aujourd'hui donner le premier coup de pioche ou de pelle. Un merci tout particulier à une cheville ouvrière de cette opération ou plutôt de cet accouchement, Monsieur Philippe Maag.

    Un grand merci à celles et ceux qui ont préparé cet événement.

    Un grand merci à celles et ceux qui, dès demain ou disons plutôt après-demain, vont poursuivre leur engagement pour contribuer à réaliser un éco-quartier exemplaire dans un esprit coopératif et créatif, animé par une volonté partagé de trouver ensemble et dans des délais raisonnables des solutions aux problèmes qui ne manquront pas de surgir.

    Ce n'est qu'un début, continuons ensemble à concrétiser ce merveilleux projet.

    Vive l'éco-quartier des Vergers, vive Meyrin !

    Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif, 21 septembre 2013

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Préface du livre « FILS, biographies de Silvia et Antonio Hodgers », éditions de l'Aire, Vevey 2013

    Préface du livre « FILS, biographies de Silvia et Antonio Hodgers », éditions de l'Aire, Vevey 2013

    Deux destins, une passion

     

    «Il n'y a rien au monde de plus contraire à la nature, toute raisonnable, que l'injustice.

    La liberté est donc naturelle. C'est pourquoi, à mon avis, nous ne sommes pas seulement

    nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre. »

    Etienne de la Boétie (1576)

     

    « Si vous êtes capables de trembler d’indignation,

    chaque fois qu’il se commet une injustice dans le monde,

    alors nous sommes camarades »

    Che Guevara (1962)

     

     

    Un jour, en 1993, assis dans le bus qui traverse ma cité pour me rendre sur mon lieu de travail, j'ai observé un jeune collégien d'environ 17 ans qui défendait avec ardeur l'importance d'un engagement au sein du Parlement des Jeunes. Ce jour-là, je me suis dit que cela pourrait bien être cet Antonio Hodgers, président du Parlement des Jeunes de Meyrin dont j'avais entendu parler. Je ne me doutais pas alors que nous allions avoir encore de nombreuses occasions de faire route ensemble et de partager préoccupations et questionnements.

     

    Quelques années plus tard, lors d'une séance à huis clos du Conseil municipal, il a été question de la naturalisation d'une dame argentine du nom de Silvia Hodgers, une femme bien connue à Meyrin grâce à ses cours de danse et de stretching. Sa gentillesse et sa générosité en faisaient d'emblée une excellente Suissesse et sa naturalisation dès lors l'unanimité. Je ne me doutais pas alors que nos chemins s'étaient certainement déjà croisés et que nous allions avoir encore quelques occasions de cheminer ensemble et de partager préoccupations et questionnements.

     

    Je suis de la génération de Silvia, la maman, et membre du même parti politique qu'Antonio, le fils, mais ce n'est de loin pas les seules raisons qui m'ont fait lire leurs témoignages avec le sentiment d'avoir participé étroitement à leur histoire.

     

    Dans les années 60 et 70 du siècle dernier, un vent planétaire s'élève, il soulève l'enthousiasme et l'espoir que le monde va changer de base. En Asie, Afrique et Amérique Latine, les peuples opprimés progressent dans leur combat pour l'indépendance et la liberté. En Europe, la jeunesse se révolte de Paris à Berlin, de Prague à Belgrade. Une passion renaît, celle de combattre les injustices et de défendre la liberté. Une prise de conscience se répand, celle d'appartenir à un seul monde et d'être responsable du devenir de ce monde. L'union faisant notre force, la victoire finale était inéluctable.

     

    En Amérique Latine les intermèdes démocratiques étaient régulièrement interrompus par des coups d'Etat militaires, les mouvements populaires pacifiques étaient systématiquement réprimés dans le sang. Dès lors, comment croire à une voie pacifique ? La lutte armée, à l'instar de celle des résistants au nazisme et au fascisme, apparaissait comme seule issue, même si, face à un appareil militaire entraîné et armé par l'étranger, les forces en présence étaient bien inégales.

     

    En 1981, j'ai passé de nombreuses heures dans le magnifique Parc Lezama à Buenos Aires à l'ombre de grands arbres séculaires. De jeunes couples amoureux buvaient du maté, des enfants jouaient sous la surveillance de leurs parents. Des vieux faisaient une partie d'échecs. En apparence, la paix, la sérénité et le bonheur y régnaient. En apparence seulement; les absents ne se voyaient pas, les 30'000 disparus et les nombreux Argentins condamnés à l'exil dont Antonio, sa sœur et sa mère. Ils auraient dû être là en cet été 1981. Les parents d'Antonio avaient aimé se balader, quelques années plus tôt, avec leur nouveau-né dans ce parc. Ils ont certainement dû imaginer leur fils cinq ans plus tard courant dans les allées du parc.

     

    Les disparus d'Argentine sont morts assassinés par la dictature militaire, mais la vérité et la justice ont fini par l'emporter. Des mères et grands-mères de disparus ont osé, en pleine dictature, affronter les militaires défendant les idéaux de leurs enfants et revendiquant que toute la lumière soit faite sur les circonstances de leur disparition. Plus tard des enfants de disparus se sont également organisés dans l'association HIJOS pour exiger que justice soit rendue. Finalement, les responsables des disparitions forcées en Argentine ont commencé à être jugés et condamnés et ce n'est pas terminé.

     

    « Fils » est un récit de filiation dans lequel Antonio questionne son histoire et celle de ses parents.

    Cette quête est d'autant plus indispensable qu'Antonio n'a pas connu son père. Il se pose donc naturellement la question de l'héritage et de la fidélité. En empruntant un chemin politique en apparence différent de celui de ses parents, les trahit-il ou au contraire poursuit-il leur engagement et leur combat dans un contexte temporel et géographique différent ?

     

    Répondre à cette question est une nécessité. D'où la décision de mener une recherche minutieuse sur son passé en juxtaposant ses souvenirs, son regard d'enfants avec les récits d'un témoin privilégié, sa maman Silvia. Témoignage primordial, puisqu'elle a côtoyé de près le père et qu'elle a pleinement partagé ses convictions et son engagement politique. Antonio fait aussi référence à son voyage en Argentine pour chercher à comprendre ce qui était arrivé à son père, puis à son périple en Amérique Latine pour mieux connaître le contexte social, économique et politique.

     

    La recherche de ses racines a conforté Antonio dans sa volonté de poursuivre le combat de ses parents. «Ils se sont battus pour une cause. Ma mère a sacrifié sa jeunesse, sa carrière. Mon père l’a payé de sa vie. Même absent, il m’apporte encore beaucoup. C’est un modèle que je ne peux trahir », a-t-il confié.

     

     

    Les récits de Silvia et d'Antonio ancrent fortement l'intime dans le politique, rendent l'un indissociable de l'autre. Pour se comprendre, comprendre ses identités, ses héritages les deux dimensions personnelle et sociale sont forcément indispensables.

     

    L'intime du récit de filiation donne un poids supplémentaire à l'engagement, il permet d'apprendre à se « penser historiquement » (Jean-Luc Godard), à donner un sens personnel à sa propre existence en l'inscrivant dans l'Histoire collective des transformations nécessaires de notre société.

     

    A l'issue de la recherche intervient le moment des conclusions. Comment recevoir l'héritage ? Comment le transmettre ici en Suisse et aujourd'hui en 2013 ? Antonio partage de toute évidence la même passion de ses parents, celles de combattre l'injustice et de défendre la liberté. Comment aujourd'hui et en Suisse défendre cette flamme ? Au 21ème siècle, il est impossible d'imaginer un monde plus juste, un monde solidaire sans se préoccuper de ce que nous lèguerons à nos enfants et petits-enfants. Aux solidarités avec les laissés-pour-compte d'ici et avec les opprimés d'ailleurs s'ajoute aujourd'hui l'engagement indispensable pour les générations futures. La question politique centrale est donc de savoir comment accélérer cette prise de conscience, faire évoluer les mentalités, donner envie aux autres de s'engager pour ce programme d'écologie politique.

     

    Être conseiller national, voire demain conseiller d'Etat n'est pour Antonio pas une fin en soi, mais un moyen supplémentaire permettant de contribuer à accélérer les changements urgents. C'est pourquoi, l’annexe politique de ce livre abandonne le récit autobiographique, l'enquête sur le passé, pour revenir à la politique aujourd'hui, partie intégrante d'un héritage qui transcende les générations et qui s'impose comme fondamental pour construire une société plus juste et un monde durable.

     

    Pierre-Alain Tschudi

  • Discours lors de la soirée inaugurale du premier "Meyrin Economic Forum", le 29 mai 2013

     Diversité, mixité, densité caractérisent la ville de Meyrin

     

    Mesdames, Messieurs,

    Au nom des autorités de la commune de Meyrin, je vous souhaite la bienvenue à ce cocktail d’inauguration du premier « Meyrin Economic Forum » et vous remercie de nous honorer de votre présence.

    Cela me trouble un peu d’inaugurer maintenant le Meyrin Economic Forum, alors que nous avons eu tout au long de la journée des échanges passionnants et très stimulants aussi bien dans le cadre des conférences et des ateliers, qu’autour des stands et des machines à café. Cela me trouble d’autant plus que j’ai déjà eu l’occasion d’indiquer ce matin les raisons qui ont incité Meyrin à se lancer dans cette aventure. Cherchant, comme de nombreuses entreprises aujourd’hui, à maîtriser, voir à économiser mes énergies, cherchant également après avoir fait mon bilan santé au stand de la Pharmacie principale à réduire mon stress au travail, convaincu de l’importance du recyclage, j’étais très tenté de recycler mon discours de ce matin. Toutefois, par respect pour les personnes qui m’ont déjà subi ce matin, mais surtout parce qu’au cours de la journée, j’ai eu beaucoup d’apports nouveaux qui ont enrichi ma réflexion, je vais renouveler mon propos.

    Les réflexions entendues et partagées lors de cette première journée du Meyrin Economic Forum m’ont fait prendre conscience de la cohérence qui existe entre notre ville de Meyrin et l’avenir des quartiers ou parcs industriels (Désormais nous allons bannir le terme à connotation péjorative de « zone industrielle », décision que nous avons prise, sans aucune opposition, lors de la conférence sur la ZIMEYSAVER à midi.)

    Monsieur Jean-Charles Magnin, directeur général des affaires économiques du canton de Genève a évoqué ce matin les mots-clés caractérisant l’avenir des espaces d’activité économique: diversité, mixité, densité. Quand j’ai entendu cela, je me suis dit : diversité, mixité, densité, mais ça c’est Meyrin !

    Meyrin est attachée à la diversité, diversité des origines avec plus de 130 nationalités, diversité des espaces de vie, avec une campagne, une cité radieuse, un village historique, des hameaux et des quartiers de villas et plusieurs quartiers dédiés à l’activité économique, un attachement particulier à la bio-diversité avec un jardin botanique, des marais d’importance nationale, une nouvelle réserve naturelle inaugurée l’an dernier, et puis une diversité d’un tissu économique avec de nombreux pôles d’excellences présents sur notre territoire et réunis aujourd’hui dans le premier Meyrin Economic Forum. Diversité des langues, natürlich tambien.

    Meyrin est attachée à sa mixité, mixité sociale, mixité générationnelle, mixité fonctionnelle. Le cloisonnement de zones bien distinctes voulu par le législateur du siècle dernier a créé d’un côté des cités qui ont dû se battre pour ne pas être des cités-dortoirs( Meyrin en sait quelque chose) et de l’autre des zones industrielles où l’on n’a pas pensé que ceux qui y travaillaient devaient également se nourrir, éventuellement bouger ou prendre l’air et surtout soin de leur santé. Une ville vivante, comme Meyrin, est une ville où l’on soigne la mixité des activités. On a même des terrains de foot au bas des immeubles et des conflits de voisinage qui font qu’à Meyrin, on s’engueule, on s’écrit, on se parle, on se réconcilie. C’est ça aussi une ville vivante. Espérons donc que le législateur du 21ème siècle saura abattre les cloisons qui divisent.

    Meyrin est attachée à sa densité, parce que nous voulons préserver les terres agricoles restantes, deux jeunes Meyrinois sont d’ailleurs en formation pour reprendre la ferme familiale et nous nous en réjouissons. Meyrin veut également préserver ses espaces verts, réhabiliter la nature en ville, créer des jardins urbains partagés. Pour toutes ces bonnes raisons, Meyrin est favorable à une densification par voie de surélévation et non par de nouvelles emprises au sol.

    Diversité, mixité, densitésont également trois mots-clés pour le futur éco-quartier des Vergers. Le quartier connaîtra une densité certaine, mais qui ne péjorera en rien la qualité de vie de ses habitants. La mixité sera garante d’un quartier vivant grâce aux activités diverses et variées aux rez-de-chaussée, grâce aussi à une grande mixité sociale, culturelle et générationnelle. Quant à la diversité, ce quartier sera à l’image de Meyrin la diversité y aura sa place, la Place de la Diversité.

    La planification et la transformation des zones industrielles en écoparc s’inscrit donc en parfaite cohérence avec les objectifs de la ville durable souhaitée par les autorités meyrinoises. Aujourd’hui, il est évident que ce qui rend un quartier résidentiel ou un quartier dédié à l’activité économique attractif c’est son excellente qualité environnementale et paysagère ainsi que son accessibilité par des transports public performants.

    En s’engageant dans la création de logements de qualité, de quartiers à haute performance énergétique et environnementale, en s’engageant dans sa mutation en ville durable du 21ème siècle, Meyrin apporte un soutien important à deux secteurs phares de l’économie romande: la construction et les énergies renouvelables. Ces deux secteurs sont également parmi nous aujourd’hui et les échanges de réflexions et de cartes de visite ont été nombreux tout au long de la journée.

    C’est donc bien par conviction que nous avons initié ce moment d’échange et de partage. Nous savons que les entreprises de la région sont des partenaires dans les changements que nous appelons de nos vœux, nous savons que trop longtemps le cloisonnement des zones, l’absence de mutualisation des services et des infrastructures, ont créé des barrières entre les entreprises elles-mêmes ainsi qu'entre les entreprises et les autres acteurs de la commune.

    Vous l’avez compris, nous avons la conviction que les échanges et le partage d'idées et de projets que nous initions lors de ce premier MEF sont une opération win-win ou, permettez-moi de le dire en français, une relation gagnants–gagnants pour que notre région devienne un modèle d'un développement économique et territorial durable.

    Nous avons enfin beaucoup parlé, notamment lors de la conférence sur la ZIMEYSAVER, d’écologie industrielle. Genève va pouvoir innover dans ce domaine. Elle y est cordialement invitée par la nouvelle Constitution cantonale qui entre en vigueur après-après-demain.

    En effet, notre nouvelle Constitution genevoise est la première de Suisse à inscrire l’écologie industrielle dans les tâches de l’État. L'écologie industrielle apporte aujourd'hui une réponse globale et intégrée caractérisée par un recyclage optimal de la matière et de l'énergie, dans le but de réorganiser le système industriel de manière viable. Elle s'inspire des écosystèmes naturels. En recherchant des opportunités de réaliser des synergies éco-industrielles entre acteurs économiques, elle contribue à la réduction des impacts des activités humaines sur l'environnement. Elle favorise le partage d’équipements et d’infrastructures. C’est d’autant plus important dans la Zimeysaver où 65 % des entreprises n'emploient que de 1 à 5 employés.

    Je vous ai livré en vrac quelques impressions de ce premier "Meyrin Economic Forum", je vous ai démontré combien j’étais convaincu que les efforts de la commune de Meyrin et ceux des entreprises innovantes vont dans le même sens, résolument tournés vers l’avenir. Par l’organisation du MEF, par notre engagement dans le grand projet Zimeysaver, par les liens que nous tissons avec les entreprises, notamment à travers notre délégué aux affaires économiques, Florence Noël qui, comme je l’ai dit ce matin, a su entraîner tout le monde dans cette belle aventure, nous signifions que les espaces d’activités économiques font partie intégrante de Meyrin, comme les écoparcs feront partie de la ville durable de demain.

    Certains Meyrinois ne partagent toutefois pas ce soir notre enthousiasme et notre optimisme dans l’avenir. Ils sont victimes des difficultés économiques qui font également partie de notre réalité meyrinoise et genevoise.

    Notre engagement aux côtés des entreprises, notre volonté de consolider les liens avec les milieux économiques, notre volonté d’améliorer l’attractivité du territoire pour de nouvelles entreprises et ainsi consolider le marché de l’emploi, témoignent également de notre préoccupation pour les nombreux demandeurs d’emploi de notre commune, nos concitoyens, nos voisins, nos amis. L’Antenne Objectif Emploi que la commune de Meyrin a créée est également au cœur de ce premier "Meyrin Economic Forum" et y a toute sa place.

    Merci à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à l’organisation de cet événement. Et encore merci de vous être associés à nous ce soir lors de ce cocktail qui célèbre les liens que nous avons tissés dans la préparation du MEF et lors de cette première journée et qui inaugurent nos collaborations futures.

    Pierre-Alain Tschudi, Maire, 29 mai 2013

  • Conférence de presse lors de l'ouverture du Premier "Meyrin Economic Forum", le 29 mai 2013

    Cinq bonnes raisons pour organiser un Forum économique régional

    Mesdames, Messieurs,

    Au nom des autorités communales, je suis très heureux de vous accueillir pour cette conférence de presse inaugurale.

    Si à plusieurs reprises, et notamment déjà dans le cadre de notre joyau culturel, le théâtre Forum de Meyrin, nous avons eu l'occasion de vous faire part de nos intentions d'organiser un événement économique régional ici même, aujourd'hui, nous sommes à même de vous confirmer que notre projet a abouti et que les partenaires que nous appelions de nos vœux ont répondu présent à l'appel.

    D'entrée, et avant que je ne l'oublie, permettez-moi publiquement, de les remercier d'avoir été contaminés par notre enthousiasme et de contribuer aujourd'hui par leur participation à la réussite de ce premier «Meyrin Economic Forum» (MEF). Permettez-moi également de remercier notre déléguée aux affaires économiques, Madame Florence Noël et son équipe, qui n'ont pas ménagé leurs efforts et leur temps, ces derniers mois, pour créer un cadre propice à la rencontre et à l'échange lors de ce MEF. Madame Noël a su susciter l' intérêt pour cet événement auprès des acteurs économiques de la région, mais également l'adhésion de toute notre administration communale qui s'est investie dans le projet.

    Encore hier soir vers 21h, j'ai pu observer comment un agent de la police municipale s'affairait à chercher un trans-palette, pour qu'un livreur qui avait pris beaucoup de retard puisse décharger sa livraison ici à Forum. Lui aussi se sentait concerné par la réussite du "Meyrin Economic Forum".

    Mais pourquoi la ville de Meyrin, s'est-elle soudain sentie appelée à organiser un tel événement, alors que la promotion économique a toujours été de la compétence de la Confédération et du canton, et particulièrement à Genève où les communes n'ont pas grand-chose à dire ? De toute évidence, le canton ne s'est pas senti dépouillé de ses compétences par la commune de Meyrin, puisqu'il participe également au MEF. Le Conseiller d'Etat Pierre-François Unger sera des nôtres ce soir lors de la soirée inaugurale du MEF. Certains se sont même demandé si ce Forum ne s'inscrivait pas dans une nouvelle stratégie de guerre économique entre communes ? Cela non plus n'est pas très sérieux, nous inscrivons notre Forum dans un cadre régional et d'ailleurs le maire de Plan-les-Ouates, Monsieur Thierry Durand, sera également parmi nous ce soir. Enfin certains ont pu ironiser sur notre démarche en insinuant que nous jouions à la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf, le boeuf étant le WEF ? Heureusement, les altermondialistes ne s'y sont pas trompés. Aucun Contre-MEF, aucun Public Eye on Meyrin ne sont prévus à ma connaissance.

    Notre volonté, notre démarche, nos motivations, sont parfaitement explicites, transparentes et honorables: Elles sont de cinq ordres:

    • Tout d'abord, il s'agissait de consolider, à travers le MEF, les contacts avec les entreprises de la région. Nombreux sont les chefs d'entreprise que j'ai pu rencontrer qui m'ont confirmé que même si nous avions peu de pouvoir d'influer le développement économique, le simple fait de s'intéresser aux entreprises et de reconnaître l'apport des entreprises et des entrepreneurs à la vie communale était à leurs yeux importants. Il n'y a donc pas d'un côté une commune qui vit et agit et de l'autre côté, à la périphérie, à la marge, une zone industrielle qui ne nous concerne pas. Nos industries, nos entreprises contribuent de façon significative au développement de notre commune. C'est peut-être banal de le souligner, mais tout engagement aime être reconnu. Il est donc important d'exprimer haut et fort que nos entreprises font partie de la vie meyrinoise et contribuent au bien-être de nos concitoyens. Le MEF est ce signal fort, mais pas unique. Dans le même sens, nous avons également instauré une page dédiée aux entreprises dans notre journal communal qui porte bien son titre «Meyrin Ensemble».
    • La deuxième raison est que nous avons pu constater que, si nous, autorités communales de Meyrin, ignorions parfois toute la créativité, l'inventivité, la productivité sur notre territoire communal, les entreprises ignoraient également quels étaient nos démarches, nos engagements, nos combats pour améliorer le cadre de vie de nos concitoyens, qu'ils vivent ou qu'ils travaillent à Meyrin. Nos échanges peuvent ainsi contribuer à rendre plus pertinents et efficaces les efforts des uns et des autres.
    • Meyrin se bat depuis une cinquantaine d'année pour être reconnue comme ville à part entière et non pas comme une lointaine banlieue. Quand nous lisons dans un journal romand que «dans l'imaginaire des Genevois, la commune de Meyrin, avec celle de Vernier ou de Satigny, est une lointaine banlieue, une cité-satellite typique des années 60....» alors cela nous fait mal, car notre représentation de notre ville est tout autre. Depuis cinquante ans, nous avons un tissu associatif de plus de quatre-vingt sociétés communales, sportives, culturelles, sociales et politiques extrêmement dynamiques et actives. Nous avons créé un centre culturel et un centre sportif qui attirent toute la région. Nous ne ménageons aucun effort pour accélérer la réalisation d'un éco-quartier exemplaire qui accueillera plus de 3000 nouveaux habitants. Nous améliorons nos espaces publics et last but not least, nous sommes également extrêmement proactifs pour contribuer à transformer la zone industrielle Meyrin Satigny Vernier en un éco-parc disposant d'une bonne qualité environnementale et paysagère et d'une bonne accessibilité en transports publics. Nous en reparlerons dans un petit moment à 11h15 dans un atelier dédié à la Zimeysaver. Ces efforts ne seront couronnés de succès que si nous agissons ensemble. Ensemble, nous renforcerons l'attractivité de notre région pour les entreprises. Des efforts qui profiteront à l'économie régionale, mais qui relèveront aussi les défis environnementaux auxquels l'ensemble de notre planète est confronté.
    • Ceci m'amène au quatrième point: la commune peut être facilitatrice et aider les entreprises à trouver des opportunités de réaliser des synergies éco-industrielles, notamment en créant une occasion comme le MEF pour développer les rencontres entre acteurs économiques. Je pense notamment à la valorisation des déchets des uns comme ressource pour les autres, à l'utilisation des rejets thermiques des uns comme source de chaleurs pour les autres, mais aussi à un partage des savoirs, à la création de partenariats dans des projets innovants, comme par exemple le bus électrique TOSA, au partage d'équipements et d'infrastructures, comme par exemple l'exploitation commune d'énergies renouvelables, la mutualisation de silos pour le stationnement, toutes des mesures qui peuvent à la fois augmenter la compétitivité des entreprises en réduisant les coûts et qui par ailleurs réduisent également de manière significative l'impact de l'activité humaine sur l'environnement.
    • Enfin, le MEF a également pour but de mettre en contact les entreprises avec les demandeurs d'emplois, de renforcer là aussi les efforts de la commune de Meyrin, d'inciter les employeurs à engager, tant que faire se peut, des demandeurs d'emploi de la région, ceci évidemment dans le souci d'aider les administrés en recherche d'emploi à trouver une place de travail, mais aussi d'agir efficacement sur les problèmes de mobilité et leur impact négatif sur l'environnement. Les entreprises ont également tout à y gagner d'engager des employés qui vivent à proximité de leur lieu de travail.

    Autour de ces différentes thématiques et d'autres encore, il y a de quoi débattre, imaginer, inventer, trouver de nouvelles voies, et créer de nouvelles collaborations. Le MEF est l'événement initial, la manifestation inaugurale pour engager, développer, consolider toutes ces synergies et collaborations nécessaires et relever les défis de notre monde actuel.

    Je vous souhaite un excellent Meyrin Economic Forum.

    Pierre-Alain Tschudi, Maire, 29 mai 2013

  • Préface du livre « Les 50 ans de l'AHVM. La Société civile humanise la première cité satellite de Suisse. 1963-2013 » mai 2013

    Il y a 50 ans, on ne parlait pas encore de démocratie participative, un concept qui n'apparaîtra qu'à la fin des années 60. Mais à Meyrin, commune pionnière en bien des matières, la démocratie participative s'invita avant l'heure dans la vie publique. On y avait convoqué des locataires, ce sont des citoyens qui s'approprièrent la cité. Des citoyens qui refusèrent que leur vie se résumât à un triathlon « auto-boulot-dodo », mais qui surent insuffler de la vie dans les ensembles et l'envie de vivre et agir ensemble.

     

    Il y a 50 ans, la première cité-satellite de Suisse sortait de terre en un temps record entachée de la mauvaise réputation de cité-dortoir, de ville bidon en somme. Ville bidon parce que ville dépendante de la planète Genève. Cité - peu reluisante - mise au ban à une lieue et demie de la Genève internationale rayonnante. Cité de banlieue ! Cité sans équipement public, immeubles sans aménagements extérieurs, des chantiers comme unique terrain de jeu, une baraque en bois en guise de commerce, des routes et chemins boueux comme voie d'accès. Ici, à Meyrin, se construisait la première cité-satellite de Suisse ! Pas étonnant, dès lors, que les Genevois ne s'y précipitèrent point. La cité-satellite de Meyrin ne faisait pas très envie. Ce sont des Confédérés venus d'autres cantons, des étrangers venus de partout, d'Allemagne, de France, de Grande-Bretagne et de plus loin encore qui peuplèrent majoritairement la cité.

     

    Les promoteurs réalisaient des opérations immobilières, les villageois se méfiaient de cette arrivée d'étrangers dont un grand nombre ne payaient pas d'impôts en raison de leur statut de fonctionnaires internationaux- c'est du moins ce qui se disait, des étrangers dont une majorité parlaient peu le français- c'est du moins ce qu'on entendait. Les anciens se sentaient quelque peu envahis, les nouveaux arrivants comme des pionniers à la conquête d'un Far West de la Suisse où tout était à créer.

     

    Face à l'absence d'infrastructures tels que des garderies ou des places de jeux, alors que les nouveaux habitants étaient majoritairement de jeunes parents avec enfants, face à un pouvoir politique peu perméable et moyennement enthousiaste d'accompagner la création de la cité, face à des régies peu réceptives aux demandes des locataires, les pionniers de la cité décidèrent de s'organiser, de prendre leur destin en main, de s'immiscer dans les affaires de la cité, bref de devenir – suisses comme étrangers – des citoyens au sens premier, des acteurs de la vie meyrinoise.

     

    En s'organisant en Association des Habitants de la Cité Satellite de Meyrin, un mémorable 12 mars 1963, les 250 participants ont fait bien plus que de défendre leurs intérêts légitimes, ils ont commencé à insuffler une âme à la cité, à transformer la cité-satellite en ville-planète, à donner à cette ville une identité, l'identité d'une ville cosmopolite et pluriculturelle, d'une ville active, créative, dynamique et ouverte.

     

    En quelques années, ils ont ainsi réconcilié les anciens et les nouveaux, fusionné la cité et le village, redonné une fierté à Meyrin, devenue désormais Ville à part entière. Quelques années plus tard, l'Association entérinait cette transformation en adoptant le nom d'Association des Habitants de la Ville de Meyrin, l'AHVM. Lors du 10ème anniversaire de l'association, les Meyrinois s'offusquaient déjà quand quelqu'un on osait encore qualifier leur ville de « cité-satellite » ou de « ville-dortoir ».

     

    A l'heure où Meyrin vit une nouvelle mutation importante de ville nouvelle en ville durable, où l'on construit le premier écoquartier de Genève, où la zone industrielle cherche à devenir un véritable quartier d'activité économique, où la cité cherche à améliorer ses espaces publics, il est non seulement passionnant, mais également instructif de se pencher sur les 50 ans de l'histoire de la Ville de Meyrin à travers le récit d'un de ses protagonistes, l'Association des Habitants de la Ville de Meyrin.

     

    A l'occasion de son cinquantième anniversaire, c'est le jubilaire qui offre un cadeau. Et quelle cadeau ! Ce récit de 50 ans d'une aventure humaine exceptionnelle aux confins de la Suisse, de 50 ans d'histoire contemporaine de la Ville de Meyrin est le plus beau cadeau que l'AHVM pouvait faire aux habitants de Meyrin.

     

    Pierre-Alain Tschudi

    Maire de Meyrin

     

     

     

     

     

     

  • Préface du programme des 40 ans du Club des Aînés, mars 2013

     

    40 ans – 40 ans de succès

     

    Le Club des Aînés « 3ème Printemps » fête déjà ses quarante ans. Connu dans toute la République pour son dynamisme, sa convivialité, ses activités riches et variées, le Club des Aînés démontre bien qu'à quarante ans on est pleinement dans la force de l'âge. C'est époustouflant de voir tout ce que cette association « quadra » génère: aquagym, scrabble, artisanat, pétanque, tennis de table, randonnées, voyages, croisières fluviales sans oublier, les célèbres choristes de « la Printanière ».

    Si Meyrin est en bonne santé, c'est bien connu, c'est parce que Meyrin bouge, Meyrin s'active à tout âge, au sein de ses nombreuses associations. Le Club des Aînés de Meyrin en est, depuis quarante ans, un très bel exemple: Il ne cesse de se développer et d'initier de nouveaux projets, de renouveler ses forces vives, comme quoi l'engagement associatif est une maladie contagieuse qui aide à rester en bonne santé. Pas question donc de se mettre en quarantaine, le Club des Aînés reste à la croisée de tout ce qui fait vivre Meyrin. Que la croisière continue longtemps encore à s'amuser sur le long fleuve (pas toujours tranquille) et un grand merci à celles et à ceux qui mène la barque avec assurance et compétence.

     

    Pierre-Alain Tschudi

    Maire de Meyrin

     

     

     

  • Discours à l'occasion de la remise des Mérites meyrinois le 25 janvier 2013

    Monsieur le Président du Conseil municipal,

    Monsieur le député,

    Mesdames et les Messieurs les conseillers municipaux,

    Monsieur le Président du cartel des sociétés meyrinoises,

    Mesdames et messieurs les membres des comités des sociétés meyrinoises

    Mesdames , Messieurs, chers amis,

     

    En France voisine ou sur France comme l'on aime à dire à Genève, le maire réunit en début d'année ses administrés pour leur exprimer ses bons vœux et leur expliquer longuement ses préoccupations et ses objectifs politiques pour l'année. Nous n'avons pas cette tradition chez nous, ainsi vous échappez, Mesdames et Messieurs, à un long discours politique du maire, mais nous avons tout de même la soirée des mérites qui tombe en janvier.

    Cela a deux avantages, pour ne pas dire deux mérites, d'une part cette soirée permet chaque année au conseil administratif d'exprimer son admiration et sa reconnaissance à quelques unes et quelques uns d'entre nous et ainsi de témoigner également du dynamisme et de l'engagement qui caractérise bien la vie des sociétés et la vie en société à Meyrin. D'autre part, c'est aussi une opportunité qui est donnée aux Conseil administratif, à Madame Boget, Monsieur Devaud et à moi-même, de vous présenter, de vive voix, nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année et de vous exprimer à vous toutes et tous, qui vous engagez au sein des nombreuses sociétés meyrinoises, notre gratitude.

    Nous sommes en effet conscients que les éloges que nous recevons fréquemment de gens admiratifs du dynamisme meyrinois, nous les devons à cet engagement collectif de vous tous. Même s'il est vrai que dans le canton, il y a en a encore quelques uns qui pensent que Meyrin c'est la zone, de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui nous disent que nous sommes une commune formidable, une commune qui bouge, une commune qui s'active, une commune qui crée et qui innove, une commune qui ose.

    Un responsable d'une importante entreprise de la Zimeysa me disait pas plus tard que hier que c'était dommage qu'une ville comme Meyrin appelle son quartier des entreprises « la zone industrielle ». Il a raison. Nous avons d'ailleurs pour objectif, mais nous en reparlerons à une autre occasion, de faire, en collaboration avec l'Etat, les communes voisines et la FTI, de cette zone industrielle, autre chose qu'une zone. Il est toutefois encore un peu prématuré de rebaptiser la Zimeysa, par exemple « Parc industriel », comme le suggérait mon interlocuteur.

    Notre futur quartier des Vergers et notre ambition partagée de tous d'en faire un quartier exemplaire du point de vue social et environnemental avec les moyens disponibles bien sûr et aussi avec beaucoup d'inventivité et de créativité suscitent également une très grande curiosité.

    Meyrin intrigue, Meyrin intéresse, Meyrin interpelle. Nous avons récemment reçu des visiteurs onusiens, une délégation de députés suédois, la télévision japonaise, des représentants d'une petite commune chinoise de deux millions d'habitants et je ne cite que les visites dites officielles. Personne ne nous a encore demandé comment s'appelait la ville qui sépare Meyrin du lac Léman, mais ça ne saurait tarder. Je vais clore maintenant cette minute de chauvinisme local en ré-insistant sur le fait que si Meyrin mérite cette attention accrue de nos voisins proches et lointains c'est grâce à l'enthousiasme et à l'engagement de très nombreux acteurs et actrices qui œuvrent dans le cadre de notre administration communale et de nos sociétés les plus diverses.

    Que toutes et tous en soient chaleureusement remerciés !

     

    Je suis passé comme chat sur braise sur les fameux vœux de nouvel an. Je conçois d'ailleurs volontiers que le 25 janvier vous commenciez à en avoir marre de ces échanges de vœux. Dieu merci, nous sommes bientôt le premier février et passerons à autre chose. Mais ne remettons pas tout en question. Les vœux sont une occasion, comme la soirée des mérites, de montrer à d'autres que nous ne les oublions pas, qu'ils et elles méritent la sympathie et l'attention que nous leur portons.

    Et même si parfois les formules semblent creuses, le geste reste et le geste compte. On peut certes se demander ce que signifie la formule «  meilleurs vœux pour l'année 2013 » Comme disait Jules Renard: «  Je vous remercie de vos vœux – je tâcherai d'en faire quelque chose ». J'ai cherché la définition la plus commune du mot « vœux » pour savoir qu'en faire et j'ai trouvé « souhait de bonne santé, de réussite et de bonheur exprimé à quelqu'un ». Alors là effectivement cela prend tout son sens en ce début d'année 2013. Le monde ne respire pas la santé, le bonheur et la réussite. Les changements climatiques s'accélèrent, la crise alimentaire se développe, l'économie va mal, on s'entretue au Mali, on étouffe à Peking, on continue de mourir lentement à Fukushima, on souffre de malbouffe au Nord et de famine au Sud, les inégalités s'accroissent. Notre santé est aujourd'hui menacée par un environnement qui continue à se dégrader, notre réussite ne dépend de loin pas uniquement de notre mérite individuel et notre bonheur n'est pas imaginable sans celui des autres. Alors si le mois de janvier et le mois des voeux, tous les autres mois de l'année et y compris celui de janvier, sont des mois d’actions que nous pouvons entreprendre, d’actions que nous devons entreprendre pour rendre possibles et crédibles les vœux que nous échangeons en début d'année.

     

    En juin de l’année dernière, le comité citoyen Agenda 21 a envoyé, dans le cadre du 20ème anniversaire du sommet de la Terre à Rio, un questionnaire aux sociétés meyrinoises en leur demandant ce qu’elles entreprenaient pour le développement durable. Peu d’entre elles ont répondu, d’après ce que m’a dit le Président du comité. Une société a évoqué le fait qu’elle ne pouvait pas répondre parce qu’elle ne faisait pas de politique. Or, tous nos actes quotidiens d'individus, de groupes, de sociétés sont des actes politiques, dans la mesure où ils ont tous des conséquences sur la santé, le bonheur, les chances de réussite de nos enfants et de nos petits-enfants et qu'ils influencent, directement ou indirectement, la vie économique, les décisions que nous sommes appelés à prendre, les lois que nous devons voter. Prenons un seul exemple, la sortie du nucléaire décidée par le Conseil fédéral a un impact énorme que les habitants de ce pays ne mesurent pas encore. La question donc : Que faisons-nous concrètement pour le développement durable ? concerne ainsi chacune et chacun d’entre nous.

     

    Nous célébrons ces temps de nombreux jubilés, l’an dernier les 50 ans du cartel, cette année les 40 ans du club des Aînés, les 50 ans de l’AHVM, l’an prochain nous honorerons même un centenaire le Meyrin FC, pour ne citer que quelques associations. Lors de ces fêtes d’anniversaire, nous rendons hommage aux fondateurs, nous évoquons leur mérite d’avoir créé une société durable, une association qui perdure, qui a contribué, et qui contribue toujours, à tisser des liens, à améliorer le bien-être et le bien-vivre des Meyrinoises et des Meyrinois.

    Depuis que le mérite existe, il permet ainsi d’honorer et de remercier celles et ceux qui par leur investissement, leur engagement, leur persévérance, leurs efforts et leurs compétences ont participé et participent au rayonnement de Meyrin.

     

    Ces jubilés nous font également prendre conscience que le temps passe vite. Parfois il nous semble même que le temps s'accélère. Si dans 40 ou 50 ans le mérite meyrinois existe encore à qui l’attribuera-t-on ? Je rêve qu’on l’attribue à tous les Meyrinoises et Meyrinois de 2013, malheureusement à titre posthume pour une bonne partie d’entre eux, Je rêve que l’on nous attribue le mérite d’avoir su prendre le virage énergétique, d’avoir su opérer les changements nécessaires pour assurer un avenir à nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. J'aimerais que nous tous, ce soir ici présents, on nous attribue lors du 30ème, 40ème ou 50 ème anniversaire de cette mémorable soirée, le mérite collectif de nous être préoccupés sérieusement des générations futures en adoptant dans nos actes professionnels et de loisirs les principes d'un développement durable. Bien sûr, nous n'aurons pas le mérite d’être les grands sauveteurs de la planète, mais juste celui d’y avoir apporté modestement notre contribution. Et c’est déjà énorme. Nos meilleurs vœux de santé, de bonheur et de réussite ne seront alors pas simplement l’expression d’un souhait, mais une véritable déclaration d’engagement. Bonne année à toutes et à tous. Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont participé à l’organisation de cette soirée et merci de votre écoute.

    Pierre-Alain Tschudi, Maire, le 25 janvier 2013

     

     

  • Les voeux du Conseil administratif par Pierre-Alain Tschudi, Maire, décembre 2012

    ME – Meyrin Ensemble, journal communal, décembre 2012- No 147

     

    Meilleurs vœux à toutes et à tous ! Les défis sont de taille, mais pas insurmontables.

     

    Quand revient décembre, les nuits s’allongent, la grisaille et le froid s’installent. Faisant presque écho à ces conditions saisonnières parfois déprimantes, les nouvelles qui nous parviennent ces jours-ci d’ici et d’ailleurs ne sont guère plus encourageantes. Licenciements, conflits guerriers, tensions, crises économiques, financières, climatiques. Que nous réserve l’avenir ? Austérité ? Récession ? Chacun y va de son analyse. Personne ne sait vraiment. Tout le monde craint le pire. Comment, dès lors, souhaiter, au nom des autorités communales, une excellente nouvelle année à toutes et à tous ? Face à tant d’incertitudes et d’insécurité, on serait tenté de céder à une angoisse paralysante.

     

     

    L'espoir

     

    Or, cela ne nous servirait à rien. Les humains, nous avons cette capacité et cette force de nous relever, d’affronter et de surmonter les difficultés, peut-être pas individuellement, certainement pas tout seul, mais ensemble. Pour affronter le solstice d’hiver, ces nuits sans lune, des fêtes populaires et religieuses fêtent la lumière et la solidarité qui éclairent, réchauffent et donnent les forces nécessaires pour résister jusqu’au printemps qui finit toujours par arriver, printemps de Prague, printemps arabe, printemps tout court.

    Trois Fêtes de la Lumière, très populaires, en cette période me viennent à l’esprit : Divali en Inde, Hanouka chez les juifs et Noël chez les chrétiens, Toutes trois ont en commun de réunir et rassembler les familles et d’illuminer les rues, les foyers et les cœurs. Ce sont des fêtes qui invitent et incitent à l’espoir : les choses vont changer, vont s’améliorer, grâce aux liens que nous renforçons lors de ces moments festifs et lumineux, grâce à la confiance que nous avons de pouvoir améliorer notre destin.

     

     

    Une bougie

     

    C’est ce même sentiment qui anime toutes les personnes qui, à travers le monde, allument le 10 décembre, à leur fenêtre une bougie, une lueur d’espoir. Il y a 64 ans, le 10 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Pour que cette déclaration ne reste pas lettre morte, depuis lors, des hommes et des femmes à travers le monde dénoncent sans cesse ceux qui bafouent les droits humains. Grâce à leur engagement des vies humaines sont sauvées chaque année. Meyrin est aussi impliquée dans ce combat, notamment à travers le « Jardin des disparus ». Une bougie dans la nuit, à l’initiative d’Amnesty International, est enfin un symbole d’espoir, le témoignage d’une volonté d’améliorer la condition humaine, une flamme à entretenir.

     

     

    Ne pas baisser les bras

     

    Et c’est pourquoi aussi, austérité ou pas, et encore plus s’il y a austérité, il ne faut ni perdre espoir ni baisser les bras, mais au contraire retrousser les manches, et nous engager pour un avenir meilleur, pour nous tous, nos enfants et petits-enfants. Les défis sont de taille, mais pas insurmontables. L’immobilisme fatal.

     

     

    Préparer l'avenir

     

    L’année prochaine, le chantier des Vergers verra le jour, expression visible d’un engagement long et complexe, traduction tangible d’une volonté unanimement partagée, de construire à Meyrin, pour nos concitoyen-ne-s, des logements de qualité dans un environnement durable et convivial. Des efforts sont entrepris pour créer de nouveaux emplois sur le territoire communal. Préparer l’avenir c’est aussi repenser notre manière de nous déplacer, de produire et de consommer, c’est économiser les ressources limitées et développer les énergies renouvelables. Il y a énormément à faire pour préserver et améliorer nos espaces de vie.

     

     

    La conviction d'être utiles

     

    Décembre et son lot de fêtes nous rappellent qu’il faut beaucoup de petites lumières pour éclairer la nuit. Les lumières de chacun, la solidarité de tous et entre tous, le soin que nous portons à notre voisine ou notre voisin et aux autres, la conviction d’être toutes et tous utiles, quel que soit notre âge et quelles que soient nos compétences, font qu’il continuera de faire bon vivre à Meyrin, n’en déplaise aux oiseaux de mauvaises augures.

    Et c’est fort de cette conviction que j’envisage l’année 2013 avec confiance et vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année et vous transmets mes meilleurs vœux de santé, de paix et d’amour pour l’année prochaine.

     

     

    Pierre-Alain Tschudi, Maire  

  • Discours du Maire à l'occasion du "Noël des Aînés 2012"

    Mesdames, Messieurs, chers amis meyrinoises et meyrinois,

    Vous êtes cette année plus de 1000 habitants de la commune de Meyrin à participer au traditionnel « Noël des Aînés ». En réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir vous dire à vous qui, de part votre âge, savez énormément de choses, avez accumulé une longue expérience de vie, des compétences et des connaissances diverses, je me suis demandé ce qui vous unissait et pourquoi la commune, depuis de longues années, organisent un «repas de Noël» plus particulièrement réservé à une tranche d'âge, les aînés.

    A ce propos, je peux facilement imaginer que certains Meyrinois soient fâchés de ne pas être invités au Noël des Aînés sous prétexte qu'ils sont trop jeunes. En tant qu'enfant je détestais ne pas avoir le droit d'aller voir certains films parce que, soit-disant, ils n'étaient pas de mon âge. Ceci me donnait encore plus envie d'aller les voir, et ça a parfois marché d'ailleurs. En ayant aujourd'hui le plaisir de vous rencontrer toutes et tous, en voyant beaucoup d'entre vous dans une forme olympique extraordinaire que je vous envie, je me dis qu'il y en a certains qui ont dû, comme moi autrefois, se faire passer pour plus âgés qu'ils ne le sont en réalité. Ils ont certainement fait leurs les propos de Fred Astaire qui disait: «La vieillesse, c'est comme toutes les autres activités, pour bien la réussir, il faut commencer jeunes ». Nous vivons dans un monde, c'est bien connu, où il n'y a que des jeunes. Le Noël des Aînés réunit d'ailleurs une très grande diversité de ces jeunes, les «encore assez jeunes», les «un peu moins jeunes», les «plus vraiment très jeunes» et j'en oublie certainement.
    Ce qui vous est par contre commun à toutes et à tous, en dépit de votre grande diversité d'âges c'est que vous avez atteint tous l'âge de l'AVS ou l'âge de la retraite. La Commune veut vous honorer et vous remercier de votre contribution à la vie communale et sociale en général. Elle a aussi le souci qu'aucune personne âgée reste seule en ces jours de fêtes et veut donc s'assurer que tous les aînés de la commune aient la possibilité de participer à au moins une grande fête familiale (car nous sommes une grande famille). Traditionnellement, le Noël des Aînés est donc un acte de solidarité et d'humanité, deux valeurs qui nous sont chères et qui sont au centre du message de Noël.

    La retraite est une conquête

    Cela dit je n'aime pas non plus le mot retraite, comme je n'ai jamais aimé les limites d'âge. Le mot retraite signifie plein de choses. Étymologiquement, cela viendrait de se rétrécir, se replier ou se retirer. La retraite des troupes marque la défaite. Or, la retraite dont vous bénéficiez n'est pas du tout une défaite, mais bien au contraire une victoire, une conquête sociale de nos prédécesseurs, un droit qu'il s'agit de continuer à défendre. 
    Ensuite, j'ai aussi regardé pour mieux comprendre la signification du mot retraite quel en était l'antonyme ou le contraire et j'ai trouvé: activité, exercice, invasion et conquête. Et c'est là que l'on réalise que l'âge de la retraite n'a rien à voir avec l'âge de la retraite. Au contraire, c'est l'âge de nouvelles conquêtes, de nouvelles activités, de nouveaux engagements, de nouvelles responsabilités librement choisies. C'est donc à l'employeur de remercier et d'honorer plus particulièrement les retraités, qui le jour de leur retraite, choisie ou imposée, entrent dans une nouvelle phase de vie active et passionnante, dont vous êtes Mesdames et Messieurs les témoins.

    Si un jour, votre patron vous a, comme je l'espère, remerciés pour ce que vous lui avez apporté, la Commune, elle ne vous remercie pas ou pas encore. En revanche, elle vous exprime sa reconnaissance. Reconnaissance du rôle social que vous jouez, en tant que grands-parents qui vous occupez de vos petits-enfants, en tant que bénévoles dans nos nombreuses sociétés meyrinoises, en tant qu'observateurs avisés et critiques de ce qui se passe dans votre commune et en tant que force de proposition pour l'amélioration de notre cadre de vie. Donc, même si aujourd'hui vous êtes réunis entant qu'aînés, vous n'êtes pas des citoyens à part, mais bien des citoyens à part entière. Ne répondez donc jamais à la question "Que faites-vous dans la vie ?"  "Rien, je suis retraité.". Vous restez dans la vie active, la commune et la société ont besoin de vous, de votre disponibilité, de votre expérience, de vos connaissances et de vos compétences.
    La commune et ses autorités politiques, Monsieur Laurent Tremblet président du Conseil municipal, les membres du bureaux du Conseil muncipal, mes deux collègues du Conseil administratif, Madame Monique Boget et Monsieur Jean-Marc Devaud, et moi-même, vous exprimons donc notre reconnaissance pour ce que vous avez apporté, ce que vous apportez et ce que vous apporterez encore à votre commune et à la collectivité en général.

    Je vous épargnerez cet après-midi une conférence sur les grands projets communaux. Tout au long de l'année, des moments vous sont proposés pour partager sur les grands projets meyrinois, notamment dans le cadre de la commission des aînés ou lors de manifestations destinées à l'ensemble de la population. Je voudrais seulement évoquer deux préoccupations pour lesquelles la contribution des aînés de la commune est particulièrement importante. Aujourd'hui, la commune est très attentive à améliorer les espaces publics (les parc, les places, les chemins et les rues). L'objectif est de les rendre accessibles, propres, soignés, agréables et sûrs pour tous, du plus jeune au plus âgé. Cela demande beaucoup d'efforts et une collaboration intense entre les différents services de la commune. L'urbanisme, le social, l'environnement, la sécurité s'appliquent ensemble à améliorer notre cade de vie. Les aînés, bien que souvent sur-occupés, ont aussi le droit et le temps de flâner, de se balader, d'observer et ainsi d'identifier les lacunes et les points forts de notre ville. Leurs observations et leurs propositions d'amélioration sont un complément précieux, un apport indispensable à l'amélioration de la ville.

    Vous savez que tous les services communaux travaillent également d'arrache-pied à la création d'un nouveau quartier, l'éco-quartier des Vergers. A l'image de ce que je viens de dire pour les espaces publics, ce quartier sera un quartier pour tous, pour tous les âges, toutes les conditions sociales avec également des espaces publics pour tous permettant d'y déambuler en toute sécurité, d'y admirer la faune et la flore préservées, de pratiquer des activités physiques à toute âge et de se retrouver avec ses voisins. Pour que ce quartier soit vraiment habité par toutes les générations nous sommes aujourd'hui particulièrement attentifs à ce que les futurs maisons aient également des appartements adaptées aux personnes à mobilité réduite. La commune a aussi la volonté de faire participer les Meyrinois intéressés à développer ce futur quartier. L'expérience et les observations des aînés sont là aussi d'un précieux concours.

    Il n'y a pas un âge où l'on donne et un âge où l'on reçoit

    Tout en soulignant que c'est avec vous que Meyrin entend écrire l'avenir pour devenir une ville toujours plus solidaire, plus humaine, plus respectueuse de son environnement et de la planète afin d'assurer une qualité de vie également aux générations futures, nous savons aussi qu'avec l'âge, inévitablement, nous rencontrons des problèmes de santé, nos forces physiques diminuent, nous nous sentons plus fragiles et plus vulnérables. Par conséquent, nous ne pouvons pas tous contribuer de la même manière à la vie collective. Vous êtes donc aussi, Mesdames et Messieurs en droit de recevoir, de bénéficier de la solidarité et de l'entraide lorsque vous en avez besoin, comme tout être humain d'ailleurs.
    Ce que je voudrais relever pour conclure c'est qu'il n'y a pas un âge où l'on donne et un âge où l'on reçoit. Dès notre plus tendre enfance, nous apportons aux autres et nous recevons des autres et ce jusqu'à la fin de notre vie. Et permettez-moi d'ajouter fièrement qu'à Meyrin, c'est particulièrement vrai. L'entraide et la solidarité, la participation et l'engagement font partie des valeurs qui habitent toutes les générations, des valeurs qu'il est important de rappeler en ces jours de fêtes, de préserver et de développer continuellement.

    Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année, à vous, ainsi qu'à vos proches, et vous souhaite une année 2013 active, passionnante et en bonne santé.

    Pierre-Alain Tschudi, Maire

  • Discours à l'occasion de la remise du prix Alkarama des Droits de l'Homme 2012, 7 décembre 2012

    Discours prononcé lors de la cérémonie du Prix Alkarama pour les défenseurs des droits de l'homme, le 7 décembre 2012 au Centre international de Conférences de Genève (CICG).

     

    Monsieur le Président du Conseil de la Fondation d'Alkarama,
    Monsieur le Directeur de la Fondation Alkarama,
    Mesdames et Messieurs les représentants des missions permanentes auprès des Nations Unies,
    Mesdames et Messieurs les membres des familles des deux lauréats que nous honorons ce soir,
    Mesdames et Messieurs les membres de la Fondation Alkarama,
    Mesdames et Messieurs les invités,

    C'est pour la commune dont je suis cette année le maire, à savoir la ville de Meyrin, un grand honneur d'être associée à la remise du prix Alkarama 2012 et je voudrais tout d'abord vous transmettre les salutations solidaires des deux autres membres de l'exécutif de la commune de Meyrin, Madame Monique Boget et Monsieur Jean-Marc Devaud qui n'ont pas pu se libérer ce soir.

    Nous sommes honorés d'être parmi vous parce qu'il eut été certainement plus prestigieux pour la Fondation Alkarama de solliciter le maire de Genève ou celui de Paris, villes internationales mondialement connues. Ces derniers auraient certainement accepté l'invitation. Mais vous vous êtes adressé à Meyrin, petite ville de 22'000 habitants dans la périphérie genevoise. Vous vous êtes adressé à Meyrin parce que des liens se sont tissés,au fil du temps, entre votre Fondation et notre ville autour d'une préoccupation et d'un engagement qui nous sont communs, la défense des droits de l'homme. Ces liens ne sont certes pas très étroits, mais ils ne sont pas purement déclamatoires non plus.

    Ils se sont établis autour de deux événements que vous me permettrez d'évoquer brièvement: Meyrin est une ville où les habitants proviennent de plus de 130 nationalités. Certains sont arrivés à Meyrin non pas par choix, mais parce qu'ils ont été contraints, un jour, de fuir leur pays pour échapper à la persécution, la torture et la mort. Ils ont été contraints de fuir leur pays, parce que le pouvoir en place n'acceptait pas que des citoyens pensent différemment. Ils ont été contraints parce qu'ils avaient osé revendiquer la liberté. Or, «la liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement», comme l’a dit si justement Rosa Luxemburg. Parmi ces nouveaux Meyrinois, originaires des cinq continents, certains ont perdu des proches sans jamais pouvoir faire leur deuil, parce qu'ils n'ont jamais su où et dans quelles circonstances leurs proches, enlevés un jour à leur affection, avaient été éliminés.
    Alors, nous avons décidé avec ces familles de disparus, de créer à Meyrin un lieu de mémoire, un lieu de recueillement, un lieu de rassemblement pour exiger haut et fort et toujours que la vérité sur la disparition forcée des personnes soit établie et que justice soit rendue. Ce lieu c'est «le Jardin des disparus» de Meyrin, lieu de mémoire et d’engagement pour que l’oubli ne s’installe pas et pour qu’un jour ces pratiques cessent. Mais tant que la disparition forcée de personnes restera impunie, il y aura toujours des pouvoirs qui seront tentés d’y avoir recours. Ou, comme le dit le célèbre écrivain uruguayen Eduardo Galeano, «Pour que l’histoire ne se répète pas, il faut sans cesse la remémorer, l’impunité qui récompense le délit encourage le délinquant. Et lorsque le délinquant, c’est l’Etat, qui viole, vole, torture et tue sans rendre de comptes à personne, alors il donne lui-même le feu vert à la société entière pour violer, voler, torturer et tuer. Et la démocratie en paie, à longue ou courte échéances, les conséquences.»
    Dans le Jardin des disparus de Meyrin, nous avons planté cinq arbres, un de chaque continent, avec de la terre qui provenait des différentes régions où des femmes et des hommes ont été enlevés un jour pour s’être engagés en faveur de la justice, de la liberté et des droits humains. Cette terre, nous l’avons mélangée car dans le jardin des disparus, il n’existe plus qu’une seul terre, une terre de paix, de justice et de liberté.
    La Fondation Alkarama fait partie, dès le début,  il y a douze ans, du Jardin des disparus. Monsieur Rachid Mesli a apporté son aide et ses compétences, et nous a informés des pratiques de disparition forcée, plus particulièrement en Algérie. Cette rencontre autour d'un projet éminemment important pour de nombreux habitants de notre commune nous a également donné l'occasion de faire ainsi la connaissance de nombreuses associations de défense des droits de l’homme, dont la Fondation Alkarama.

    Le Jardin des disparus a certainement contribué à sensibiliser les autorités meyrinoises, quelle que soit leur orientation politique, aux droits de l'homme. Ainsi, lorsque nous avons appris au début de cette année, qu'un de nos concitoyens meyrinois avait été arbitrairement arrêté et emprisonné à Paris sans la moindre justification, il était évident que nous devions apporter notre contribution, aussi modeste soit-elle, pour tenter de le libérer.
    Ce concitoyen meyrinois, c'est Monsieur Mourad Dhina, votre Directeur exécutif, et je suis particulièrement heureux qu'il soit aujourd'hui à nouveau libre et parmi nous. Sa détention fut longue et particulièrement pénible pour sa famille, sa femme et ses enfants, que nous côtoyons régulièrement à Meyrin.
    Dès lors, il était important que des Meyrinois et y compris les autorités se montrent solidaires. Et il est réconfortant pour tous les défenseurs des droits de l'homme de voir que l'engagement et la solidarité permettent d'ouvrir les portes des prisons.

    Ceci nous encourage aussi à poursuivre notre combat pour que d'autres prisons s'ouvrent, notamment celles des deux lauréats du prix Alkarama 2012. Le choix de votre Fondation est particulièrement judicieux tant il est vrai que les projecteurs médiatiques, en se focalisant sur certains pays comme aujourd'hui la Syrie, l'Egypte ou la Palestine, ce qui s'explique évidemment par les événements dramatiques qui s'y déroulent, laissent dans l'ombre d'autres régimes, qui de ce fait se sentent plus libres de violer les droits humains. Je suis évidemment très sensible et révolté par l'arrestation, le 17 juillet de cette année, du Dr. Mohamed Abdullah Al Roken qui venait signaler aux services de sécurité la disparition de son fils et de son gendre dont on est sans nouvelle jusqu'à aujourd'hui. J'ignorais jusqu'alors que la disparition forcée de personnes se pratiquait également dans les Emirats arabes unis. Meyrin, à travers son Jardin des disparus, inclura désormais dans son engagement contre la disparition forcée de personnes, les disparus des Emirats arabes unis et leurs familles dont le Docteur Mohamed Abdullah Al Roken toujours détenu en cellule d'isolement.

    L'intimidation a toujours fait partie de la panoplie des armes des dictateurs. L'arrestation, il y a 5 ans, et la condamnation, il y a une année, à 30 ans de prison d'une personnalité tel que le Docteur Saud Mukhtar Al Hashimi, connu et reconnu pour son travail humanitaire en Irak, relève de cette volonté d'intimider, de tétaniser et de dissuader tous ceux qui auraient des velléités de liberté, c'est à dire de «penser autrement» que le gouvernement du Royaume d'Arabie Saoudite et de l'exprimer. La défense des droits de l'homme est un engagement pour la liberté des prisonniers d'opinion, pour la liberté de penser autrement, pour la liberté de pouvoir exprimer publiquement et avec d'autres cette pensée différente, pour la liberté de pouvoir échanger et débattre de cette pensée différente avec des hommes et des femmes partout à travers le monde, car ce n'est qu'ensemble, entre personnes d'origines, de cultures et de pensées diverses, mais appartenant toutes à un seul et même monde, notre communauté de destin, que nous arriverons à relever les énormes défis auxquels nous devons faire face pour assurer aux générations actuelles et futures un avenir meilleur.

    C'est fort de cette conviction et de cet espoir que je suis heureux d'être à vos côtés ce soir pour la remise du prix Alkarama 2012.

    Je vous remercie.

    Pierre-Alain Tschudi, Maire

  • Discours du 1er août 2012 sur la Campagne Charnaux

    Chers concitoyennes et concitoyens de Meyrin,

    Chers amis venus des communes voisines suisses ou françaises,

    Chers amis venus de plus loin encore,

    En cette période estivale et pour certains de repos et de vacances, les rencontres et les échanges que nous avons habituellement les uns avec les autres tout au long de l'année sont moins fréquents. Nous apprécions tous que le rythme de nos activités professionnelles, associatives, de formation ou politiques ralentissent quelques peu pendant l'été. Cependant, nous sommes heureux ce soir de cette occasion qui nous est offerte pour nous retrouver avec nos proches, nos amis, nos voisins, pour fêter ensemble, dans ce magnifique cadre de la campagne Charnaux, notre fête nationale.

    Remercions donc ceux qui ont pris la décision, il y a 121 ans seulement, de retenir la date approximative de la signature du Pacte de 1291, le premier août, comme acte fondateur de la Suisse. Car, jusqu'à la fin du XIX ème siècle, on considérait le 8 novembre 1307 comme date du serment du Grütli et donc comme jour de naissance de la Confédération. Imaginez un peu notre fête nationale un 8 novembre. Heureusement, au moment où l'on décida de faire de l'anniversaire de la Suisse un jour solennel, convivial et festif, le premier août s'imposa. Sans doute pour nous permettre de nous réunir au coeur de l'été, mais aussi à l'extérieur, dans de grands espaces, au coeur de ce que nous affectionnons particulièrement, nos montagnes, nos Alpes de neiges et nos campagnes. Même ceux qui vivent dans des villes, c'est-à-dire l'écrasante majorité des Suisses, expriment, en ce jour solennel, leur attachement à une Suisse plutôt bucolique, à une Suisse aux paysages variés et magnifiques. A Meyrin, nous avons la chance d'être une ville à la campagne, avec non seulement une campagne Charnaux qui relie la cité au village, mais aussi, à proximité, une nature cultivée, une nature sauvage protégée, ainsi qu'une vue imprenable sur les montagnes. Cela nous évite de devoir faire venir des vaches d'Hérens pour fêter notre pays.

    S'il est légitime, le soir du premier août, d'exprimer son ravissement de cette Suisse mise en valeur par les poètes d'abord, puis portée à l'écran et transportée sur des cartes postales, il est de notre responsabilité, les 364 autres jours de l'année, de protéger ce paysage et cette nature pour que les générations futures puissent également s'en émerveiller.

    Car cet environnement qui nous est cher, doit être préservé, protégé et défendu, non pas contre un ennemi extérieur qui souhaiterait s'en emparer, mais contre les nombreuses atteintes que nous lui portons et qui menacent aujourd'hui de nombreuses espèces végétales et animales, les régions alpines, nos cours d'eau, l'air que nous respirons et finalement notre propre espèce, les humains. Tout un chacun est appelé à mesurer la portée de ses actes sur l'environnement. La Suisse fait partie des pays industrialisés qui surexploitent aujourd'hui la planète, qui consomment plus de ressources que celle-ci ne peut produire. En d'autres termes, il faudrait près de trois planètes Terre si tous les habitants des cinq continents menaient le même train de vie que les Suisses en moyenne. Aucun habitant de la Suisse, attaché aux valeurs profondes de justice et de solidarité qui caractérise notre pays, ne peut souhaiter qu'une partie de la population mondiale continue à vivre dans la misère afin que nous n'ayons pas à remettre en question certaines de nos habitudes.

    Consciente des menaces qui pèsent sur notre environnement, mais aussi sur notre économie et notre vie sociale, la Suisse s'est engagée dans sa nouvelle constitution, il y a douze ans, à établir un équilibre durable entre la nature, en particulier sa capacité de renouvellement, et son utilisation par l'être humain. Mais notre pays est tout petit et les défis sont à l'échelle de la planète. Dès lors, fallait-il baisser les bras, se résigner devant l'ampleur de la tâche, se barricader et sauver quelques meubles ? Ce n'est pas ce qu'on attend de la Suisse, pays qui revendique un engagement humaniste, humanitaire et solidaire.

    Deux ans après l'adoption de leur nouvelle Constitution, c'est-à-dire, il y a dix ans cette année, les Suisse décidaient enfin d'adhérer pleinement à l'Organisation des Nations Unies. Le canton de Genève y était particulièrement favorable. Cela faisait certes déjà longtemps que des diplomates suisses s'activaient dans les différentes organisations affiliées aux Nations Unies et participaient dans les conférences mondiales sur les grands enjeux planétaires, comme lors du sommet de la Terre de Rio en 1992. L'adhésion de la Suisse à l'Organisation des Nations Unies traduisait la prise de conscience des Suisses que désormais notre avenir dépendait de celui des autres, que c'est ensemble que nous résoudrions les problèmes auxquels nous devons faire face et que la Suisse ne pouvait plus se contenter d'un strapontin de spectateur, mais devait agir en acteur responsable et solidaire. Ainsi, depuis 10 ans, la Suisse s'implique de plus en plus à l'ONU pour y appuyer ceux qui y défendent la vision d'un développement durable, d'un modèle de développement qui permette de satisfaire les besoins des générations actuelles, en commençant par les besoins des plus pauvres, sans compromettre la possibilité, pour les générations suivantes, de satisfaire les leurs.

    Ce modèle de développement existe, il entraînera des transformations profondes qu'aujourd'hui la société n'est sans doute pas encore prête à entreprendre, mais qui font désormais partie du débat démocratique indispensable pour construire un avenir durable pour nos enfants. Ces grandes transformations se heurtent aussi à de puissants lobbys qui défendent des intérêts particuliers et des visons de profit à court terme, mais il suscite d'autre part un intérêt grandissant auprès de celles et ceux qui cherchent une issue pacifique et démocratique globale aux crises financières, économiques et écologiques qui ébranlent la planète et nos certitudes. Défendre aujourd'hui notre pays que nous fêtons ce soir et ses habitants, c'est s'engager dans ces transformations.

    La Suisse a des atouts incontestables. Tout au long de son histoire récente, elle a misé sur sa matière grise, sur le développement de compétences scientifiques et technologiques pointues pour pallier à l'absence de matières premières. Représentant la Suisse au nouveau sommet de la Terre en juin de cette année, la Conseillère fédérale Doris Leuthard s'est engagée à donner un coup d'accélérateur aux travaux entrepris pour instaurer une économie verte en Suisse, une économie qui à pour but de réduire à un niveau supportable l'emprise de nos activités sur l'environnement. On sait par ailleurs que cette réorientation permettra également de créer de nombreux emplois dans des secteurs variés comme la construction, les énergies renouvelables, les transports en commun etc.

    Pays riche, la Suisse a les moyens, pays doté de centres de recherche de pointe, la Suisse a les compétences, pays démocratique, les Suisses peuvent décider de réorienter l'économie vers une économie d'avenir décarbonisée et dénucléarisée, une économie créatrice d'emploi et respectueuse de notre environnement.

    Malgré la crise financière en Europe et les récents bouleversements de l'ordre mondial, avec la montée en puissance des pays émergents et leur aspiration à un niveau de vie semblable à celui des pays industrialisés, malgré l'absence actuelle au niveau mondial de réponses à la crise énergétique, climatique, alimentaire et sanitaire, je veux croire en la capacité de notre pays et de ses habitants de s'engager pour l'avenir.

    Je suis également confiant en notre pays, parce que dans le préambule du pacte de 1999, je veux parler de la Constitution fédérale, préambule qu'il serait peut-être plus judicieux de rappeler le jour de la fête nationale que le pacte de 1291, le peuple suisse s'engage à assumer ses responsabilités envers les générations futures conscient de sa responsabilité envers la Création; il s'engage également à renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres. On retrouve là, réactualisées et réaffirmées, les valeurs de solidarité et de responsabilité qui nous unissent et nous engagent toutes et tous, chacune et chacun d'entre nous.

    Cet engagement, les autorités communales meyrinoises le tiennent en s'efforçant de créer et de promouvoir des logements et des quartiers de qualité économes en énergie et produisant de l'énergie solaire, en préservant la biodiversité et en donnant toute sa place à la nature en ville, en promouvant une mobilité saine, sûre et respectueuse de notre environnement, en soutenant les liens de solidarité et les lieux de vie auxquels contribuent les nombreuses associations meyrinoises sans lesquelles la fête de ce soir ne serait pas aussi belle. Ce qui démontre, s'il en est encore besoin, que la qualité de vie à Meyrin ne dépend pas exclusivement de choix politiques, mais aussi de la participation de l'ensemble des citoyennes et citoyens de toutes origines et de toutes nationalités qui forment la diversité et la richesse de notre collectivité meyrinoise.

    Au niveau cantonal genevois, le 14 octobre prochain les électrices et électeurs sont également appelés à renouveler leur pacte cantonal, leur Constitution. A l'instar de la Constitution fédérale, le projet de nouvelle Constitution genevoise expriment des droits et des engagements fondamentaux que l'actuelle Constitution ne mentionne pas. D'aucuns s'en réjouiront, d'autres seront déçus et déploreront une prise en considération insuffisante des grands enjeux d'avenir. Cet automne est un moment important de la vie démocratique genevoise. Les habitants de Genève bénéficiant du droit de vote au niveau cantonal devront choisir entre la Constitution actuellement en vigueur et le projet de nouvelle Constitution, un débat doit s'ouvrir qui interpelle chacune et chacun et l'engage à prendre position. Il serait regrettable pour la démocratie, dommageable pour un peuple qui se dit épris de liberté d'ignorer ou de rester indifférent à ce débat de société. Car seul est libre qui use de sa liberté.

    Genève, canton suisse, exprime aussi sa responsabilité dans un développement équilibré, soutenable et durable en s'engageant résolument dans une coopération régionale franco-valdo-genevoise. Rien n'est gagné, certains doutent que les engagements soient tenus et que la qualité de vie de ce qu'on appelle désormais le Grand Genève s'améliore. Rien n'est jamais gagné certes, mais ce qui est en tous cas perdu, c'est ce pour quoi l'on renonce à se battre. Là encore, une participation active des citoyennes et des citoyens au-delà des frontières communales, cantonales et nationales permettra de mieux appréhender ensemble l'avenir.

    Mesdames, Messieurs, chers amis,

    Si je suis particulièrement fier d'être Suisse ce soir, c'est parce que je crois en la volonté et la capacité des habitants de notre pays de prendre leur destin en main, forts de l'admiration que nous portons tous à notre paysage, nos espaces naturelles, notre environnement, forts aussi de notre attachement aux valeurs de justice sociale, de solidarité et de responsabilité, forts enfin de notre inventivité et de notre créativité pour relever les nombreux défis de ce 21ème siècle,

    Si je suis particulièrement fier d'être Suisse ce soir, c'est aussi parce que cet après-midi à 16 heures sur la plaine mythique du Grütli, un gamin de Meyrin, ancien Président du Parlement des jeunes, réfugié accueilli dans notre commune à l'âge de 6 ans avec sa mère et sa soeur, a été invité à tenir le discours officiel du premier août.

    Si je suis particulièrement fier d'être Suisse ce soir, c'est parce que je crois que dans les grandes transformations que nous devrons entreprendre, il y a une place et une tâche pour chacune et chacun d'entre nous. Cela nécessitera forcément de nouveaux engagements, de nouveaux pactes d'aide et de coopération, impliquant de nouveaux acteurs, tels que la Suisse les a connus tout au long de son histoire,

    Si je suis particulièrement fier d'être Meyrinois ce soir et de vivre au coeur d'une région dynamique qui dépasse les frontières c'est que je sais qu'ensemble nous y arriverons.

    Fiers de nos capacités d'agir, forts des liens qui nous unissent, confiants en l'avenir malgré les incertitudes, déterminés à relever les défis de demain, réjouissons nous et faisons ensemble la fête ce soir. Je remercie celles et ceux qui ont oeuvré et oeuvrent encore pour l'organisation et le bon déroulement de cette belle fête du premier août.

    Vive Meyrin, vive Genève, vive le Grand Genève, vive la Suisse, vive la Terre, notre grande communauté de destin.

    Pierre-Alain Tschudi, maire, 1er août 2012

     

  • Discours lors de l’inauguration de la galerie d’évacuation des eaux non polluées, le 22 juin 2012

    En attendant la réalisation du Lac des Vernes

    Monsieur le député,
    Monsieur le Président du Conseil municipal,
    Mesdames et Messieurs les conseillères et conseillers municipaux,
    Messieurs les anciens conseillers administratifs,
    Mesdames et Messieurs les représentants des services de l’Etat,
    Messieurs les mandataires et exécutants de l’ouvrage que nous inaugurons ce soir,
    Mesdames et Messieurs les représentants des associations,
    Mesdames et Messieurs, chers amis,

    Trois sentiments m'animent ce soir, la joie, l’amertume et l’espoir. Trois sentiments que mes deux collègues du Conseil administratif, Monique Boget et Jean-Marc Devaud, partagent, et que je souhaiterais en introduction de cette soirée vous transmettre, Mesdames, Messieurs, chers amis.

    De la joie d’abord parce qu'après plus de 10 ans de travaux, certes interrompus, Meyrin dispose aujourd'hui d'une galerie impressionnante d'évacuation des eaux non polluées longue de 2080 m. Pour réaliser cet ouvrage sans trop affecter la population, de nombreux défis ont dû être relevés et de nombreuses prouesses techniques accomplies. Le chantier s'est quasiment fait sans que les habitants ne s'en rendent compte, grâce à une méthode révolutionnaire importunant très peu la population riveraine et le trafic. Seuls quelques puits d'accès étaient visibles. Le reste de l'excavation s'est fait par forage souterrain à l'aide de machines pousse-tubes. C'est donc dans des profondeurs de 5 à 15 m que les travailleurs que j'ai eu l'occasion de remercier à midi ont travaillé ces dernières années. Parfois ils avançaient de 10 m en un jour, parfois lorsqu'ils devaient creuser dans la molasse ils ne progressaient que d'un seul mètre. Il s'agit là d'un des plus grands chantiers de pousse-tubes en Suisse qui arrive à son terme dont les artisans sont à juste titre très fiers. Vous aurez, à l'issue de cette partie officielle, l'occasion unique de découvrir une petite partie de cette réalisation.

    Joie aussi, parce qu'au cours de ce chantier pourtant périlleux aucun accident grave ne s'est produit, ce qui indique aussi que les entreprises ont été très attentives à la sécurité. Encore une fois, je leur exprime au nom de la commune de Meyrin toute ma gratitude.

    Pourquoi la commune de Meyrin a-t-elle dû engager ces travaux ?

    Tout d'abord parce que la loi fédérale nous y obligeait. La Suisse consciente de l'importance vitale de l'eau pour l’homme et la nature, ainsi que de la dégradation et pollution de nos cours d'eau s'est dotée il y a 21 ans d'une loi fédérale sur la protection des eaux. Le but de cette loi est notamment de préserver la santé des êtres humains, des animaux et des plantes, de garantir l'approvisionnement en eau potable, d'assurer l'irrigation des terres agricoles et de sauvegarder les biotopes naturels qui abritent la faune et la flore indigènes.

    Pour atteindre ces buts, cette loi exige désormais une évacuation séparée des eaux polluées (eaux domestiques et industrielles) qui doivent être impérativement traitées d'un côté et des eaux non polluées (eaux de pluie) de l'autre qui sont directement déversées dans des cours d'eaux comme par exemple le Nant-d’Avril. Cette loi s'explique notamment par le fait que les stations d'épuration des eaux n'arrivent pas à absorber toutes les eaux en cas de fortes précipitations. Il arrive donc chez nous lors de fortes crues que des eaux polluées mélangées aux eaux de pluies soient directement déversées dans le Nant-d'Avril et y provoquent érosion et pollution. C'est donc non seulement par obligation légale, mais également par conviction que Meyrin s'est attelée à la mise en réseau séparatif de ces eaux. Conviction qu’il fallait au plus vite protéger nos cours d'eau, le Nant-d'Avril et le Rhône. Il semble aujourd'hui incroyable qu'on puisse encore rejeter directement des eaux contaminées dans un cours d'eau comme le Nant-d’Avril qui représente un biotope important dans sa partie naturelle. Il fallait agir au plus vite sachant, comme l’indique un récent rapport de l’office fédéral de l’environnement, qu’avec le réchauffement climatique le nombre de fortes précipitations va augmenter.

    La mise en réseau séparatif représente pour Meyrin une tâche plus importante que pour d'autres communes et ceci pour deux raison évidentes, la première c'est que nous sommes devenus une ville avec peu de possibilités d'infiltration directe des eaux et l'autre que le cours d'eaux qui peut réceptionner les eaux non polluées meyrinoises est plutôt en périphérie de notre commune.

    Cela explique que les travaux soient plus conséquents à Meyrin que dans d'autres communes. Il faut ici aussi saluer le fait que la plus grande partie des immeubles sont déjà raccordés au réseau séparatif. La galerie d'évacuation peut recueillir les eaux claires de la plus grande partie de la Cité, mais également d'une partie de Meyrin-Village et de la Zone industrielle.

    Et c’est à cet instant précis qu’apparaît l’amertume qui vient atténuer la joie. Bien que la plus grande partie de Meyrin soit désormais raccordée à un réseau d'évacuation des eaux non polluées, celui-ci restera pour l'instant un réseau dormant et Meyrin continuera à déverser, lors des gros orages, des eaux polluées dans le Nant-d'Avril. Meyrin est désormais parmi les dernières communes en Suisses à mélanger eaux polluées et eaux non polluées. Aujourd'hui, normalement nous devrions pouvoir également inaugurer le maillon manquant de cet important réseau: le lac des Vernes (situé derrière moi). Ce lac a été imaginé vers 1995, toujours pour répondre à la loi fédérale sur la protection des eaux qui prévoit que, pour protéger des biotopes naturels, des mesures de rétention des eaux doivent être prises afin de régulariser le débit en cas de fortes crues. Pour protéger le Nant-d'Avril, il était donc nécessaire de prévoir un bassin de rétention. Afin que ce bassin de rétention ne protège pas que le Nant-d'Avril, mais apporte également un espace de loisirs, de découverte de la nature et de détente aux Meyrinois il a été imaginé sous forme d'un lac. Depuis cette date, il n'a cessé d'être étudié, contesté, rêvé, revendiqué jusqu'au 14 juin 2004, il y a 8 ans, où il a finalement été plébiscité lors d'un vote populaire. Ce vote, ainsi que le soutien de l'Etat de Genève à ce projet, ont permis par la suite de poursuivre le chantier de la galerie d'évacuation des eaux de pluie qui devait normalement arriver à terme en même temps que le lac.

    N'arrivant pas à nous mettre d'acord sur le prix de vente avec un des propriétaires, la Commune a initié une procédure d'expropriation et déposé une demande d'autorisation de construire. A chaque phase, les propriétaires ont recouru. La Commune est disposée à payer pour l'acquisition des terrains un prix qu'une instance neutre estimerait juste, voire même un peu plus si cela permettait de sortir de cette guerre juridique. La sauvegarde de l'eau et de la biodiversité n’ont pas de prix. Mais comme c'est de l'argent du contribuable qu'il s'agit, la Commune ne peut pas non plus se permettre de payer n'importe quel prix. Nous sommes donc aujourd'hui quelque peu amers de ne pouvoir inaugurer qu'un gigantesque ouvrage qui pour l'instant ne sert strictement à rien tant que le lac des Vernes ne sera pas réalisé. C'est pourquoi, nous avons décidé qu'il n'y aura pas de coupé de ruban, que celui-ci n'aura lieu que lorsque nous inaugurerons tous ensemble le dernier maillon du réseau, le lac des Vernes. Toutefois, nous l’avons déjà acheté en signe d'espoir. L’espoir, ce troisième sentiment qui nous anime.

    Il faut que je vous dise, que les autorités communales ne se sont pas contentées depuis 2004 de chercher un accord avec les propriétaires des terrains, soit à l'amiable, soit par voie judiciaire, mais ont continué à tout mettre en oeuvre pour améliorer le projet du lac. Le temps qui s’est écoulé (à défaut de l’eau du lac) n'est de ce fait de loin pas que du temps perdu. Je vous invite à l'issue des discours d'aller visiter l’exposition sur le nouveau lac des Vernes, projet 2012, exposition qui se situe vers l'entrée de la patinoire.

    Ce lac n'est plus seulement un agréable bassin de rétention qui protège le Nant-d'Avril, ce qui en soit n’était déjà pas si mal, mais il est devenu de plus un véritable biotope, incluant un parcours pédagogique, des postes d'observation de la faune et de la flore, un espace naturel de détente, qui s'inscrit dans la volonté de la ville de Meyrin, de mettre plus de nature dans la ville. Avec le lac des Vernes, Meyrin vient compléter un véritable couloir biologique incluant les marais de Mategnin, la réserve naturelle du bois de la Maille inaugurée récemment, plusieurs prairies inondables, un Jardin alpin bientôt restauré et revalorisé. Les instances cantonales, ainsi que les plus importantes associations de défense de l'environnement comme le WWF et Pro Natura adhèrent au projet et reconnaissent, grâce à cette cohérence, l'importance du lac des Vernes pour la préservation des espèces végétales et animales.

    Le lac des Vernes s'est également amélioré au fil du temps grâce au projet d'éco-quartier des Vergers avec lequel il est désormais intrinsèquement lié. L'éco-quartier des Vergers disposera d'un système de chauffage exemplaire que je ne détaillerai pas ici, mais qui nécessite également le lac des Vernes.

    Le lac des Vernes, Mesdames, Messieurs, est désormais à la croisée des chemins entre un réseau séparatif qui vise à préserver et améliorer le Nant-d'Avril, un couloir biologique qui vise à préserver la biodiversité et un éco-quartier exemplaires dont il contribue à améliorer l’efficience énergétique grâce au label Minergie A.

    J'ai donc le ferme espoir que nous trouverons un accord pour pouvoir réaliser prochainement le lac des Vernes, et avec le lac des Vernes ces différents projets qui nous tiennent tous à coeur.

    J'ai donc le ferme espoir de pouvoir prochainement couper le ruban avec vous tous évidemment, mais également avec une famille, propriétaire de terrains, à laquelle je pense fortement ce soir, et qui, je l’espère, sera bientôt réconciliée avec sa Commune.

    Je vous remercie.

    Pierre-Alain Tschudi, Maire, 22 juin 2012

  • Discours lors de la cérémonie de fin de scolarité obligatoire du Cycle de la Golette, juin 2012

    Madame la Directrice,

    chers élèves que nous fêtons aujourd’hui,

    chers parents,

    chers enseignant-e-s , donc chers collègues,

    Je prie les adultes de ne pas faire trop de bruit pour que les élèves à qui s’adresseront plus particulièrement mes quelques propos puissent bien m’entendre.

    En effet, si le maire que je suis aussi, en dehors d’être prof d’allemand et d’histoire, fait un petit discours ce soir c’est pour souligner que cette manifestation marque une étape importante de votre vie qui mérite qu’on s’y attarde un bref instant.

    Jusqu’à présent, vous avez suivi votre scolarité sur le territoire communal, d’abord à l’école primaire, puis ces trois dernières années au cycle. Là, vous allez prendre en quelques sortes votre envol et poursuivre votre parcours de formation ailleurs. Votre champ d’action va s’étendre au-delà des frontières communales, mais la Commune ne souhaite pas que vous lui tourniez le dos. Elle souhaite au contraire que vous mettiez à profit vos connaissances acquises au cours de votre scolarité pour le bien de la collectivité. Votre Commune, notre ville de Meyrin, a besoin de la participation de ses habitants pour bénéficier d’un cadre de vie dans lequel tous se sentent bien. Vous pouvez y contribuer et ainsi consolider les liens que vous avez tissés avec Meyrin. Vous auriez peut-être aimé que je vous dise ce que la Commune pouvait vous apporter.

    Je préfère m’adresser aux jeunes responsables que vous êtes pour évoquer ce que vous pouvez apporter à votre ville, pour vous inviter à vous impliquer, à participer, plutôt qu’à vous en remettre aux autres. 14 ans c’est l’âge parfait pour cela.

    Permettez-moi de vous dire deux mots d’un grand bonhomme qui a été assassiné il y a 70 ans. Janucz Korczak était avant la deuxième guerre mondiale une personnalité très connue, il était médecin- pédiatre, écrivain. Il est aussi un précurseur reconnu de la mise en pratique des droits de l’enfant. Le jour où les enfants juifs de l’orphelinat qu’il dirigeait sont enfermés dans le ghetto de Varsovie, il ne les abandonne pas, il se battra chaque jour pour leur trouver de la nourriture et leur prodiguer des soins. Et lorsque ces enfants seront emmenés au camp d’extermination de Treblinka, il refusera à nouveau de les abandonner et sera exterminé avec eux. On retrouvera après la guerre, son journal. Il y notait volontiers ses pensées à 6 heures du matin dans son lit quand les enfants dormaient encore. Un matin, il se souvient de ses 14 ans. Il écrit: Quatorze ans, je regarde autour de moi, je distingue, je vois. Mes yeux devaient s’ouvrir et ils se sont ouverts. J’existais non pour être aimé et admiré, mais pour agir et aimer moi-même. Il ne s’agissait plus d’être protégé par les miens, mais d’un devoir pour moi de prendre soin du monde et de l’homme. Et Janucz Korczak s’est ensuite engagé toute sa vie pour les autres. Aujourd’hui, 70 ans après sa mort tragique, le monde entier se souvient de lui.

    Ce qu’il écrit dans le ghetto de Varsovie sur ses 14 ans, c’est ce que vous vivez vous élèves de fin de 11ème Harmos aujourd’hui. Enfant, vous demandiez à être protégé par vos parents, vos enseignants, être aimé de tous, aujourd’hui, vous revendiquez plutôt votre indépendance, vous êtes en âge d’agir, d’aimer et de prendre soin du monde et des autres. Et les autres et le monde ont besoin de votre engagement, car le monde ne va pas bien.

    La semaine dernière, les gouvernements des pays de la planète se sont réunis à Rio de Janeiro.

    Ils étaient tous d’accord sur les constats: la perte de biodiversité, le réchauffement climatique, la dégradation de l’eau, auront des conséquences dramatiques si l’on ne fait rien, mais ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur les mesures efficaces à prendre. Brittany Tillford, une jeune fille néo-zélandaises, à peine plus âgée que vous a eu les courage d’interpeller les chefs d’Etat. Et leur a dit : « Je suis là pour me battre pour notre avenir. Demandez vous pourquoi vous êtes là. Pour sauver la face ou nous sauver ? » Aujourd’hui, Brittany et nous tous le savons, Nous ne pouvons pas compter sur les gouvernements pour améliorer notre futur, mais nous devons compter sur nous-mêmes. Et tous ensemble, nous y arriverons, nous pouvons préparer l’avenir que nous voulons. Et c’est là, chers élèves, que vous allez pouvoir mettre à profit tout ce que ce que vous avez appris à l’école ces onze dernières années.

    Vous savez désormais l’importance de préserver la faune et la flore pour l’avenir de l’humanité. Vous savez désormais vous documenter, vous défendre, argumenter, rédiger. Toutes ses compétences acquises et bien d’autres, vous les mettrez à profit pour prendre soin de vous, du monde et des autres La commune dans laquelle vous vivez partage aussi vos préoccupations d’avenir. Elle se bat également pour léguer aux générations futures une qualité de vie satisfaisante, mais elle a besoin pour cela de l’engagement de ses habitants, jeunes et moins jeunes, donc de vous. Comment s’engager ? Il y a mille façons, que ce soit dans des associations qui se préoccupent de la nature comme le WWF ou Pro Natura, dans des associations qui s’engagent pour un commerce équitable, comme les Magasins du Monde, ou qui soutiennent des projets de développement dans des pays pauvres, ou en participant à des projets au centre de loisirs ou au Parlement des Jeunes.

    De plus en plus, vous aurez des choix à faire, des décisions à prendre concernant vos choix professionnels, mais aussi vos choix de citoyens. Cela ne sera pas forcément facile, mais même si ces décisions vous appartiennent, vous continuerez à être aidés, conseillés, soutenus par des adultes, vos parents, bien évidemment, par des professionnels sur vos futurs lieux de formations, mais aussi par des amis. Vous-mêmes vous allez donner des conseils à vos amis. C’est en discutant avec les autres, en confrontant points de vue et idées, qu’on arrive à se forger une opinion. Même si l’on est responsable de son avenir, même si l’école vous a apporté les connaissances qui vous permettent d’être indépendant, vous aurez toujours besoin d’apprendre, vous aurez toujours besoin des autres et les autres de vous. C’est notre destinée commune. En attendant, je vous souhaite d’excellentes vacances et me réjouis de vous retrouver à la rentrée dans les rues de Meyrin pour parler de tout cela si vous le désirez.

    Pierre-Alain Tschudi, Maire

     

     

  • Dès le 1er juin 2012, Meyrin s’offre pour la première fois un maire vert, juin 2012

     

     

    Le 17 avril 2011, les Meyrinois élisaient pour la première fois un Vert au Conseil administratif en la personne de Pierre-Alain Tschudi. Elu en deuxième position derrière Monique Boget, socialiste, et devant Jean-Marc Devaud, démocrate-chrétien, il lui revient donc cette année d’assumer, à partir du 1er juin 2012, la fonction de maire. Il entame ainsi sa seconde année au sein du Conseil administratif. Nous avons souhaité lui poser quelques questions à cette occasion, histoire de tirer un premier bilan au bout d’une année au sein de l’exécutif meyrinois et de connaître ses intentions pour cette année de maire.

     

    La Feuille verte : Qu’est-ce qui a changé pour toi au cours de cette année au Conseil administratif hormis quelques cheveux blancs en plus ?

     

    Pierre-Alain Tschudi : Les cheveux blancs sont le signe que le temps passe. Au Conseil administratif, il passe encore plus vite. On ne voit d’ailleurs plus le temps passer, parce qu’on est amené, au cours d’une journée, à se préoccuper de très nombreuses questions extrêmement variées qui, même si elles ne sont pas toutes primordiales à l’échelle de la commune, ont en revanche chacune une grande importance au moins pour quelques uns de nos concitoyens. Je m’efforce donc, dans la mesure de mes moyens, de n’en négliger aucune.

     

    La Feuille verte : Et alors arrives-tu à résoudre ces questions ?

     

    PAT : Nous vivons en société, c’est donc toujours à plusieurs que les questions se résolvent. Un conseiller administratif n’a que très peu de pouvoir, d’abord parce qu’à Genève, les communes ont très peu de compétences, ensuite parce qu’il dépend des crédits que le Conseil municipal accepte de voter. En revanche, un conseiller administratif a de l’influence et donc une responsabilité particulière. Sa tâche principale réside dans le fait de convaincre, convaincre les communiers, le Conseil municipal, l’Etat de Genève, etc. Pour faire avancer un projet, résoudre un problème, il faut avoir la volonté de trouver un accord entre toutes les personnes concernées. Pour y parvenir, il faut être capable de comprendre l’autre et de trouver avec les autres la meilleure solution possible dans l’intérêt général, y compris celui des générations futures. Cela requiert d’abord de l’écoute, une disponibilité au dialogue, du plaisir à échanger avec les autres, de la patience, mais aussi de la ténacité et la volonté de se battre pour défendre ses valeurs et ses convictions profondes.

    J’aime débattre et échanger des idées, défendre des projets qui me tiennent à cœur, mais j’aime surtout aussi le faire en collaboration avec les autres. En fait, c’est ce que j’ai toujours aimé faire, mais que j’ai maintenant le privilège de faire à plein temps et, de plus, avec des collaboratrices et collaborateurs très motivés en engagés, ainsi qu’avec des collègues qui ne partagent peut-être pas toujours les mêmes idées, mais qui ont la même volonté de servir la collectivité meyrinoise.

     

    La Feuille verte : Quelles sont tes priorités ?

     

    PAT : Ayant en charge les aîné-e-s, la sécurité, l’urbanisme, l’aménagement du territoire et les travaux publics, mes priorités sont dictées en partie par les responsabilités qui m’ont été confiées. Mais de façon plus générale, mes priorités sont surtout dictées par la situation préoccupante de notre planète. Les changements climatiques, le tarissement des énergies fossiles, la situation préoccupante de l’eau, la perte de la biodiversité, la détérioration de la qualité de vie dans les villes exigent une réorientation rapide de notre mode de produire, de consommer et de vivre. Nous traversons la pire crise économique et écologique que le monde ait connue. Cette crise est de plus source de conflits majeurs. Seule une prise de conscience planétaire et une volonté partagée de trouver des solutions ensemble permettra de s’en sortir. Et surtout une prise de conscience que chacune et chacun doit contribuer à cet effort commun. De toute évidence, cela est aussi une priorité pour Meyrin. Mais je reste convaincu que ce défi que nous nous devons de relever est aussi une chance, celle de pouvoir inventer, créer, construire ensemble une vie économique et sociale saine, de retrouver une meilleure qualité de vie en réalisant de nouveaux logements chez nous, en remettant de la nature en ville, en recréant des liens de solidarités quelque peu perdus. Les entreprises prêtes à contribuer à relever ces défis et à s’engager dans un développement durable sont aussi créatrices d’emplois. L’éco-quartier des Vergers est aujourd’hui le projet phare de la commune qui suscite une attente énorme et beaucoup d’enthousiasme. Ce quartier modèle doit trouver sa place dans une ville de Meyrin qui s’engage toute entière pour devenir une ville durable.

     

    La Feuille verte : Qu’est-ce que c’est qu’une ville durable ?

     

    PAT : Une ville durable c’est une ville dense qui s’oppose à la dispersion spatiale, source de gaspillage des terres agricoles, de destruction du paysage, de problèmes de mobilité et de pollution. Meyrin a suffisamment sacrifié sa zone agricole. Désormais, les nouveaux logements se construiront à l’intérieur des zones habitées, par des surélévations essentiellement. Et nous aurons besoin de nouveaux logements. Nos enfants se plaisent tellement à Meyrin. N’est-ce pas un peu notre faute ?

    Une ville durable c’est une ville qui préserve la biodiversité et met de la nature en ville, favorisent la création de potagers urbains entre les immeubles, réhabilitent le Jardin alpin, réalisent le Lac des Vernes, le parc arborisé au cœur de la cité, une ville où l’on découvre, au gré des promenades, des plantes et des légumes dont on avait oublié l’existence, où les hiboux ( et non pas les motos) nous empêchent de dormir.

    Une ville durable, c’est une ville qui s’engage à réduire ses émissions de CO2, qui augmente l’efficacité énergétique des bâtiments et autres installations, qui produit et consomme des énergies renouvelables. Meyrin est une ville qui a un potentiel énorme de production d’énergie solaire.

    Une ville durable, c’est une ville qui développe une mobilité saine et respectueuse de l’environnement, qui assure à ses habitants des déplacements à vélo, à pied et en transports publics en toute sécurité.

    Une ville durable, c’est une ville qui se préoccupe de ses cours d’eau et de sa nappe phréatique, qui sépare les eaux pluviales des eaux usées afin que ces dernières ne soient pas déversées directement dans nos rivières les jours de fortes crues. Aujourd’hui le Lac des Vernes des Vernes est une urgence pour tous ceux qui se préoccupent de l’eau indispensable à la vie.

    Une ville durable c’est une ville solidaire où les citoyennes et les citoyens s’engagent, se soutiennent, s’entraident et donnent aux collectivités publiques les moyens de rendre leur dignité aux victimes de notre société, bref où les habitants prennent soin de leurs voisins et de leur environnement.

    Une ville durable c’est une ville qui crée de l’emploi durable, accueille des entreprises qui se préoccupent du devenir de notre planète.

    Une ville durable c’est une ville qui trie ses déchets et qui en produit le moins possible.

    Une ville durable c’est une ville ouvertes qui échangent avec d’autres villes durables, qui partagent des expériences et des savoirs parce qu’on est jamais intelligent tout seul.

    Une ville durable c’est ……..

     

    La Feuille verte : Heuh, et ton année de maire comment l’envisages-tu ?

     

    PAT : Je n’ai aucune expérience de maire, mais a priori cela ne va pas changer grand-chose à mes engagements. Le Conseil administratif est une équipe collégiale qui partage ses préoccupations et décident ensemble. Le maire est plus fortement sollicité par les habitants, les médias, les associations. Je compte donc profiter de ces sollicitations pour entendre les préoccupations des Meyrinois-es et échanger sur le devenir de Meyrin. Cela dit, c’est déjà ce que j’ai cherché à faire cette année. Je profiterai du cinquantenaire de la ville de Meyrin pour rendre hommage aux pionniers. En effet, Meyrin est devenue ville il y aura 50 ans en 2013. Elle n’est pas seulement devenue ville parce qu’elle a atteint 10'000 habitants, mais parce que les habitants d’alors ont décidé d’en faire une ville plutôt qu’une cité-dortoir et se sont engagés, se sont investis dans des associations, des groupes d’habitants et ont mis de la vie dans la ville. Mon objectif sera d’échanger avec les concitoyens pour que, riche de l’expérience de notre Histoire, nous écrivions ensemble de nouvelles pages de l’Histoire meyrinoise. Personne ne doit manquer à l’appel pour créer la ville durable. Pour remettre la nature en ville, nous avons besoin de l’expérience et des compétences des agriculteurs ; pour développer les nouvelles solidarités et créer des réseaux d’entraide nous avons besoin de l’expérience associative des aînés, ainsi que la force et le dynamisme des jeunes, pour relever les défis énergétiques, nous avons besoin de l’inventivité et de la créativité des chercheurs, des entrepreneurs, des constructeurs, pour mettre du plaisir, de l’intelligence et de la vie dans la ville, nous avons besoin des initiatives et des idées de toutes et de tous.

     

    La Feuille verte : Merci de cet entretien et bon courage pour ton année de maire.

     

     

     

  • Finalité de l'école genevoise, 4 novembre 2010

    MEMORIAL  
    Session ordinaire no. 24
    de l'Assemblée constituante
    Salle du Grand Conseil - 2, rue de l'Hôtel-de-Ville
    Jeudi 4 novembre 2010




    La présidente. Merci Monsieur Barde. La parole est à M. Pierre-Alain Tschudi.

    M. Pierre-Alain Tschudi. Merci Madame la présidente. Notre Assemblée, à juste titre, a adopté une thèse qui indique que le droit à l’éducation, à la formation et à la formation continue est garanti. On aurait sans doute pu être plus explicite, en affirmant à l’instar du Conseil de l’Europe que tous ont un droit à la qualité et à l’équité en éducation. Dans une société inégalitaire, l’égalité des chances n’existe pas. L’Etat a donc pour mission d’offrir à tous et toutes une formation de qualité. Les thèses minoritaires qui soulignent que l’Etat a pour mission de mettre des moyens à disposition contre l’échec scolaire et de rendre possible l’accès de tous à une formation de qualité découlent directement du droit fondamental à une éducation pour tous. Une constitution qui déclare que toutes les personnes sont égales en droit et en fait, comme la nôtre, se doit donc au moins d’indiquer par quels moyens l’Etat compte s’engager pour lutter contre les inégalités et l’on sait que l’échec scolaire dépend fortement de facteurs socio-économiques. Une bonne formation, nous le savons également, n’offre pas non plus automatiquement de débouchés dans le monde professionnel. Nombreux sont nos concitoyennes et concitoyens qui au cours de leur vie sont amenés à changer d’orientation professionnelle, que ce soit par choix ou par nécessité. L’Etat se doit donc de tenir compte de cette réalité, il doit promouvoir la formation tout au long de la vie et créer des conditions nécessaires permettant aux adultes de concilier vie professionnelle et formation. Ces trois mesures de soutien – soutien à la lutte contre l’échec scolaire, soutien à l’accès de tous à une formation de qualité reconnue et soutien à la formation tout au long de la vie – doivent être inscrites dans notre constitution pour rendre crédible et concret le droit fondamental que nous avons inscrit au chapitre 1 de notre constitution.

    Nous soutiendrons bien entendu la thèse 505.11.a, même si elle est un peu redondante par rapport à ce que nous avons déjà voté au chapitre 1. Cela dit, il n’est certainement pas inutile de répéter que l’enseignement public est gratuit et de souligner qu’il est laïc. Une constitution est un peu une carte de visite, le contrat social qui nous rassemble. Il est donc important d’y affirmer que tous les enfants quels que soit leur appartenance religieuse ont leur place dans l’école genevoise et qu’aucun prosélytisme religieux n’y est toléré. En revanche, les Verts sont très insatisfaits des thèses de la commission définissant les buts de l’enseignement. Dire que l’enseignement public promeut l’esprit civique sans y ajouter l’esprit critique, traduit non seulement une conception de l’école que nous ne partageons pas, mais également une conception de la démocratie qui n’est pas la nôtre. Il est donc primordial de soutenir la thèse de minorité 505.23.a. J’ai fait, comme M. Ducommun, des recherches sur la signification du mot “civique”. Le mot “civique” renvoie, selon Le Petit Larousse illustré, au dévouement envers la collectivité, l’Etat. Or, pour que la démocratie fonctionne, il ne suffit pas d’avoir des citoyens dévoués qui font confiance à l’Etat, mais il est indispensable que les citoyens participent au processus de formation de la volonté générale. Cela signifie que l’école se doit de leur fournir les outils pour porter un regard critique sur le monde qui les entoure, pour qu’ils apprennent à se positionner. L’école doit permettre l’appropriation de la compréhension du monde et la possibilité d’y faire des choix. La question est bien de savoir si l’école doit former des moutons certes dévoués ou des citoyens critiques et responsables. Si vous optez pour la deuxième version, l’esprit civique et l’esprit critique sont intrinsèquement liés. Condorcet – j’ai choisi de le citer parce qu’il est assez consensuel – dans le premier Mémoire sur l’instruction publique déclarait déjà : « Le but de l’instruction n’est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capables de l’apprécier et de la corriger. Il ne s’agit pas de soumettre chaque génération aux opinions comme à la volonté de celle qui la précède mais de les éclairer de plus en plus afin que chacune devienne de plus en plus digne de se gouverner par sa propre raison. » Je ne comprends donc pas comment notre constitution qui se veut être la future constitution d’un Etat démocratique pourrait écarter des buts de l’enseignement la promotion d’un esprit critique, sauf évidemment si l’on imagine les Suisses en troupeau de moutons blancs.

    Les Verts soutiendront aussi la thèse de minorité 505.22.a. Cette thèse est également nécessaire. Un chapitre sur les buts de l’enseignement se doit d’indiquer les finalités de l’enseignement et de l’école. Sachant que les objectifs de l’école relèvent aujourd’hui de l’accord HarmoS et de la Convention scolaire romande, Genève peut ainsi dans sa constitution souligner les finalités de l’école auxquelles elle est attachée. L’enseignement public a deux missions essentielles : une mission de formation et une de socialisation. L’accomplissement de cette double mission nécessite un triple apprentissage. Un apprentissage à l’autonomie, la dimension individuelle ; un apprentissage à la coopération, une dimension sociale et un apprentissage à la participation, une dimension publique. Pour remplir cette mission de socialisation, c’est-à-dire d’apprentissage à vivre avec les autres en société, à coopérer, à participer, il est impératif que l’école vive et transmette des valeurs qui sont toutes liées à la démocratie : des valeurs de solidarité, d’égalité, de coopération et de responsabilité.  

    Mesdames et Messieurs, il ne s’agit pas dans notre constitution de mettre des tartines, de la surcharger, mais bien de se limiter à l’essentiel comme l’a dit M. Barde, permettant à la vie en société de s’épanouir aujourd’hui et dans le futur dans un cadre réellement démocratique. Les thèses de minorité que nous vous appelons à soutenir font partie de cet essentiel. Merci.

  • Discours à l'occasion du 10ème anniversaire du Jardin des disparus, 9 octobre 2010

    Cher-e-s ami-e-s,

    Il y a dix ans et deux jours, nous étions nombreux réunis dans ce parc meyrinois qui n'avait alors pas de noms et qui n'était connu et fréquenté que des élèves du cycle de la Golette et des habitants du voisinage. En y plantant alors cinq arbres originaires de cinq continents, en y mélangeant de la terre venue d'Europe, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine et en y inscrivant dans une stèle notre exigence de vérité et de justice, nous avons fait de ce parc le Jardin des disparus. Et en dépit d'un chantier qui a occupé pendant dix ans une bonne partie de ce jardin, en dépit de sa situation très périphérique, le Jardin des disparus a grandi, est devenu un lieu de vie, de rencontre, de lutte et d'espoir, aujourd'hui connu et reconnu par les familles et les proches de la disparition forcée dans le monde entier. Lors qu'il y a onze ans, Teresa Meschiati a lancé l'idée de créer un Jardin des disparus en Suisse, si possible à Genève, et si possible à Meyrin,  dans sa commune d'adoption, elle a rencontré un écho bienveillant auprès des autorités communales, mais elle a surtout suscité une adhésion immédiate et un engagement de nombreuses communautés vivant à Genève qui n'avait alors pas l'habitude de se fréquenter, parfois divisée par des appréciations très divergentes sur l'interprétation de la marche du monde. Le Jardin des disparus les a réunis, parce qu'il relevait et rendait visible un problème grave d'une ampleur universelle, d'une pratique qui n’est dans aucun cas justifiable et qui constitue une négation totale de l’Etat de droit, de la justice et de la personne, et ce quelque soit l'idéologie de ceux qui commettent ces crimes. Pendant dix ans, le Jardin des disparus et ses six arbres, un arbre des droits humains étant venus rejoindre ses cinq camarades, a été le témoin de moments exceptionnels, émouvants, réconfortants. A Genève, ici à Meyrin, les victimes de la disparition forcée ont leur point de rencontre, où dans la mémoire de celles et ceux qui se réunissent ici, leur combat, leurs idéaux, leur volonté de justice et de liberté perdurent. Combien de jeunes qui sont nés à Genève ou qui y sont venus très jeunes ont entendu dans ce jardin le message de paix, de justice sociale et de liberté que des criminels ont vainement cherché à étouffer en faisant disparaître des hommes et des femmes ! Ils ont pris conscience alors que ce passé qu'ils n'ont pas connu directement faisait partie aussi de leur propre Histoire. Les anniversaires sont généralement l'occasion de rétrospective. Je vous épargnerai une rétrospective de tous les événements qui ont jalonné les dix années d'existence du Jardin des disparus et vous invite à venir voir vendredi prochain le film de Pascal Baumgartner qui documente admirablement la genèse et la jeunesse du Jardin des disparus, ainsi que ses divers engagements.

    Nous avions espéré pouvoir célébrer lors de ce dixième anniversaire trois événements en comptant sur l'engagement de plusieurs, la bonne volonté de certains et aussi un peu sur des coïncidences. Finalement, nous devrons nous limiter à un seul: l'inauguration du nouvel aménagement de notre Jardin qui coïncide avec ce dixième anniversaire. Je souhaiterais au nom du Jardin des disparus exprimer notre profonde gratitude aux autorités communales, aux différents services de la mairie impliqués, culturel, environnement et travaux publics, et à l'artiste Anne Blanchet, auteure du  réaménagement artistique du Jardin des disparus. Toutes et tous n'ont pas ménagé leurs efforts et ont travaillé d'arrache-pied pour que nous puissions aujourd'hui, dans le cadre de notre dixième anniversaire, inaugurer le nouvel aménagement du jardin des disparus. Anne Blanchet commentera tout à l'heure elle-même toute la passion qu'elle a mise dans ce travail, aussi bien lors de sa conception que dans sa concrétisation. Qu'elle en soit chaleureusement remerciée.

    Venons-en maintenant rapidement aux deux célébrations que nous devons reporter pour des raisons indépendantes de et contraire à notre volonté.

    Le 9 août dernier, le 19ème Etat ratifiait la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre la disparition forcée. Ces ratifications d'Etat interviennent depuis l'adoption de la dite Convention au compte-goutte, on pouvait donc raisonnablement espéré, qu'un 20ème Etat la ratifie au cours des deux mois suivants ce qui nous aurait permis de fêter aujourd'hui l'entrée en vigueur de cette Convention internationale pour laquelle nous nous battons depuis bientôt trente ans. Je laisserai  à Louis Joinet, un des artisans principaux de la Convention qui nous fait l'honneur d'être parmi nous, le soin de nous rappeler l'importance de cet instrument juridique.

    J'en viens maintenant au deuxième événement que nous ne fêterons pas cet après-midi. Avec une vingtaine d'autres associations, le Jardin des disparus a récolté l'hiver dernier 9000 signatures pour une pétition demandant au Conseil fédéral de signer et de présenter à l'Assemblée fédérale pour ratification la Convention contre les disparitions forcée. La cheffe du Département fédérale des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, nous répondait le 28 avril dernier en réponse à la pétition. « Le DFAE entend soumettre au Conseil fédéral, probablement avant la pause estivale, la proposition de signer la convention. » Porté par un optimisme de la volonté, nous avons espéré alors pouvoir fêter, probablement après la pause estivale, éventuellement aujourd'hui, la signature de la Convention par la Suisse. Il nous faudra encore patienter retourner à Berne, probablement avant la pause hivernale, pour rappeler au gouvernement suisse un dossier qui n'est de toute évidence pas très prioritaire à ses yeux.

    En dehors de ses traditionnelles cérémonies au Jardin des disparus, notre association a donc encore bien du pain sur la planche dans les années à venir, obtenir l'adhésion de la Suisse à la Convention et être aux côtés de celles et ceux qui se battent pour son entrée en vigeur et sa mise en oeuvre. Je souhaite que la cérémonie d'aujourd'hui soit pour nous tous l'expression d'un engagement à poursuivre notre action. Je vous remercie.
    Pour souligner l'importance de cet engagement, je vais passer maintenant la passer maintenant la parole à Monsieur Louis Joinet, l'ancien président du groupe de rédaction du projet de Convention contre la disparition forcée. Je remercie Louis Joinet d'être venu exprès de Paris pour nous en parler.

    Pierre-Alain Tschudi 9 octobre 2010

  • Le Jardin des disparus célèbre ses 10 ans, octobre 2010

    (Lien direct)

  • Droit de vote obligatoire - une mauvaise solution, 24 juin 2010

    MEMORIAL
    Session ordinaire no. 14
    de l'Assemblée constituante
    Salle du Grand Conseil - 2, rue de l'Hôtel-de-Ville
    Jeudi 24 juin 2010

    M. Soli Pardo. Merci beaucoup Monsieur le président, chères collègues, chers collègues. Je suis un peu consterné, j’ai l’impression que la plus grande partie des personnes qui sont dans cette salle ont la crainte que les gens aillent voter et que le plus grand nombre possible de gens aille voter. Cela a l’air de déclencher une angoisse, une incroyable peur, mais cela m’étonne et cela m’échappe. Pour répondre à M. Demole, si la thèse de minorité de l’UDC délègue au législateur le soin de fixer une éventuelle sanction, c’est tout simplement parce qu’il appartient au législateur de décider s’il y aura une sanction ou pas, ou peut-être une incitation. On peut imaginer, peut-être que cela sera plus simple que d’encaisser une amende, que celui qui va voter régulièrement durant l’année, peut déduire Frs 50.- ou Frs 100.- de ses impôts, ce qui l’incitera à voter ; cela sera une incitation symbolique, s’il en paie, je vous remercie.

    Le président. (...) La parole est à M. Pierre-Alain Tschudi pour les Ecologistes.

    M. Pierre-Alain Tschudi. Oui, merci Monsieur le président. J’aimerais tout de suite répondre à M. Soli Pardo. Je crois qu’ici, nous aurions tous terriblement envie d’être élus par 80 % de l’électorat et que l’électorat se déplace en masse lorsque nous sommes candidats. On a tous envie, lorsqu’on lance une initiative, qu’elle suscite un intérêt majeur dans la population et que les gens participent massivement. Je ne crois pas que certains aient peur et que d’autres souhaitent qu’on ait une meilleure participation. Par contre, on a deux approches totalement différentes. L’une est de dire que pour que les gens votent, on va créer une obligation. Et il faut vous dire une chose claire : si on crée une obligation, il faut aussi sanctionner son non-respect ; sinon, on donne un très mauvais message ; on dit qu’il y a des lois mais que finalement, cela n’est pas si important de les appliquer. Donc, qui dit obligation, dit forcément sanction d’un non-respect. Alors, que ce soit une sanction ou un « susucre » qu’on donnerait à ceux qui respecteraient l’obligation de voter, dans les deux cas, je trouve que ce serait bien triste pour la démocratie, si c’est cela la motivation de l’électorat. Et donc on serait une triste démocratie. L’autre approche est de donner aux gens envie de voter. Et pour que les gens aient envie de voter, il faut qu’ils puissent se forger clairement un  point de vue. Et pour se forger clairement un point de vue, il faut un débat de société. Et ce débat de société, il n’est pas toujours aisé aujourd’hui. Et c’est pourquoi ici, dans notre Assemblée, certains voulaient soutenir une thèse qui reconnaissait la contribution des partis, des associations et du tissu associatif dans ce Meinungsbildungsprozess ; je n’ai pas trouvé de bonne traduction mais, dans ce processus d’élaboration de points de vue - voyez, c’est lourd le français parfois. Et c’est pour cela aussi que d’autres voulaient soutenir une thèse qui demandait à l’Etat de mettre en œuvre une politique de soutien et d’encouragement à l’engagement civique. Cela, c’est l’approche qui permet aux gens de se forger un point de vue et qui donne une envie de politique et de participation. Et là, on aura une démocratie vivante et réelle et non pas une démocratie basée sur un “susucre” ou une sanction.

  • Droit de vote des étrangers, 10 juin 2010

    MEMORIAL
    Session ordinaire no. 12
    de l'Assemblée constituante
    Salle du Grand Conseil
    Jeudi 10 juin 2010



    M. Pierre-Alain Tschudi.
    Le rapport de minorité que je vais présenter, dont je ne suis pas le seul auteur d’ailleurs puisqu’il y a plusieurs cosignataires, Mme Christiane Perregaux, M. Alfred Manuel, Mme Claire Martenot, M. Florian Irminger, M. Thierry Tanquerel, concerne la thèse 201.12.a : « Les étrangers et les étrangères ont le droit de vote et d'éligibilité au niveau cantonal aux mêmes conditions qu'au niveau communal. » Il était important de présenter cette thèse minoritaire, puisque comme l’a dit M. Murat Alder, elle aurait très bien pu être une thèse majoritaire puisqu’on était à égalité. La thèse minoritaire que nous proposons a toute sa place dans une Constitution qui se veut une Constitution d’avenir, une Constitution d’un Etat, d’un canton, qui rêve d’avoir une Constitution exemplaire, progressiste, dont on pourrait être fier. Et même si cette thèse n’est pas encore aujourd’hui une évidence pour toutes et tous, il est de notre devoir de construire l’avenir et d’y impliquer toutes celles et tous ceux qui font Genève. Je veux croire que lorsqu’un constituant issu des rangs libéraux a évoqué, une semaine auparavant, qu’il nous fallait une Constitution qui fasse rêver, il pensait à une Constitution qui élargisse les droits politiques à une population qui fait partie intégrante de la société genevoise, parce qu’elle y vit, qu’elle y travaille, qu’elle s’y déplace, parce que dans les actes de la vie quotidienne, elle ne se distingue en rien des Suisses qui vivent et travaillent à Genève.  

    Accorder les droits politiques aux résidents genevois d’une autre nationalité, c’est accessoirement aussi reconnaître l’histoire de notre canton. Genève s’est faite, s’est construite grâce à l’apport des migrants. Accorder donc ces droits politiques est un acte de reconnaissance dans le sens de reconnaître toutes celles et ceux qui ont fait Genève et non dans le sens de dire merci, car ils ne l’ont pas fait pour les Suisses ; ils l’ont fait pour leur ville, et plus tard pour leur canton, pour Genève. Accorder les droits politiques, c’est surtout reconnaître une réalité. Nous sommes une communauté de destin. Nous vivons ensemble, produisons des richesses ensemble, prenons les transports publics ensemble, mais nous ne sommes plus ensemble lorsqu’il s’agit de prendre des décisions concernant notre espace de vie commun. Avoir des droits politiques responsabilise, implique. Après 8 ans de résidence, toutes les personnes non suisses ne sont pas prêtes à s’engager, à s’impliquer. Mais bien des Suisses ne participent pas non plus, alors qu’ils sont nés et ont grandi à Genève. Il n’y a donc pas vraiment de raisons qu’il en soit autrement des personnes auxquelles on octroierait le droit de vote. Cela dit, le nombre de résidents genevois participant aux prises de décisions augmentera et les résultats de votations et d’élections auront ainsi une légitimité renforcée, même si le taux de participation n’augmentera pas forcément, je vous le concède. Notre nouvelle Constitution a pour objectif de favoriser la cohésion sociale, le vivre ensemble dans notre canton. Notre nouvelle Constitution doit donc rassembler et impliquer le plus grand nombre de ses habitants. En élargissant les droits politiques, on crée un nouvel élan pour notre cité, une envie de participer et une envie de se responsabiliser. Bien sûr, ce n’est pas l’octroi d’un droit à lui seul qui, automatiquement, suscite ensuite un sens des responsabilités et du devoir envers la collectivité, mais c’en est une condition. D’autres mesures sont nécessaires, pour les étrangers comme pour les Suisses d’ailleurs, pour créer une envie d’engagement citoyen.  

    Exiger la naturalisation pour s’impliquer dans notre vie politique cantonale résulte à notre sens d’une certaine confusion. Ces droits politiques ne sont ni un cadeau ni une récompense qu’on accorderait à celles et ceux qui auraient choisi de devenir suisses. C’est parce que l’on vit à Genève qu’on doit participer à la vie de cette cité, qu’on soit suisse ou non. Adopter la nationalité suisse est un choix important qui implique parfois de renoncer à une nationalité antérieure. Devenir suisse présuppose pour les nombreux étrangers bien connaître la Suisse, ses différentes régions, nos compatriotes suisses alémaniques, tessinois et aimer ce pays.  

    Le président. Monsieur Tschudi, vous avez dépassé votre temps de parole.

    M. Pierre-Alain Tschudi. Je vais essayer de synthétiser. Je veux dire qu’il n’est pas évident pour les Suisses de naissance, qui n’ont jamais eu un choix important à faire, de comprendre cela. On sous-estime ce choix lorsqu’on dit qu’il suffit de se naturaliser pour avoir le droit de vote. Ce sont deux choses tout à fait distinctes et je crois qu’il faudrait en tenir compte. Je reprendrai la parole après en fonction des discussions.

    (...)

    Le président.
    Merci Madame Saudan. La parole est à M. Pierre-Alain Tschudi.  

    M. Pierre-Alain Tschudi. Il y a combien de minutes encore pour les Verts.

    Le président. Il vous reste un peu plus de quatre minutes.  

    M. Pierre-Alain Tschudi. D’accord. Ce que je voulais dire, c’est qu’il y a une chose qui m’étonne dans ce débat, c’est que des partis qui affirment toujours un énorme attachement à la Suisse, ont leur drapeau dans leur Assemblée, etc., fassent si peu de cas du fait de devenir suisse. Dire simplement, si vous voulez voter, vous n’avez qu’à devenir suisse, bon ben d’accord, je deviens suisse pour pouvoir voter. Ce n’est pas l’unique raison de devenir suisse, et si 70 % des étrangers de Genève qui pourraient devenir suisses ne le deviennent pas, ce n’est pas à mon avis parce que la procédure est trop compliquée, c’est que peut-être effectivement, ils ont une autre représentation de ce que signifie devenir suisse. Mais faut-il pour autant se priver de leur apport important pour la vie de notre canton ? C’est cela la question. Ce n’est pas de donner des droits à quelqu’un, c’est se priver de leur intelligence qu’on est en train de faire en leur refusant de participer pleinement à la vie politique de notre canton.  

    Maintenant, il y a la deuxième chose qui m’étonne, ce sont aussi les vertus qu’on prête au fait d’être suisse. Comme si le fait d’être suisse signifiait forcément qu’on est intégré. Je crois que cela a déjà été évoqué, mais moi qui vit à Meyrin, je connais de très nombreux Suisses qui n’ont jamais vécu en Suisse, qui sont arrivés un jour ici, qui ne parlent pas un mot de français et qui ne votent pas d’ailleurs, parce qu’ils ne comprennent rien, donc il n’y a pas grand risque qu’ils votent puisque pour pouvoir voter, il faut savoir qu’il y a une votation, une élection, et donc comprendre quelque chose. Donc, le fait d’être suisse ne signifie pas forcément être intégré. Donc comprenez ce qui a été dit, devenir suisse est l’aboutissement d’une intégration, cela, c’est faux. Il y a  des Suisses qui sont parfaitement intégrés, qui votent et qui participent, il y a des étrangers qui sont parfaitement intégrés et qui, pour une raison ou une autre, ont renoncé, pour l’instant ou peut-être pour toujours à être suisse. Le fait de penser que de devenir suisse signifie une durabilité de résidence est également faux. Il y a des tas de gens qui deviennent suisse et qui partent. Donc je pense qu’il faut peut-être voir la réalité et ne pas se faire de cinéma sur ce que signifie être suisse et être intégré. Je répète, ce qui compte, c’est ce dont on se prive en n’accordant pas de droit de vote. J’aimerais terminer sur une petite remarque personnelle. Il y a quatorze ans, avec M. Michel Chevrolet, qui regarde son Natel – Ipad, pardon, j’étais un peu dépassé – il y a quatorze ans, nous avons présenté au niveau communal une première résolution, il y en a eu d’autres après dans d’autres communes, demandant au Conseil d’Etat d’élaborer une loi constitutionnelle pour accorder le droit de vote au niveau communal. On nous a dit : « Mais vous êtes des doux rêveurs, cela ne se fera jamais, ce n’est pas possible, franchement, les Genevois n’accepteront jamais. » Et puis, depuis lors, les mentalités ont évolué, le débat a eu lieu, les Radicaux s’y sont mis, comme l’a rappelé Mme Saudan, et la chose a progressé. Moi je pense franchement qu’il y a 14 ans, au fond de moi-même, je me disais qu’effectivement, on était peut-être utopiques un peu, ou utopistes, mais quelques années plus tard, cette utopie est devenue une réalité, et il n’y a pas de raison que cela s’arrête là, parce que la démocratie effectivement, elle ne stagne pas, soit elle évolue, soit elle régresse.

  • Défendre la Genève multilingue, 20 mai 2010

    MEMORIAL
    Session ordinaire no. 9
    de l'Assemblée constituante
    Salle du Grand Conseil - 2, rue de l'Hôtel-de-Ville
    Jeudi 20 mai 2010



    M. Pierre-Alain Tschudi.
    Merci. Notre groupe s’est rallié aux thèses a, b, c, d, e et f et est d’accord avec l’argumentaire développé par M. Dufresne que nous remercions. Nous pensons qu’il est effectivement important de souligner dans les dispositions générales de notre Constitution, les piliers d’un Etat de droit démocratique que sont la liberté, la justice, la responsabilité et la solidarité. Permettez-nous de souligner que ces valeurs de responsabilité et de solidarité, nous ne les entendons pas seulement par rapport à nos concitoyennes et concitoyens ici et aujourd’hui, mais également par rapport à tous les habitants de notre petite planète et des générations futures ici et ailleurs. C’est cette conscience d’une responsabilité globale et d’un devoir de solidarité qui ne s’arrête pas aux frontières de notre canton et aux années de notre bref passage sur terre, qui guide notre réflexion sur l’ensemble des thèses et des futurs articles de notre Constitution. Les Verts sont également acquis aux valeurs d’égalité, même si parfois pour passer d’une égalité de droit à une égalité de fait, il faut prendre des mesures inégalitaires auxquelles, notamment en France, certains s’opposent au nom d’une égalité ancrée dans la Constitution.  

    Nous ne nous opposons donc pas à l’introduction de la notion d’égalité telle qu’elle est proposée par SolidaritéS, mais nous ne souhaitons pas renoncer à celle de justice pour autant. En revanche, les thèses g, h et i ne remportent pas notre adhésion. S’agissant de la thèse g, qui demande que l’Etat promeuve l’usage de la langue française et en assure la défense, nous proposons un amendement. Il nous paraît plus juste que l’Etat promeuve l’apprentissage du français plutôt que son usage. En effet, Genève est une ville multilingue dont la langue officielle, de scolarisation, administrative et du débat démocratique est le français. Par conséquent, il est important, pour participer à la vie sociale à Genève, respectivement de résoudre les conflits de société par le dialogue et de renforcer la participation active du plus grand nombre aux débats et aux prises de décisions politiques que tous les habitants de notre canton soient incités et encouragés à apprendre le français. En revanche, l’Etat n’a pas à promouvoir l’usage de la langue et n’a pas non plus à se retrancher derrière des barricades pour défendre le français. Nous venons d’afficher notre attachement à la liberté. Celle-ci inclut le droit de parler sa propre langue, de conserver et développer les éléments de son identité propre, parmi lesquels figure évidemment l’usage de la langue. La grande majorité des habitants de notre canton – et j’imagine même à l’intérieur de cet hémicycle – sont bilingues, voire plurilingues. La thèse telle qu’elle est formulée actuellement tend à faire croire que cette grande diversité des répertoires plurilingues est un problème, alors qu’elle représente en fait une grande richesse d’un point de vue économique, social et démocratique. La connaissance du français et la reconnaissance des autres langues ne sont pas antinomiques, bien au contraire. C’est pourtant ce qu’insinue la thèse actuelle, raison pour laquelle nous vous invitons à accepter notre amendement qui, à notre sens, lève toute ambiguïté.
    (...)

  • Genevois, Savoyards, Verniolans et Meyrinois font la fête au tram, janvier 2010

    (cliquer pour agrandir : icône en haut à droite)

  • Lettre à Adrien, élève du collège, 20 ans après la chute du mur de Berlin

     

    Cher Adrien,

    Tu m'as demandé un témoignage. Tu voudrais savoir comment j'ai vécu la chute du mur de Berlin, ville que tu t'apprêtes à découvrir avec ta classe, 20 ans après. Je suis d'autant plus flatté de ta demande que tu ne me connais pas, mais on a dû te dire que ces événements ne m'avaient pas laissé indifférent.

    Pour que tu puisses comprendre ma joie en 1989, il me faut remonter quelques années en arrière. Je suis né au milieu du siècle passé. Les premiers événements historiques dont je me souvienne remontent à 1956. Prenant le train à Bâle pour rendre visite à ma grand-mère à Neuchâtel, je vis tout un groupe de personnes, hommes, femmes, enfants qui parlaient une langue que je ne comprenais pas. Ma mère m'expliqua que ces gens venaient d'un pays, la Hongrie, qu'ils avaient dû fuir n'emmenant avec eux qu'une seule valise. A cinq ans, je ne comprenais évidemment pas pourquoi des chars étaient entrés dans Budapest. Je ne savais pas non plus ce qu'était la guerre froide. Lorsque le mur fut érigé séparant la ville de Berlin en deux, j'ai eu peur, parce que mes parents écoutaient la radio la mine grave et inquiète. Mais je ne saisissais pas. Mon père faisait confiance au Président des Etats-Unis J.F. Kennedy, ma mère au pape Jean XXIII. Ce n'est qu'à l'âge de 17 ans, en 1968 que j'ai pris conscience que l'Europe était divisée en deux, l'Est et l'Ouest, et que chaque fois qu'un vent de liberté soufflait à l'Est, on accusait les acteurs d'agir pour le compte de l'Ouest, tout comme l'on traitait souvent les personnes critiques à l'égard du système économique en vigueur à l'Ouest d'être des agents de l'Est. Cette division de l'Europe ne représentait pas seulement un risque permanent de guerre en Europe, chaque bloc accumulant des armes de destructions massives dirigées contre le bloc adverse, mais contribuait à discréditer et à combattre celles et ceux qui à l'Est, comme à l'Ouest rêvaient de plus de liberté et s'engageaient pour un monde qu'ils voulaient meilleur.

    En juillet 1968, je me suis ainsi retrouvé dans un camp organisé par le Service civil international. Il y avait des jeunes des États-Unis, d'Allemagne, de France, d'Italie, de Yougoslavie et de Tchécoslovaquie. J'étais le seul Suisse et le plus jeune. Tous avaient vécu dans leur pays des événements exaltants. Des étudiants de Prague, de Paris, de Berlin, de Belgrade et de Berkeley, unis dans un grand mouvement émancipateur. Le monde allait changer de base. Nous pensions n'être rien et soudain nous faisions l'histoire. Le printemps avait été chaud, l'été n'était qu'un moment de répit avant un automne à nouveau prometteur... Quel choc, quelle rage, lorsque le 21 août 1968, les troupes du Pacte de Varsovie entrèrent dans Prague réduisant à néant les velléités d'indépendance de la Tchécoslovaquie. Qu'allaient devenir les étudiants tchèques que j'avais rencontrés ? Leur rêve d'un avenir meilleur s'écroulait abattu par les chars soviétiques. L'Union Soviétique recourait à la force chaque fois que ses intérêts de grande puissance étaient touchés, comme les États-Unis au Vietnam et ailleurs. Il semblait désormais que l'Europe resterait condamnée longtemps à être l'otage des grandes puissances.

    Dans les années 80, un grand mouvement social se développa en Europe de l'Ouest pour s'opposer à l'installation de missiles nucléaires à moyenne portée dirigée contre l'Europe, les Pershing II américains menaçaient l'Europe de l'Est, qui disposait de SS 20 soviétiques pour riposter aux Pershing II et détruire l'Europe de l'Ouest. De part et d'autres, on accumulait un armement capable de détruire plusieurs fois la planète. Dans toute l'Europe, des manifestations gigantesques s'organisaient. En 1983, nous étions plus 50'000 à Berne, un chiffre énorme pour la Suisse. Ce vaste mouvement pacifiste occidental tissa des liens avec celles et ceux qui résistaient en Europe de l'Est, celles et ceux qu'on appelait les dissidents. Puisque nous étions exposés aux mêmes menaces, il nous fallait trouver des moyens d'agir ensemble, de nous engager ensemble par tous les moyens pacifiques pour abolir cette barrière qui séparait l'Europe, il nous fallait construire un mouvement européen du Portugal à l'Oural. C'était loin d'être simple. Nos amis pacifistes des pays de l'Europe de l'Est n'obtenaient pas l'autorisation de quitter leur pays et étaient souvent emprisonnés accusés d'être des traîtres à leur patrie et au socialisme. En Suisse, les activistes pacifistes étaient certes également observés et fichés par la police, mais jouissaient d'une liberté d'action et d'expression plus grande que les pacifistes de l'Europe de l'Est. Comme ils ne pouvaient pas quitter leur pays, c'est nous Européens de l'Ouest qui nous rendions chez eux.

    Ainsi, en février 1985, nous avons traversé le soir le mur de Berlin au Checkpoint Charlie que tu visiteras certainement avec ton prof. Nous étions une vingtaine, mais pour ne pas nous faire repérer, nous sommes passés seul ou à deux. Des visas d'un jour nous étaient accordés, mais nous avions l'obligation de retourner à Berlin-Ouest avant minuit. Des Italiens, trop connus, ont été refoulés d'entrée, mais la plupart d'entre nous ont réussi à entrer à Berlin-Est où nous avions rendez-vous avec une vingtaine de pacifistes de l'Allemagne de l'Est dans l'appartement de l'un d'entre eux. Nous n'avons pas conspiré, mais discuté ensemble comment dépasser la division de l'Europe et construire un continent unifié. Parmi nos interlocuteurs est-allemands se trouvaient certainement un ou des agents de la Stasi (sécurité de l'Etat) qui infiltraient les mouvements dissidents. Peut-être ai-je même sympathisé sans le savoir avec l'un deux et lui ai remis mon adresse. Quoi qu'il en soit, il ne m'a plus été possible, jusqu'en 1989, de retourner en Allemagne de l'Est, mais les contacts, les échanges se sont poursuivis par téléphone, par messager etc.

    En 1989, les pacifistes que nous avions rencontrés à Berlin-Est étaient à la pointe des manifestations populaires en Allemagne de l'Est qui conduisirent à la chute du mur le 9 novembre. Notre mouvement pour une Europe démocratique, pacifique et unifiée obtenait une première victoire à laquelle nous-même ne croyions pas. Quelques mois plus tard, nous nous rencontrions tous à Prague où les dissidents avec lesquels nous étions en contact, même lorsqu'ils étaient emprisonnés, étaient devenus entre temps Président de la République et Ministre des affaires étrangères. Tu imagines à nouveau la joie et l'espoir d'un monde meilleur qui pouvaient nous animer !

    Quel bilan en tirer aujourd'hui ? Plusieurs pays de l'Europe de l'Est et de l'Ouest font partie désormais de l'Union Européenne. Les menaces d'une guerre généralisée en Europe sont écartées. Il est désormais possible de se déplacer les uns chez les autres. Mais le monde reste loin d'être idéal. Des dérives nationalistes créent de nouvelles barrières, des murs sont érigés pour séparer les nantis des affamés, des guerres se déroulent pour le partage des ressources naturelles qui se font de plus en plus rares. Plus que jamais une prise de conscience est nécessaire. Plus que jamais, le monde doit changer de base et pour faire avancer les choses il ne faut surtout pas penser que nous ne sommes rien, mais agir à notre modeste niveau. Croire en sa force d'ébranler le monde, même lorsque l'on n'est que quelques uns dans un appartement du Prenzlauer Berg à Berlin.

     

    Pierre-Alain Tschudi, 8 avril 2009

  • Discours lors de la démission du Conseil municipal, 17 juin 2008

    Monsieur le Président,
    Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux,
    Chers collègues,

    (...)

    Lors des élections en 2007, ce n’était un secret pour personne que j’étais avant tout candidat au Conseil administratif. En effet, les Verts estiment qu’après trois législatures, il est temps de laisser à d’autres citoyens l’opportunité d’exercer une responsabilité au sein du Conseil municipal. Ils sont aussi d’avis qu’il y a mille autres possibilités d’engagement citoyen au sein de notre collectivité et qu’une façon d’honorer et de valoriser cette diversité de l’engagement et de la participation  à la vie communale, consiste à ne pas s’éterniser au-delà de 12 ans dans un parlement communal. Riche de l’expérience accumulée au fil des années, je partage complètement cet avis. La démocratie, même au niveau communal, est toujours fragilisée. Pour la préserver, pour l’améliorer, pour lui permettre d’organiser efficacement notre vie en société et de gérer nos conflits d’intérêts pacifiquement, deux conditions sont nécessaires : il faut  d’une part que les valeurs qui sont le fondement même de la démocratie et les règles d’organisation et de fonctionnement démocratiquement établies soient scrupuleusement respectées et d’autre part que le souverain exerce effectivement son pouvoir, en d’autres mots que les habitants de Meyrin s’impliquent dans les affaires de la cité. L’indifférence et le repli menacent tout autant la démocratie que le non-respect des règles démocratiques.
    J’ai donc toujours cherché et chercherai encore à transmettre ce plaisir de l’engagement, cette envie de politique. J’ai toujours cherché et chercherai encore à démontrer que la politique n’est pas obligatoirement une maladie honteuse, mais peut et doit être une activité honnête et utile, qui doit pouvoir être partagé et exercé par le plus grand nombre. Pour être cohérent avec cet idéal, il était temps que je m’en aille et laisse ma place à un ou une autre.

    Si j’ai joué une petite prolongation, c’est par respect pour les électrices et les électeurs qui m’ont élu. Ces derniers comprendront, je l’espère, qu’après 13 ans, on puisse  désirer servir la collectivité différemment. Je quitte donc le Conseil municipal, mais reste engagé dans la cité, reste donc à vos côtés pour vous encourager, vous féliciter, vous accompagner solidairement ou aussi vous interpeller, vous solliciter ou vous critiquer. En d’autres mots, en ma qualité de citoyen, je continuerai d’exercer mon devoir de citoyen face à ses élus.

    Permettez-moi avant de quitter cet hémicycle de vous faire part de mon émotion que l’on ressent lorsqu’une page se tourne. Permettez-moi aussi de vous exprimer ma reconnaissance pour tout ce que vous m’avez apporté. Adversaires politiques de l’Entente, vous m’avez forcé à mieux argumenter, à revisiter  et questionner mes convictions, à chercher des compromis acceptables pour le plus grand nombre et qui permettent  tout de même  d’avancer. Pour  tout cela et les quelques batailles loyales que nous nous sommes livrées, je vous dis merci. Amis politiques de l’Alternative, pour les  nombreux échanges, les combats communs que nous avons mené et que nous mènerons, je l’espère, encore, je vous dis merci.

    Je remercie particulièrement mon groupe qui a été pendant treize ans, pas seulement un collectif politique uni et efficace, mais aussi une joyeuse bande d’amis, ce qui est un formidable facteur de motivation et de remobilisation dans les moments de découragement.

    Je remercie aussi tous les membres de l’administration pour leur disponibilité, leur serviabilité, leur efficacité  et leur gentillesse. Ils ne correspondent en rien à la représentation négative que certains se font des fonctionnaires. Ils ont tous choisi de travailler dans une administration publique pour être au service du public. C’est comme cela  du moins que je les ai perçus durant toutes ces années. Je les remercie aussi pour les nombreux moments de réflexion et d’échanges qu’il m’a été donné de partager avec eux.

    Rester treize ans au Conseil municipal permet aussi de mesurer les progrès réalisés dans des dossiers fondamentaux et donc d’être résolument optimiste pour l’avenir.
    Il y a treize ans, le droit de vote des étrangers paraissait une utopie. Notre Conseil municipal a bataillé, a pris position et s’est engagé. Et même si les électeurs meyrinois l’ont refusé, nous avons fait avancé cette cause démocratique.
    La démocratie participative était, il y a treize ans, un concept théorique abstrait. Aujourd’hui, elle en est certes encore à ces balbutiements, mais l’adoption d’une méthode et d’un processus dans l’élaboration d’un Agenda 21 est un pas important qui traduit déjà un changement dans les mœurs politiques.
    Enfin, il y a treize ans, il était difficile de croire qu’un tram relierait Meyrin à la ville de Genève de notre vivant. Aujourd’hui, il est sur les rails. La modération du trafic, la mobilité douce, les économies d’énergie et les énergies renouvelables, les écoquartiers, ne sont plus des rêveries d’écolos, mais peuvent devenir un programme consensuel pour que Meyrin entre de plein pied dans le XXI ème siècle.
    Notre commune assure mieux qu’il y a treize ans son devoir de solidarité, elle cherche  à intégrer plutôt qu’ à exclure, elle n’ abandonne pas ceux que les aléas de la vie ont mis en difficulté et cherche à leur permettre de vivre dignement et non comme des assistés. Notre devoir de solidarité planétaire à été rétabli à 0,7% de notre budget de fonctionnement. Personne n’oserait aujourd’hui le remettre en question.

    En treize ans, j’ai énormément appris et, en dépit de quelques frustrations, ne regrette nullement le temps investi. Ne vous inquiétez pas, je vous épargnerai la liste de mes nombreuses apprentissages, je n’évoquerai qu’une chose essentielle à l’exercice de notre fonction : la patience. La patience est une vertu certes, mais ne justifie pas l’inaction. Aujourd’hui, nous devons répondre à des urgences planétaires. Trop de patience nuirait gravement à la santé de nos concitoyens et des générations futures. La faculté d’indignation, la ténacité et la persévérance sont indispensables. Les défis sont énormes, notre responsabilité aussi. Il faut beaucoup d’énergies et de dévouement pour relever ces défis, assumer notre responsabilité. Certains, de par leur comportement ont quelque peu sali, notre réputation de conseiller municipal. Ils ont également terni l’image de Meyrin. De part mon engagement professionnel, j’arpente beaucoup le canton et ai pu constater à quel point Meyrin avait acquis une réputation clochemerlesque dans le canton et cela m’attriste. Je continuerai à l’avenir à souligner le dévouement sincère et  l’engagement honnête de la plupart d’entre vous au-delà de nos différences et divergences politiques. Je vous remercie de persévérer, vous remercie entant que citoyen de votre engagement pour la commune et vous souhaite de retirer  de cet engagement la même satisfaction que j’ai éprouvée.

    Ce soir, un immigré suisse-alémanique de 57 ans vous tire sa révérence. Cet immigré avait le privilège, par rapport à la plupart des autres immigrés à Meyrin, de jouir du droit d’éligibilité. Un jeune gamin, bien de Meyrin lui, va lui succéder. Ce gamin n’est pas inconnu de vos services. C’est un activiste, un militant. Je le connais depuis 15 ans et l’admire un peu comme un père admire son fils. Il a créé Impact Prod,  il est actif au sein du  comité de l’Undertown, il a participé à différentes actions originales dans notre commune, dont l’organisation d’un festival reggae à la piscine de Bois Carré. Il a un point commun avec une autre conseillère municipale verte, c’est  celui de figurer dans le célèbre livre de Klopmann et Faure : Meyrin-citoyens du monde, qui, depuis treize ans déjà, est un peu la carte visite de notre commune et que j’ai eu l’honneur, conseiller municipal fraîchement élu, d’offrir dans une Bosnie-Herzégovine déchirée avec un message simple : Habitants d’origines, de cultures, de religions et d’horizons divers, nous pouvons  grandir et vivre ensemble en paix.

    Je serai heureux et fier d’assister le 9 septembre prochain à l’assermentation de mon successeur : Surane Ragavan.

    Enfin, je ne vous cacherai pas que, quittant une activité prenante, il me fallait en trouver une autre. J’ai proposé à mon parti d’être candidat à la constituante. Si jamais je suis élu, j’aurai à nouveau de bonnes raisons de vous côtoyer, d’analyser avec vous comment défendre les valeurs fondamentales qui nous unissent et nous permettent d’interagir ensemble, comment organiser à l’avenir l’exercice et le partage du pouvoir sur notre territoire, comment renforcer la démocratie, comment tenir compte des intérêts de chacun et prendre des décisions dans l’intérêt général, comment raviver un fonctionnement démocratique, comment ancrer dans une nouvelle constitution des devoirs qui résultent de nos obligations et de notre responsabilité à l’égard des générations futures. L’élaboration de la future constitution ne se fera pas dans l’affrontement stérile de positions figées et arrêtés. Elle ne sera pas non plus l’affaire exclusive des 80 élus du 19 octobre. L’élaboration d’une nouvelle constitution est une entreprise collective qui concerne et devra impliquer l’ensemble des habitants. C’est une aventure exigeante et exaltante que je souhaiterais pouvoir partager notamment avec toutes celles et tous ceux avec qui j’ai eu, au cours de ces années écoulées, tant de plaisir à dialoguer et à débattre.

    Merci de m’avoir écouté, c’était sans doute un peu long. En treize ans, j’ai beaucoup appris, disais-je, mais il y a des choses que je n’apprendrai sans doute jamais.

    Pierre-Alain Tschudi, 17 juin 2008

  • Action sociale communale : Une vie digne est un droit, la solidarité un devoir, mars 2007

    Action sociale communale :

    Une vie digne est un droit, la solidarité un devoir

     

    Tant que la situation économique est bonne, l’action sociale des collectivités publiques n’est pas trop contestée. En revanche, lorsque la situation économique se dégrade et qu’on devrait logiquement s’attendre à ce que la société renforce son devoir de solidarité, la politique sociale de l’Etat est remise en cause, comme si l’action sociale était une bonne œuvre charitable à laquelle on octroierait des moyens non plus en fonction des besoins, mais en fonction des rentrées de l’Etat. Ceux qui s’en prennent alors à l’action sociale l’accuse d’être trop généreuse et de mettre les individus en situation d’assistés passifs et dépendants. On pointe alors deux, trois profiteurs du doigt en généralisant leur cas.

     

    Rappelons d’abord qu’il existe un droit fondamental de toute personne «  à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne », que toute personne « est fondée à obtenir satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité » (articles 3 et 22 de la Déclaration universelle des droits de l’homme). On rappelle assez aux jeunes qu’il n’y a pas de droits sans devoirs, pour que nous puissions concevoir que ce droit fondamental implique un devoir: la société a un devoir de solidarité. Et mieux elle arrivera à accomplir ce devoir de solidarité, mieux elle arrivera à créer un lien social en impliquant et responsabilisant tous ses membres, plus elle réussira à réduire les tensions et conflits qui existent dans toute collectivité humaine. La solidarité n’est pas un geste généreux envers les autres, c’est à la fois un devoir de tous et un investissement pour chacun d’entre nous afin de nous assurer ainsi qu’à nos enfants un cadre de vie libre et sûr.

     

    Mais comment redistribuer de l’argent dont l’Etat fédéral, les cantons, les communes ne disposeraient plus ? Faut-il alors s’endetter et prétériter ainsi les générations futures ?

    Ce n’est pas ce que prônent les Verts. D’autres solutions existent.

    Quand il y a moins d’argent, la première chose à faire c’est de le répartir plus justement, de réduire les inégalités et l’injustice sociales. Les nombreux scandales autour de primes exorbitantes de départ que se sont octroyées certains cadres ont suscité à juste titre une réprobation unanime.

    Mais cela ne suffira pas à assumer complètement notre devoir de solidarité surtout si nous le comprenons, à l’instar de la Déclaration universelle des droits de l’homme, comme un devoir envers les personnes de l’ensemble de la planète. Aujourd’hui, une partie de l’humanité consomme les ressources naturelles à un rythme incompatible avec les capacités de la planète. En nous engageant plus dans une réduction de l’accoutumance au gaspillage des énergies non renouvelables, en nous engageant à accepter une reconversion de nos modes de vie, nous susciterons des économies financières considérables qui nous permettront non seulement d’être plus solidaires avec les générations actuelles et respectueux des générations futures, mais également de créer de nouveaux emplois dans la production d’infrastructures plus économes en énergie et compatible avec le développement durable.

     

    Enfin, il faut rappeler que l’action solidaire ne se limite pas à une question d’argent, la preuve en est que des communautés moins riches sont souvent plus solidaires compensant l’absence de moyens par de réels réseaux d’entraide informels et solidaires. L’objectif de l’action sociale, contrairement à ce qu’avancent certains de ses détracteurs, n’est pas d’entretenir des personnes assistées, mais bien de permettre à tout individu de récupérer les forces et ressources nécessaires indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité. La dépendance prive l’individu de son droit fondamental à la liberté, ainsi l’objectif de toute politique sociale est de préserver ou de favoriser l’autonomie des personnes. Deux exemples pour illustrer mon propos : les aînés et les jeunes.

     

    Les aînés n’ont parfois pas besoin d’une aide gigantesque pour pouvoir rester dans leur appartement et préserver leur autonomie. Ils ne réclament pas non plus d’être à la charge de la société, même si leurs maigres revenus ne leur permettent pas toujours de financer l’aide dont ils ont besoin. Quelle que soit leur situation, ils souhaitent remplir un rôle social le plus longtemps possible. L’action sociale de proximité devrait permettre de créer des réseaux d’entraide de voisinage, qui faciliterait le lien social: Il suffit de dialoguer avec toutes les personnes concernées pour que des idées fusent, des projets se construisent, des personnes s’activent et rajeunissent. Il appartiendra alors aux institutions sociales et politiques de témoigner leur reconnaissance et de valoriser l’engagement citoyen et non pas de le récupérer et de s’en attribuer les mérites.

     

    La politique à l’égard de la jeunesse doit poursuivre le même objectif d’accès à l’autonomie. Il ne s’agit là non plus de monter de fabuleux projets pour les jeunes ou de mettre des infrastructures luxueuses et coûteuses à leur disposition, mais plutôt de les aider à construire et à réaliser leur propre projet, de négocier là aussi des règles et des contreparties. Des groupes de jeunes ont besoin de pouvoir se réunir entre eux et réclament rapidement des locaux. Il y a urgence, parce que le groupe est forcément éphémère, les études, la vie active, les relations amoureuses vont forcément avoir raison du groupe. Mais cette organisation en

    groupe est vitale dans la construction de l’autonomie. Les projets de gestion accompagnée de locaux même rudimentaires, (containers, abri PC, locaux momentanément désaffectés) répondent par exemple à ce besoin social sans grever lourdement un budget communal.

     

    Avec de l’imagination, un dialogue et une volonté de rendre tout individu acteur de son destin, une politique sociale n’est pas obligatoirement un gouffre financier.

    Il est évident qu’on aurait tort de faire des économies sur le personnel qualifié qui doit pouvoir disposer de temps nécessaire pour imaginer, créer des projets individuels ou collectifs avec les personnes concernées. Cet investissement indispensable rapporte certainement beaucoup plus qu’il ne coûte.

     

     

    Paru dans le journal le Courrier, mars 2007

  • Faut-il sacrifier l'avenir de Meyrin au profit du Centre commercial ?, janvier 2007

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  • Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières, septembre 2006

    (Lien direct)

  • Enrique Recanatesi recrée Meyrin en Argentine, septembre 2006

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  • Repenser nos formes de déplacements, septembre 2006

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  • Les Argentins se souviennent de l'accueil des Meyrinois, juin 2006

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  • Discours à la fin de l'année de Présidence du Conseil municipal, mai 2006

    Mesdames et Messieurs,
    Cher-e-s ami-e-s,

    Je ne désire pas quitter cette place sans vous avoir adressé quelques mots, mais rassurez-vous cela ne sera pas long, car pour faire un bilan exhaustif de cette année de présidence, il me faut d’abord arriver à son terme, puis prendre un peu de recul.

    Comme celui de mes prédécesseurs,  ce bilan ne sera ni dithyrambique, ni négatif.
    J’évoquerai d’abord une déception.
    Il y a une année, j’avais l’ambition de mettre en route un chantier qui permette à terme d’améliorer le fonctionnement de notre Conseil et ainsi de donner envie à d’autres de s’engager dans la vie politique communale. Un an plus tard, ce chantier est resté en rade, à l’image du chantier dans le Jardin des disparus. Certes le constat de malaise est largement partagé, mais la volonté de tenter de réformer notre fonctionnement n’est pas considérée comme une priorité et je le regrette. J’espère toutefois que le chantier ne sera pas abandonné et que nous nous attélerons à la tâche avant la fin de cette législature. J’ai d’ailleurs le même espoir pour le chantier du Jardin des disparus.

    Cette année de présidence aura été marquée par d’innombrables rencontres. Ce fut un réel plaisir  de rencontrer toutes ces Meyrinoises et Meyrinois engagés dans les sociétés les plus diverses, mais contribuant toutes à faire vivre cette commune qui nous est si chère. Evidemment, je savais que Meyrin disposait d’une vie associative riche, mais je connaissais surtout les associations qui correspondent plus à mes affinités et à mes intérêts. Au cours de cette année, j’ai cherché, lorsqu’il y avait des choix à faire, de privilégier celles que je connaissais moins. Et j’y ai rencontré des gens motivés, enthousiastes, avec lesquelles les soirées se sont parfois prolongées tard dans la nuit. Moi qui adore débattre, argumenter, j’ai été vraiment comblé. Pour m’avoir permis d’avoir ces  nombreux échanges  enrichissants lors de ces soirées où je vous représentais, je vous remercie  une nouvelle fois de m’avoir élu il y a une année. Certes je ne suis pas mécontent de passer la main à mon successeur, car il n’est pas facile de concilier une vie professionnelle bien remplie avec cette fonction de Président du Conseil municipal.

    Un autre source de satisfaction , de plaisir et de gratitude,  c’est la collaboration aussi bien avec le secrétariat général, qu’avec les membres du Bureau et du Conseil administratif. Il est possible de travailler dans un esprit constructif, au-delà des clivages politiques. Merci à toutes et à tous.

    Pour  concrétiser ces remerciements, je vous ai préparé un petit cadeau. A nouveau ce ne sont pas des fleurs, parce que les fleurs c’est périssable. Les seules fois où vous m’avez vraiment félicité ou blâmé au cours de cette année, c’était en lien avec la nourriture. J’en ai déduit que c’était très important pour vous. Je me suis donc plutôt orienté vers des douceurs. Ce d’autant plus qu’il m’est arrivé assez souvent d’être amer.

    Vous vous rappelez les deux brochures qui vous ont été distribuées il y a une année. L’une s’intitulait les petit ruisseaux font les grandes rivières (un guide pour l’agenda 21 communal) et l’autre portait le titre Pour une consommation responsable. Le cadeau de ce soir est « un petit ruisseau vers une consommation responsable et une économie solidaire ». Notre conseil a été interpellé par une pétition des magasins du Monde de Meyrin nous invitant à soutenir le commerce équitable. Le cornet surprise qui va vous être distribué est un petit choix d’articles du commerce équitable réunis avec l’aide des magasins du Monde de Meyrin. C’est aussi une contribution communale à la Journée mondiale du commerce équitable de samedi dernier.

    Je tiens à préciser que vous avez tous la même quantité de produits, mais pas les mêmes produits. Là aussi , je me suis dit que, malgré l’importance que revêt le football dans notre Conseil, pas tout le monde échangeait des images Panini de footballeurs et qu’il y en a donc qui seraient heureux de pouvoir plutôt échanger des produits du commerce équitable. Bref, sentez-vous libres et j’espère que vous aurez du plaisir à goûter ces produits qui seront, je l’espère, progressivement introduits lors de nos nombreux apéritifs et autres agapes.

    Pierre-Alain Tschudi, mai 2006

  • Pourquoi les Verts soutiennent le sport, décembre 2005

    (Lien direct)

  • Discours lors de l'accession à la Présidence du Conseil municipal, 14 juin 2005

    Discours de Pierre-Alain Tschudi , Président du Conseil municipal, lors de la séance du Conseil municipal du 14 juin 2005


    Madame la Maire,
    Messieurs les conseillers administratifs,
    Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux,
    Mesdames et Messieurs, cher-e-s ami-e-s,

    C’est reconnaissant de la confiance que vous avez bien voulu m’accorder que je prends ce soir la présidence de notre Conseil municipal. J’espère que je serai digne de cette confiance.  (…)

    J’ai d’ailleurs l’honneur d’être le premier écologiste à accéder à la Présidence, alors que cela fait maintenant 14 ans que les Verts siègent  dans cet hémicycle. Je suis donc également heureux pour mon parti de pouvoir assumer cette nouvelle responsabilité. Personnellement, je suis depuis maintenant dix ans au Conseil municipal. Je pensais d’ailleurs n’y rester que quatre ans. L’expérience ne me tentait pas trop au départ, mais enseignant l’éducation civique, il me semblait que je devais montrer l’exemple en m’engageant, ne serait-ce que quatre ans, pour la collectivité locale. Puis, j’ai pris goût à nos débats et à nos échanges, même si comme chacun d’entre vous sûrement, j’ai parfois des moments de lassitude et de découragements. Mais j’aimerais bien  que nous essayions de transmettre ce plaisir  de l’engagement politique à d’autres et donc pour cela, que nous arrivions à avoir satisfaction et plaisir dans ce que nous entreprenons, même si ce ne sont pas toujours nos idées qui l’emportent.

    Contrairement à mes prédécesseurs qui appelaient toutes et tous une entente au-delà des clivages politiques de leurs vœux, je pense que les contradictions qui nous traversent font partie de la vie en société. Nous avons des expériences de vie différentes, des convictions, voire des intérêts divergents et il est normal que nous confrontions nos solutions.  Ce qui pourrait en revanche nous unir, c’est une volonté partagée de respecter un cadre  démocratique claire dans cette confrontation, un cadre qui permette, sans perdre trop de temps et d’énergie,  de clarifier les enjeux et les positions, d’élaborer des compromis souhaitables et de passer à l’action, quitte à soumettre parfois nos divergences à un verdict populaire, si nous ne parvenons pas dans des délais raisonnables à aller de l’avant. Nous devons impérativement trouver un fonctionnement moins paralysant et moins chronophage

    En d’autres termes, nous devons, en permanence, remettre notre fonctionnement en  question pour ne pas nous déconnecter de la vie meyrinoise et pour être capable de penser et de préparer l’avenir de notre commune.

    (…)  C’est important pour notre bien-être, mais c’est également important si nous voulons partager des moments avec nos concitoyens et leur donner cette envie de politique, indispensables pour préparer notre relève.

    Depuis que je suis au Conseil municipal, on parle des grands chantiers qui vont  permettre de redessiner Meyrin en ville du XXIème siècle. Sommes-nous vraiment d’accord sur la Ville de Meyrin, sur la ville de demain que nous appelons de nos vœux ? Certains de nos concitoyens l’appréhendent, s’en inquiètent. Comment répondons-nous aujourd’hui à ces appréhensions ? Quel engagement prenons-nous d’essayer de faire en sorte que la qualité de vie dans le Meyrin de demain soit préservée, voir même améliorée ? Comment communiquons-nous notre confiance en l’avenir ? Comment mobilisons-nous nos concitoyennes et concitoyens à ne pas être des spectateurs inquiets, mais des protagonistes du changement ? Dans la précédente législature, nous avons organisé un séminaire du Conseil municipal pour réfléchir ensemble à une politique de la mobilité et, ô miracle, nous avons réussi à dégager en fin d’après-midi des pistes communes dont une en tous cas a abouti. Je propose que nous réfléchissions à l’organisation d’un nouveau séminaire, au cours de cette législature encore, pour trouver des réponses à ces questions essentielles.

    Je terminerai en disant que je suis ému que cette année de présidence tombe au moment où l’électorat genevois a accordé le droit de vote municipal aux étrangers. Cela fera aussi bientôt dix ans, en mars prochain, qu’avec quelques autres, je me suis engagé à défendre cet élargissement des droits démocratiques en lançant une résolution communale dans ce sens, qui a fait boule de neige et  qui a conduit à la création de « J’y vis, j’y vote » et à la votation du 24 avril dernier de deux initiatives auxquelles notre conseil a apporté son soutien. Nous avons emporté une demie victoire. C’est une première étape. Je compte profiter de cette année de présidence pour inciter  les habitants que je rencontrerai, suisses et étrangers, à s’engager dans les prises de décisions politiques communales, à exercer leur droit d’ingérence dans leurs propres affaires, les affaires communales. Mais là aussi, c’est un enjeu qui relève de notre responsabilité collective.  Réussirons-nous à leur donner envie de prendre position et de voter ?  Je l’espère vraiment.

    Avant de passer sans tarder à l’ordre du jour chargé, je voudrais féliciter  notre nouvelle maire Madame Monique Boget, et remercier l’ancien Bureau, et en particulier sa présidente Madame Girardet, mes maîtres d’apprentissage de man nouvelle fonction en quelque sorte, Monsieur Solai, notre secrétaire général, de sa disponibilité, ainsi que le nouveau bureau,  avec lequel je me réjouis de collaborer, de bien vouloir m’épauler. Ce nouveau bureau, exclusivement masculin, débute, ironie du sort, un 14 juin, jour historique de la grève des femmes.

    Je vous remercie.

  • Forum Meyrin, 10 ans déjà, avril 2005

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  • Des priorités s'imposent, avril 2005

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  • Buqe Dajakay, récit d'une intégration, mai 2004

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  • Rencontres dans l'allée, décembre 2003

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  • Un tram pour Meyrin - espoir et angoisse, septembre 2003

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  • Discours au Jardin des disparus, 29 mars 2003

    Madame le Maire,
    Monsieur le Conseiller administratif,
    Chère famille de disparus sahraouis,
    Mesdames, Messieurs, cher-e-s ami-e-s,

    Au nom de l’Association « Jardin des disparus », je vous souhaite la bienvenue ici à Meyrin dans ce lieu auquel nous sommes très attachés, bien qu’il soit récent. Permettez-moi donc brièvement de vous faire une visite guidée. Inauguré, le 7 octobre 2000, comme le rappelle la stèle à ma droite, par des familles et proches de disparus du monde entier, ce jardin est d’abord un lieu de mémoire. Bien sûr, les familles et proches des disparus ne risquaient pas d’oublier leurs être chers, qui, un jour, leur ont été arrachés par des hommes en uniforme ou en civil et dont ils sont restés sans nouvelles pendant de longues années, pour beaucoup jusqu’à aujourd’hui. Mais pour entretenir la mémoire des disparus cela ne suffisait pas. Il fallait un lieu où cette mémoire puisse être transmise, partagée. Pour que les disparus continuent à vivre dans nos mémoires, il faut que de nouvelles personnes puissent faire leur connaissance, s’approprier leur histoire, connaître leurs engagements et poursuivre leur combat pour la justice, la démocratie et la liberté.

    Le jardin des disparus est aussi un lieu de recueillement, un havre de paix, où les familles des disparus aiment à venir dans des moments où la disparition est particulièrement lourde à porter. Ainsi chaque année, le 25 décembre, nous célébrons ici une cérémonie de Noël, à l’initiative de nos amis chiliens. Mais le jardin des disparus n’est pas pour autant un cimetière. Les six arbres que nous y avons planté, un pour chaque continent et un sixième, universel, pour les droits humains, sont des symboles de vie. En se dressant vers le ciel, ils expriment bien la volonté de ne pas se laisser abattre, de puiser ici sur ce lopin de terre, force et courage pour poursuivre l’idéal des personnes disparues.

    Le jardin des disparus est également un lieu de rassemblement. Depuis sa création, nous nous y sommes retrouvés à plusieurs reprises  et nous y avons accueilli de nombreux représentants de familles de disparus de passage à Genève, comme les Grands-Mères de la Place de Mai, une mère kurde, la sœur de Bruno Manser, ce Suisse disparu dans les forêts de Bornéo pour s’être battu contre la destruction des forêts tropicales, et aujourd’hui vous, les familles de disparus du Sahara occidental. Il nous importe beaucoup à nous qui vivons à Genève que lorsque des défenseurs des droits humains viennent aux Nations Unies, à la commission des Droits de l’Homme, nous puissions les accueillir,  leur témoigner notre solidarité, leur dire que nous sommes à leur côté dans leur combat pour la vérité et la justice. Le jardin des disparus est un lieu de rassemblement, de réunion et d’union, parce qu’au-delà de nos origines diverses, de nos parcours de vie différents, nous aspirons aux mêmes valeurs universelles de respect de la vie, de liberté et de justice.

    Le jardin des disparus est enfin aussi un lieu de colère, un lieu où nous clamons notre colère contre ce qui est un crime contre l’humanité : séquestrer clandestinement des personnes, les soumettre à des conditions extrêmement pénibles, les laisser sans aucune défense, les torturer, les tuer,  bafouer leur droit à une sépulture, laisser les familles dans l’ignorance et le désespoir est un crime contre l’humanité. Nous y manifestons également notre colère contre toutes les atteintes aux droits humains, comme celle qui empêche aujourd’hui des familles de disparus sahraouis, retenues par les autorités marocaines, de participer à notre rencontre et de venir témoigner sur les disparitions forcées de personnes au Sahara occidental. Nous ne pouvons pas non plus nous empêcher d’exprimer notre colère contre la guerre en Irak qui bafoue l’ensemble des Droits humains dont le plus fondamental, le droit à la vie. Il est insupportable de voir tout un peuple, des millions d’hommes, de femmes  et d’enfants privés d’eau et de nourritures, bombardés nuits et jours, probablement contaminés durablement par l’utilisation d’uranium appauvri. Cette guerre horrible ne fait qu’encourager la spirale de la haine, elle souille et déshonore l’être humain et la terre. Se battre pour la justice c’est aussi se battre contre la guerre, c’est se battre pour la dignité de l’être humain. Il nous faut continuer à refuser cette course à la mort et opposer à l’arrogance et au discours délirant des fauteurs de guerre une conscience planétaire. Hier soir, ici à Meyrin, sur la place des Cinq-Continents, une centaine de jeunes Meyrinois ont réaffirmé leur colère contre la guerre et leur engagement pour la paix. Cet après-midi d’autres jeunes clameront à Genève leur colère contre un ordre mondial qui accroît le fossé entre les nantis et les peuples du Sud. En joignant, ce matin, nos voix à ces cris de colère, nous opposons à ceux qui cherchent à nous plonger dans l’impuissance et la résignation un message d’espoir : Tous ensemble, de par le monde, nous élevons nos voix pour un autre monde, et la colère qui s’élève de partout contre l’injustice est plus que la simple condamnation de cette injustice, c’est une colère durable qui nécessite courage. force et persévérance. Des rassemblements comme celui d’aujourd’hui au Jardin des disparus contribuent aussi à nous redonner cette force nécessaire.

    Je terminerai par remercier la commune de Meyrin qui, à notre demande, à apposer ce panneau explicatif à ma droite que nous inaugurons également aujourd’hui. Il permettra au promeneur de s’approprier ce lieu de mémoire, de rassemblement et de colère et de pouvoir ainsi, en connaissance de cause, y apporter son témoignage de solidarité.

  • Lac ou tranchée, le peuple tranchera, février 2003

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  • L'avenir du Cosmos toujours incertain, décembre 2002

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  • Discours au Jardin des disparus en mémoire de Bruno Manser, 6 octobre 2002

    Monsieur le Conseiller d’Etat,
    Messieurs les Députés du Grand Conseil,
    Mesdames et Messieurs les Conseillères et Conseillers municipaux,
    Chère famille et amis de Bruno Manser,
    Mesdames, Messieurs, chers amis,

    Nous commémorons aujourd’hui plusieurs anniversaires. Ces commémorations ne sont pas source de joie, même si le fait d’être réunis ensemble aujourd’hui nous donne force et courage. Les questions qui nous torturent, pour certains depuis 29 ans déjà, n’ont toujours pas trouvé de réponses : Où sont-ils ? Que leur est-il exactement arrivé ? Qui sont ceux qui les ont fait disparaître ? Et pourquoi ?

    Il y a 20 ans, le 27 mai exactement, se tenait à Genève la première manifestation silencieuse pour les disparus d’Amérique latine, devant les bureaux de la Compagnie aérienne Aerolineas Argentinas à l’avenue Chantepoulet, soutenue par une trentaine d’organisations engagée dans la défense des Droits de l’Homme. Ces organisations s’étaient rassemblées dans un collectif dont le nom était en même temps un engagement. « Jusqu’à ce qu’on les retrouve » Et pendant dix ans, chaque dernier jeudi du mois, parfois jusqu’à 300 personnes se sont réunis et ont défilé en silence, à l’image des Mères et des Grands-Mères de la Place de Mai en Argentine. Parmi nous aujourd’hui, il y a plusieurs personnes qui ont participé activement à ces manifestations mensuelles. Il y a 20 ans également, les députés genevois du Conseil national plaidaient en faveur de la création d’une Commission parlementaire fédérale qui aurait été dépêchée en Argentine pour enquêter sur les disparus suisses ou d’origine suisse. En 1992, le collectif « Jusqu’à ce qu’on les retrouve » a interrompu ses manifestations. Les Nations Unies venaient d’adopter une première déclaration qui considérait les disparitions forcées de personnes comme un crime contre l’humanité, un crime qui pourrait donc être jugé en tous lieux et en tout temps. Dès lors, il est apparu au collectif, qui s’essoufflait un peu après plus de 120 manifestations, que les efforts devaient désormais se situer ailleurs.
    Cette lueur d’espoir d’il y a 10 ans, n’a malheureusement pas abouti encore à des effets très concrets. Pour que les intentions d’une déclaration devienne contraignante, celle-ci doit être suivie d’une convention ratifiée par un certain nombre de pays. Or depuis 10 ans, nous avons vécu beaucoup de déceptions. Non seulement les travaux des commissions onusiennes sur la disparition piétinent, mais ce qui, il y a 20 ans, semblait être une pratique criminelle des dictatures latino-américaines, s’est répandu depuis à d’autres continents. Ce système de terreur, déjà pratiqué par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale et systématiquement repris par les dictatures en Amérique Latine dans les années 70 et 80, s’est désormais répandu en Afrique, comme en Algérie, au Sahara occidental, au Rwanda etc., en Asie, comme en Turquie, au Philippines, au Sri Lanka etc., et même en Europe, en Bosnie et au Kosovo notamment. C’est pourquoi, il y a deux ans, un nouveau collectif s’est créé, l‘Association Jardin des disparus regroupant des associations de familles de disparus de tous les continents, pour créer avec les autorités meyrinoises, ici même, le « Jardin des disparus », lieu de mémoire et d’engagement pour que l’oubli ne s’installe pas, pour qu’un jour ces pratiques cessent. Mais tant que la disparition forcées de personnes restera impunie, il y aura toujours des pouvoirs qui seront tentés d’y avoir recours.
    Ou, comme le dit le célèbre écrivain uruguayen Eduardo Galeano
    « Pour que l’histoire ne se répète pas, il faut sans cesse la remémorer, l’impunité qui récompense le délit encourage le délinquant. Et lorsque le délinquant, c’est l’Etat, qui viole, vole, torture et tue sans rendre de comptes à personne, alors il donne lui-même le feu vert à la société entière pour violer, voler, torturer et tuer. Et la démocratie en paie, à longue ou courte échéances, les conséquences. »

    C’est pourquoi sur la stèle que nous avons inauguré ensemble le 7 octobre 2000, nous avons inscrit : « En mémoire de toutes les personnes disparues, nous demandons vérité et justice ». A cette occasion, nous avons également planté 5 arbres, un de chaque continent, avec de la terre qui provenait des différentes régions où des femmes et des hommes ont été enlevés un jour pour s’être battus pour la justice la liberté et les droits humains. Cette terre nous l’avons mélangée dans un grand drap blanc que vous voyez ici, car dans le jardin des disparus, il n’existe plus qu’une seul terre, une terre de paix, de justice et de liberté. Plusieurs personnes ont alors inscrit un message ou simplement leur nom sur ce drap, mais il reste de la place et nous souhaitons donner l’occasion à celles et ceux qui nous ont rejoints aujourd’hui d’y rajouter leur message.

    L’an dernier, nous avons également organisé une cérémonie, tous ensemble, au Jardin des disparus. C’était le 31 mars. Madame Estella de Carlotto, Présidente de Grands-Mères de la Place de Mai, nous avait fait l’honneur de sa présence. Nous avons une pensée émue pour elle aujourd’hui et lui exprimons toute notre solidarité. Madame de Carlotto  a échappé miraculeusement à un attentat il y a quelques jours. Des balles ont été tirées depuis l’extérieur dans son salon qu’elle venait de quitter. Cela démontre que les responsables des 30'000 disparus en Argentine ne demande pas seulement l’amnistie, ce qu’ils ont largement obtenu, mais exige également l’amnésie, l’oubli. Or, tant que des femmes comme Estella de Carlotto continueront à se battre pour la vérité et la justice, les auteurs des crimes contre l’humanité seront toujours inquiétés. En notre qualité de citoyennes et citoyens de cette terre, nous nous devons de continuer à les inquiéter, car comme le disait Estella de Carlotto ici même, « la vérité et la justice apporteront la liberté. ».

    Pour conclure, j’aimerais au nom de l’Association Jardin des disparus à nouveau remercier les autorités meyrinoises et cantonales pour leur soutien et leur engagement. Et j’aimerais également, remercier la famille et les amis de Bruno Manser de s’être associés aujourd’hui à notre cérémonie. J’aimerais qu’ils ressentent notre solidarité, nous, familles de disparus, qui partageons leur même souffrance, leurs mêmes inquiétudes, leurs mêmes interrogations. Bruno est un des nôtres. Son combat pour préserver la forêt tropicale, espace vital des peuples nomades, comme les Penans, son combat pour préserver un poumon vital pour la survie de notre planète est un combat pour permettre qu’un jour tous les êtres humains vivent en paix et en liberté et ne se livrent pas de guerres pour s’arracher les dernières ressources de la terre, Nos enfants, nos frères et sœurs, nos maris et femmes, nos parents qui ont disparu se battait pour le même idéal.

    Pierre-Alain Tschudi, 6 octobre 2002

  • Les Aînés de Meyrin prennent la parole, octobre 2002

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  • Meyrin ouvre son coeur à Expo 07, septembre 2002

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  • Démocratiser la démocratie pour redonner le goût de la politique, mai 2002

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  • Alain Foehn, une volonté d'apprendre et de s'engager dans la vie de la cité, février 2002

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  • Contre l'indifférence, réfléchir, agir et décider ensemble, février 2001

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  • Discours en faveur du droit de vote des étrangers, 14 janvier 1997

    Prise de position de Pierre-Alain Tschudi au nom des Verts concernant le droit de vote et d'éligibilité des étrangers au niveau communal (Extraits) :

    J'aimerais en tant que cosignataire de la résolution et au nom des Verts, prendre en considération les réticences qui ont été exprimées en commission et que Janine Sobczak a rappelées dans son rapport. Comme il y avait plusieurs types de réticences, cela va prendre un certain temps. […]

    En commission, certains se sont demandé si le moment d'adopter une telle résolution était vraiment bien choisi. C'est une question que nous nous sommes aussi posée. Et à ce propos, j'ai fait un rêve la nuit dernière :

    Le Conseil municipal avait adopté à l'unanimité la résolution. Il ne s'était pas posé la question de l'opportunité. Mais il avait réfléchi comment aborder dans les meilleures conditions possibles- et ce en dépit des difficultés économiques - l'avenir de Meyrin et il avait constaté l'importance de faire participer tout le monde. Il serait bon - avaient souligné les conseillers municipaux de Meyrin - que les résidents installés depuis un certain temps en Suisse aient non seulement des obligations (impôts, école obligatoire, respect des lois), mais également des droits qui favorisent leur intégration et leur sentiment d'appartenance à cette ville commune, la commune de Meyrin. La presse avait repris ces propos. Un débat s'était  alors engagé dans le canton. Dans d'autres communes, à l'initiative soit  du Parlement des Jeunes soit de quelques conseillers municipaux, des résolutions similaires avaient été adoptées. Des groupes de jeunes avaient alors invité et interpellé des députés du Grand Conseil dans le cadre de civiq' cafés ou autres réunions. Ces rencontres faisaient régulièrement l'objet d'articles dans la presse et suscitaient parfois la réaction de lecteurs. Les conseillers municipaux meyrinois n'étaient pas restés inactifs. Ils avaient longuement discuté avec les députés de leurs partis respectifs et participé à des débats publics. Ce qui quelques mois plutôt paraissait impensable s'est alors produit lors du débat au Grand Conseil : On savait bien sûr que les Verts, l'AdG et la majorité des socialistes étaient favorables à la résolution meyrinoise. Ce ne sont donc pas eux qui ont créé la surprise, mais les députés de l'Entente : Des députés libéraux  se sont écriés qu'il fallait que ce climat de pessimisme cesse, qu'il fallait oser innover, revigorer un système parlementaire lui-même en crise. Ils ont ajouté qu'il fallait l'apport et l'intelligence de tous, y compris des étrangers, pour que Genève gagne, que Genève faisait régulièrement appel à des étrangers comme Arthur Andersen par exemple, pour ne pas le nommer. Un démocrate-chrétien invita ensuite ses collègues députés à ne pas répéter les erreurs du passé et  il rappela que lors d'un vote populaire jadis les Genevois avaient refusé le droit de vote aux catholiques les considérant inadaptés au mode de vie genevois. Un seul député libéral en revanche s'opposa à cette idée de modifier la constitution genevoise. Est-ce que nos Suisses de l'étranger ont le droit de vote eux ? s'écria-t-il. Ceux qui souhaitent avoir des droits politiques n'ont qu'à adopter la nationalité suisse. Un Vert allait lui répondre, mais un député radical le devança en exhortant le libéral de cesser de s'accrocher à la nationalité suisse comme à une assurance-vie et il conclut en citant de mémoire, mais sans la moindre faute, les propos toujours actuels de James Fazy : «Notre véritable nationalité, c'est d'être sans cesse en avant ; c'est ce qui a distingué Genève, c'est ce qui la distinguera encore. » Après de tels propos, nul ne s'étonne que le Grand Conseil à une écrasante majorité accepta le projet de modification de la constitution. La Tribune de Genève, le Courrier et le Journal de Genève toujours à l'affût de grandes causes parlèrent  d'un nouvel «esprit de Genève». Et c'est avec confiance et non sans fierté que les Genevois adoptèrent la modification de la constitution. A Meyrin, les résultats furent accueillis par une grande fête spontanée sur la place des Cinq-Continents. Meyrin, fière d'avoir été à l'initiative d'une évolution des mentalités qui paraissait  encore  impensable début 1997, fut la première commune du canton à accorder le droit de vote et d'éligibilité aux étrangers.

    C'est là que le réveil a sonné. Dans un rêve, il est difficile de mesurer le temps. Au réveil, certains détails du rêve vous échappent. Impossible de vous dire si tout s'est passé aussi facilement et combien de temps cela a duré. Une chose pourtant est claire : Le moment déclenchant fut l'adoption de la dite résolution par le Conseil municipal de Meyrin le 14 janvier 1997, alors qu'il semblait que le moment était inopportun. Un climat de morosité, de frilosité, de repli égoïste régnait alors. Il est difficile de prédire si le rêve deviendra réalité. Par contre ce que le rêve révèle : C'est nous qui  créons le moment opportun, si nous le voulons bien.

    Certains diront, oui mais les rêveurs solitaires oublient que les citoyens ont clairement exprimé leur opposition au droit de vote des étrangers. Ne sommes-nous pas tenus de respecter cette volonté populaire? D'abord précisons que nous n'avons pas voté pour un droit de vote et d'éligibilité se limitant au niveau communal. Ensuite, il  serait dangereux d'attribuer à nos concitoyens une pensée unique et figée. Ils attendent des responsables politiques des propositions politiques nouvelles. Les politiciens sont  souvent discrédités parce qu'un grand nombre d'entre eux préfèrent consulter les sondages d'opinion pour savoir ce qu'ils vont ensuite s'autoriser de penser, comme disait Coluche. Être démocrate ce n'est pas refléter fidèlement ce que la majorité pense à un moment donné, c'est faire des propositions intelligentes, les débattre ouvertement et puis les soumettre à un verdict populaire. Nous nous sentons responsables de notre commune, donc nous réfléchissons à des solutions qui, selon nos convictions, favorisent le bien-être, l'harmonie, la convivialité, la qualité de vie des habitants de notre commune. Et pour ce faire, nous pensons judicieux de faire participer le plus grand nombre d'habitants pour construire l'avenir avec eux.  Je vous rappelle que c'est bien grâce à l'acharnement de quelques-unes et aussi de quelques-uns, et ce en dépit de moultes échecs,  que les femmes ont obtenu, après plus de 60 votations cantonales et fédérales, le droit de vote et d'éligibilité.  Si les femmes s'étaient contentées d'attendre sans bouger que les hommes suisses soient majoritairement disposés à leur accorder des droits politiques, elles attendraient probablement encore. Hier, c'était le droit de vote des femmes qui divisaient les Suisses, aujourd'hui c'est le droit de vote des étrangers, demain ce sera autre chose et nos petits-enfants seront étonnés que nous ayons eu  un jour à nous battre pour le droit de vote des étrangers. Adopter une attitude démocratique, être mû par un idéal démocratique, c'est précisément aspirer à l'engagement civique de tous les habitants de Meyrin et de se battre dans ce sens. Notre rôle politique, à notre modeste échelle, c'est certainement d'écouter ce que les gens disent et pensent, mais ce n'est pas  forcément de penser ce que les gens disent. Si les sondages d'opinion devaient demain dicter les conduites politiques, ce serait alors la fin de la démocratie.

    Certains disent que les étrangers n'ont qu'à devenir suisses, s'ils veulent obtenir des droits politiques. Nous ne sommes pas opposés à ce qu'on facilite la naturalisation de ceux qui désirent obtenir la nationalité suisse. Mais devenir suisse est dans l'esprit de la majorité des gens l’aboutissement d'une intégration qui va bien au-delà d'une intégration dans une commune. Je m'explique : De nombreux habitants de cette cité ont développé au cours des années un sentiment d'appartenance à Meyrin, grâce aux amitiés qu'ils s'y sont fait, grâce à leur participation à la riche vie associative de cette commune, grâce aux fêtes qui réunissent régulièrement les habitants de la commune y compris la fête du 1er août. Ils sont Meyrinois, ils sont de culture meyrinoise, étant entendu que la culture meyrinoise, et personne ne nous contredira dans cette commune fière de ses 110 nationalités, est une culture métissée. En revanche, ils ne sont pas obligatoirement Suisses ou ne se sentent pas obligatoirement de culture suisse, qu'ils auraient comme nous bien du mal à définir d'ailleurs. Ils sont Meyrinois et Suisses, Meyrinois et Russes, Meyrinois et Argentins, Meyrinois et Erythréens, Meyrinois et Français.  Mais quelque chose les sépare : Les uns ont le droit de participer à la vie politique institutionnelle de cette commune et les autres pas. C'est une discrimination inutile et injuste qui porte préjudice à notre vie communale. Près de la moitié des habitants sont exclus de certains débats et de certaines prises de décisions alors qu'elles les concernent au même titre que les autres et qu'ils vont également devoir participer à l'effort financier nécessaire à leur réalisation. Il n'y a donc rien de naturel, ni de logique à ce que les uns aient le droit de vote et d'éligibilité et les autres pas. Rien ne nous empêche par conséquent de proposer les modifications politiques qui paraissent aujourd'hui mieux correspondre à la réalité d'une commune comme la nôtre sans poser l'exigence préalable d'une naturalisation qui peut légitimement poser problème à nos concitoyens étrangers. Je rappelle quand même qu'on est «naturalisé» Suisse, ce qui suppose pour ceux qui prêtent attention au mot «naturalisation» un changement de nature, donc un sacré «lifting». Poser une exigence aussi élevée, ce n'est pas chercher à faciliter l'intégration des étrangers dans notre commune par l'égalité et l'engagement civique.  C'est un peu comme si l'on disait que pour être conseiller municipal à Meyrin, il fallait d'abord devenir conseiller national. On peut très bien, connaître parfaitement sa commune, mais très mal la Suisse. Il y en a  ici qui n'oseront pas me contredire.

    Le fond du problème ou, en d'autres termes, ce qui nous divise probablement ce soir, c'est la question suivante : Est-ce que le droit de vote est un facteur d'intégration ou la récompense pour une intégration réussie ? Faut-il plutôt avoir toutes les garanties d'une intégration réussie pour accorder le droit de vote ou vaut-il mieux considérer que le droit de vote est un instrument qui favorise l'appartenance à la commune et qu'il est par conséquent un facteur d'intégration ? La Commission des communautés européennes du 24 juin 88 est formelle : «Il n'est pas de meilleure intégration que de permettre de participer à la désignation des organes municipaux ». Je pense d'ailleurs qu'on peut également rajouter que c'est un facteur de renforcement de la vie démocratique en général. Car on peut aisément imaginer que, lorsque tous les habitants seront appelés à participer à des élections ou  à un vote, ces moments de la vie démocratique susciteront plus de débats dans les cafés et  immeubles de la cité qu'aujourd'hui et qu'en conséquence le taux d'abstentionnisme baissera.

    (...)

    Voir: version complète et texte de la résolution